Comme à son habitude, Bernard Werber prévoit de sortir un livre début octobre.
Pour la deuxième fois, ce sera un recueil de nouvelles.
Après L'arbre des possibles et autres nouvelles sorti en 2002, ce Paradis sur mesure comprendrait 17 nouvelles structurées en deux parties: Passés probables (quatre nouvelles autobiographiques relatant notamment une enquête de Werber lorsqu'il travaillait à la Voix du Nord) et Futurs probables, 13 nouvelles imaginées autour de mondes inventés (monde sans pétrole, monde peuplé que de femmes, etc.).
Tout cela est au conditionnel car Werber déclarait sur son blog le 6 août que tout avait encore changé (ordre des nouvelles, titre de l'ouvrage et couverture, pour l'instant inconnue - ces dernières informations datant du 17 août, elles semblent néanmoins assez fiables).
J'ai eu plusieurs fois l'occasion de parler ici des œuvres de Bernard Werber (n'ayant pas encore eu la chance de rencontrer l'homme) et vous avez pu lire les critiques que je formulais, cependant mêlées d'une certaine admiration.
Cette admiration n'est je pense aucunement liée au volume d'œuvres qu'il a pu vendre. C'est certes beaucoup mais il y a aussi des torchons qui se vendent en masse. Ce n'est donc pas pour moi un critère fiable de qualité.
Je pense cependant que Bernard Werber a su (à défaut peut-être de savoir encore...) mettre en place une réflexion différente sur des problématiques existentielles (d'où venons nous ? Où allons nous ?) tout comme sur des idées et situations du quotidien.
Ces questions profondes ou moins profondes, à défaut d'obtenir des réponses crédibles sont abordées d'un point de vu séduisant et qui donne à réfléchir. C'est finalement ce qui m'intéresse le plus chez Werber.
Interview de Bernard Werber, France Inter, 17 août 2008, Dis tu mets quoi dans ta valise
Bernard Werber a montré dans ses quatre derniers ouvrages qu'il ne se renouvelait plus. Les termes abordés sont très très récurrents, comme la structure de ses romans. Les idées nouvelles sont ressorties comme telles dans chaque volume (il faudra peut-être que nous prenions le temps d'étudier le sens du mot nouveau)
Pire, il déforme considérablement une certaine réalité pour sous-entendre des thèses absolument pas argumentées (j'ai eu l'occasion d'en parler longuement ici, et un homme dromadaire y a d'ailleurs répondu ici, éclairage intéressant).
Pire encore (et il est intéressant d'entendre Werber utiliser le mot pathologie à son propos, écouter l'interview plus haut), il se victimise à outrance, écartant du revers de la manche toute critique de par le simple fait qu'il est différent et que de ce fait, personne ne peut le comprendre et donc lui faire le moindre reproche. D'ailleurs, "[ses] lecteurs le suivent", c'est qu'il a raison ! Quelle malhonnêteté intellectuelle !
Pire enfin, il se croit investi d'une mission qui consisterait à réveiller le monde, à initier un nouveau courant littéraire et un nouveau mode de pensée, et de ce fait ne se remet plus en question. Comme disait Edmond Wells, l'un de ses personnages: "Toi et moi contre les imbéciles !"
Vous me direz: que de critiques avant même d'avoir lu le nouveau livre.
Mais j'ai néanmoins bon espoir. Disons que j'ai envie d'y croire.
J'ai envie de retrouver l'originalité qui me plaisait dans les Fourmis, la pointe d'inconnu et d'aventure des Thanatonautes, la folie de la Reine de Nacre ou d'Exit, la variété de l'Arbre des possibles.
Bref, j'ai envie de relire du bon Werber.
Du Werber qui écrit pour ses lecteurs, honnêtement, et non pas, quoi qu'il en dise, pour se justifier via ses livres envers les critiques qu'il dénigre tant par ailleurs.
J'ai envie de bien débuter ce mois d'octobre 2008.
J'ose croire que le format choisi mènera à cela.
Sinon, peut-être le Paradis sur mesure sera-t-il mon dernier Werber...
Qui lira verra !