Paru dans le cadre de la rentrée littéraires « Les Escales », « Accrochages » de Charlotte Mendelson a fait pas mal de bruit puisqu’il a, notamment, été élu « meilleur roman de l’année » par The Times. J’avais donc hâte de le découvrir, d’autant que sa quatrième de couverture m’intriguait beaucoup en mettant à l’honneur une famille d’artistes au bord de l’implosion à l’approche d’une exposition très attendue.
Malheureusement, la sauce n’a pas vraiment prise en ce qui me concerne, je vous explique pourquoi.
Le livre : « Accrochages » (ici)
Crédit photo : L&T
L’auteure : Charlotte Jane Mendelson est une romancière anglaise. Après avoir travaillé chez un éditeur, elle publie son premier roman, « Love in Idleness », à 29 ans, un livre écrit pendant ses pauses déjeuner. Charlotte Mendelson est également professeur invitée d’écriture créative au Royal Holloway de l’Université de Londres depuis 2017 et écrit pour The New Yorker depuis la même année. Elle devient membre de la Royal Society of Literature en 2018.
Le résumé : « La famille Hanrahan est menée d’une main de fer par Ray, le patriarche, artiste convaincu de son propre génie dans un monde qui ne l’attend plus. Depuis, il est confit dans son insociabilité et son amertume. Mais Ray compte bien revenir sur le devant de la scène et prépare, ou plutôt délègue, l’organisation d’une exposition à sa gloire. Toute la famille est mise à contribution. Ses trois enfants, Leah, la préférée, Patrick, le grand sensible, et la très tourmentée Jess, se rassemblent pour l’occasion. Et puis il y a Lucia, leur mère. Elle aussi artiste, qui a toujours dû mettre sa carrière de côté pour ne pas risquer de prendre la lumière au détriment de Ray. Pourtant, alors que la tension monte à l’approche du vernissage, il devient évident qu’elle ne pourra pas continuer à se cacher très longtemps. Ni à elle-même, ni aux autres ».
Mon avis : Dans ce roman, on découvre la famille Hanrahan, une famille d’artistes clairement dysfonctionnelle. En effet, on comprend dès les premières pages que le patriarche, Ray, mène son petit monde à la baguette ; s’érigeant en figure masculiniste tout à fait détestable. Caricature de l’artiste fini (et raté), il ne supporte pas le succès de sa femme, Lucia – une sculptrice de talent – qui fût, par le passé, son étudiante.
Acceptant mal de ne pas être dans la lumière, Ray décide de programmer une exposition qui devrait signer son grand retour sur la scène artistique londonienne. Et pour l’organiser, toute la famille doit se plier à ses exigences (invitations, traiteur, accrochage, etc…). Ray ne s’occupe que de son art (vraiment ?)
Tandis que son aînée, Leah, cède à toutes les folies de « son petit papa » sans broncher, on comprend que sa cadette, Jess, son beau-fils, Patrick, et sa femme sont, eux, en fin de course. Psychologiquement perturbés par tout ce que Ray leur fait subir depuis des années. Ils nourrissent des envies d’émancipation (via l’amour, le travail, leurs projets et ambitions personnels) sans oser en parler à Ray.
Mais à l’approche de cette exposition, qui semble bien être la goutte d’eau de trop dans un vase déjà bien rempli, ils ont de plus en plus de mal à se contenir. On sent, alors, la pression monter à la façon d’une cocotte-minute à deux doigts d’exploser.
J’ai été tenue par cette tension qui monte crescendo pendant une partie du roman, m’attendant à une catharsis jubilatoire. Sauf que rien ne vient (ou seulement à demi) et le tout retombe donc comme un soufflé.
J’ai été vraiment déçue que ce tyran de Ray ne soit pas remis à sa place une bonne fois pour toute. Les membres de la famille sont tout à fait passifs et laissent Ray (et, plus généralement, les autres) décider de leur vie, si bien qu’à un moment on a juste envie de les secouer.
Ce manque d’empathie pour les personnages m’a, globalement, dérangée. En revanche, je dois reconnaitre que le style de Charlotte Mendelson est évocateur et empreint d’une grande dramaturgie, ce qui me fait dire que ce roman se porterait bien sur une scène de théâtre.
Vous l’aurez compris, j’en attendais beaucoup plus d’ « Accrochages » et j’ai été frustrée par la tournure des évènements et la perte de rythme après l’exposition de Ray, que j’imaginais pourtant comme un point de non-retour bien plus exubérant.
Vous aviez entendu parler de ce roman ? Avez-vous eu des coups de cœur au cours de la rentrée littéraire?