Historiquement, le centre névralgique de l'informatique bancaire est matérialisé par son « cœur », le composant générique assurant la tenue de comptes (et, selon les interprétations, quelques fonctions périphériques). Aujourd'hui, avec la multiplication des canaux d'interaction, les considérations d'intégration prennent le dessus.
Pour comprendre l'évolution, il faut d'abord remonter aux origines. Les premières applications introduites dans l'industrie financière visaient à remplacer les pratiques manuscrites ancestrales de gestion des livres de comptes, pour plus d'efficacité, de rapidité et de fiabilité. Évidemment critique pour le fonctionnement de l'entreprise, comme son ancêtre sur papier, ce premier élément logiciel est aussi devenu, tout naturellement, le point de concentration de toutes les extensions ultérieures.
Si son importance systémique n'a certes pas diminué, la transformation profonde de l'industrie a déplacé les enjeux stratégiques. Le « core banking » s'est banalisé avec l'industrialisation de la technologie et les exigences de robustesse et d'infaillibilité auxquelles il doit répondre sont désormais maîtrisées, tandis que les priorités portent maintenant sur la « centricité client » – qui, pour certains, justifie de positionner la plate-forme de CRM en pivot des activités – et sur les problématiques de connectivité.
En effet, la construction des systèmes d'information par ajouts successifs de fonctions a conduit à une explosion des dépendances entre ses briques élémentaires (en particulier, mais pas uniquement, le cœur), à laquelle s'ajoute depuis plusieurs années l'ouverture vers de nouveaux modes de distribution (web, mobile, embarqué, par API…), qui renchérit l'inextricabilité des interfaces et renforce l'immobilisme, quand le moindre changement a des répercussions considérables et souvent incontrôlées.
Afin d'éliminer ce nœud de sclérose… et de soulager les équipes qui (heureusement) essaient elles-mêmes d'en venir à bout grâce à la mise en place de solutions d'intégration ad hoc, hélas complexes à implémenter et à maintenir, l'éditeur spécialisé Backbase a conçu et développé Grand Central, une sorte de plaque tournante universelle destinée à accueillir tous les besoins d'interaction entre les différents modules de la banque, qu'ils soient propriétaires ou issus d'offres du marché.
Dans cette perspective, le dispositif s'appuie sur les standards existants, dont notamment, en ce qui concerne les interfaces, sous forme d'API, les architectures de référence du réseau BIAN, qui autorisent un langage commun et facilitent ainsi les échanges. Nonobstant les nombreux fournisseurs ayant adopté ces modèles, dont les produits sont donc nativement interopérables, Grand Central inclut également des capacités de communication pré-câblées avec les outils les plus populaires.
Si la nouvelle plate-forme de Backbase tient ses promesses, ce qui reste à valider tant elles sont ambitieuses, ses bénéfices ne se limiteront pas à la réduction de la complexité et l'augmentation de la flexibilité du patrimoine informatique énoncées dans l'annonce officielle. En le structurant autour de normes d'intégration, qui permettraient, idéalement, de remplacer chaque composant en toute indépendance des autres, elle efface la notion de cœur, avec ses contraintes, et laisse place à un système nerveux distribué.