La grève des enseignants qui paralyse l’école publique camerounaise depuis plusieurs semaines continue de faire débat. Selon l’expert financier Dr Yotcha Olivier, des solutions existent pour sortir de l’impasse, à commencer par un emprunt obligataire spécial. Analyse.
La crise actuelle trouve ses origines dans l’accumulation par l’État d’importantes dettes envers les enseignants camerounais, notamment au titre des rappels d’avancements de salaires et d’autres avantages. Le gouvernement reconnaît ne pas disposer de la trésorerie pour apurer cette dette, qui atteindrait 181 milliards de FCFA.
Des arriérés depuis 1980, un problème de gouvernance
D’après Dr Yotcha Olivier, le fait que certains enseignants attendent le paiement d’arriérés depuis 1980 révèle un problème profond de programmation budgétaire des salaires des fonctionnaires de l’éducation.
Cette situation empire d’année en année et a fini par provoquer la plus longue grève du secteur. Face à cette crise sociale, l’expert propose plusieurs pistes pour permettre à l’État camerounais de trouver une solution financière.
L’emprunt obligataire, solution recommandée
La principale proposition de Dr Yotcha Olivier consiste à émettre un emprunt obligataire spécial de 181 milliards de FCFA auprès du public camerounais. Selon lui, cet emprunt porterait un taux d’intérêt de 6,5% et permettrait de lever des fonds pour apurer la dette envers les enseignants grévistes.
En sollicitant ainsi l’épargne intérieure, l’État bénéficierait de conditions plus avantageuses que sur les marchés financiers internationaux, compte tenu de la dégradation de la note souveraine du Cameroun.
Un impact positif sur le pouvoir d’achat
Souscrire à cet emprunt constituerait également un placement rémunérateur pour les épargnants camerounais. Les intérêts perçus leur procureraient un supplément de revenus et amélioreraient leur pouvoir d’achat, d’après l’analyste.
En injectant cet argent dans l’économie nationale, l’emprunt obligataire spécial enseignants aurait même un effet d’entraînement bénéfique. Il permettrait de relancer la consommation intérieure.
Vers une gestion plus efficace des ressources humaines
Au-delà du déblocage immédiat de la situation, Dr Yotcha Olivier appelle à des réformes structurelles pour éviter qu’une telle crise ne se reproduise. Il préconise notamment une harmonisation des recrutements d’enseignants et une meilleure programmation budgétaire.
L’expert suggère également que les lettres d’orientation budgétaire du gouvernement prennent davantage en compte les situations conjoncturelles à corriger, comme l’apurement de dettes vis-à-vis des fonctionnaires.
Sortir de l’impasse grâce au dialogue
En conclusion, le Dr Yotcha Olivier estime que des solutions existent pour permettre à l’État camerounais d’honorer ses engagements envers les enseignants grévistes, à condition de faire preuve de volonté politique et d’ouverture.
L’emprunt obligataire qu’il propose mérite d’être étudié sérieusement, d’autant qu’il aurait des retombées économiques positives. Reste à espérer que les parties engagées dans ce bras de fer acceptent de privilégier le dialogue pour sortir de l’impasse.