Attentats d'Arras et de Bruxelles : tirs groupés contre les insoumis

Publié le 18 octobre 2023 par Sylvainrakotoarison

" Je veux rendre hommage enfin aux victimes des attentats barbares qui ont frappé Israël, des attentats terroristes commis par un groupe terroriste, le Hamas. (...) Pour vous, ce ne sont pas des actes terroristes. Pour moi, vous vous excluez du champ républicain ! " (Élisabeth Borne, le 17 octobre 2023 dans l'hémicycle).

Ces derniers jours, la France, l'Europe et Israël ont été durement touchés par le retour du terrorisme islamiste qui n'avait jamais disparu. Le massacre des civils commis par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023 a marqué le temps et l'espace par plus de 1 200 personnes tuées et 3 400 personnes blessées, et à ceux-là s'ajoutent les victimes de la riposte israélienne à Gaza qui a fait déjà plus de 3 500 victimes pour la plupart civiles également. Le 13 octobre 2023, la France est en deuil avec l'assassinat de Dominique Bernard, professeur de français au lycée Gambetta d'Arras, commis par un terroriste islamiste. Le 16 octobre 2023, Bruxelles est de nouveau le lieu d'un nouvel attentat islamiste qui a fait deux victimes de nationalité suédoise. Dans le massacre par le Hamas, la France est elle-même endeuillée par la mort de désormais 21 Français et 11 disparitions.
La séance des questions au gouvernement était importante ce mardi 17 octobre 2023 à l'Assemblée Nationale à Paris parce qu'elle permettait de mettre des mots aux horreurs connues depuis vendredi. Une minute de silence a été rendue en hommage aux victimes des attentats d'Arras et de Bruxelles. Du perchoir, Yaël Braun-Pivet a effectivement déclaré : " Plus encore qu'un crime, une profanation a été commise à Arras. Car, en France, l'école est sacrée. Elle est le sanctuaire du savoir, au sein duquel se forme la nation. S'attaquer à l'école à travers un professeur revient à défier notre République tout entière, notre modèle humaniste de société, celui que nous défendrons toujours. (...) Il me paraît important, indispensable même, que la représentation nationale rende à son tour hommage à Dominique Bernard et à Samuel Paty. Je souhaite également que nous exprimions notre solidarité à nos amis belges et suédois, durement frappés hier à leur tour par le terrorisme islamiste. Pour nos deux professeurs, pour toutes les victimes du terrorisme en Europe et ailleurs, je vous demande donc de bien vouloir observer une minute de silence. ".

La Première Ministre Élisabeth Borne, qui avait décerné le Prix Samuel-Paty le 14 octobre 2023, lui a assuré : " À tous les enseignants de France, à tous les élèves, à tous les parents et à tous ceux qui sont attachés à nos valeurs républicaines, je le dis : nous ne renoncerons pas. Nous ne renoncerons pas à faire vivre la transmission des savoirs, le débat d'idées et la liberté de pensée. Nous ne renoncerons pas à former notre jeunesse, à lui montrer le cap de la République et de la citoyenneté. Nous ne renoncerons pas à porter nos valeurs et à défendre la cohésion nationale. La France et la République sont debout. Si nous sommes unis, personne ne peut nous faire ployer ! ".

Dès la première question, le sujet portait évidemment sur l'assassinat de Dominique Bernard, tant ce nouvel attentat a ému la représentation nationale. Cette séance était d'ailleurs consacrée presque exclusivement au terrorisme islamiste. C'est Martine Panot, la présidente du groupe FI à l'Assemblée Nationale, qui a commencé en évoquant " l'acte terroriste qui a ôté la vie à Samuel Paty ", ce qui a étonné plus d'un député qui ne s'attendaient plus à entendre le mot "terroriste" de la bouche d'un élu insoumis.

Donneuse de leçon, Mathilde Panot a demandé de recruter encore et encore dans l'Éducation nationale : " Comme le demandent les enseignants, recruterez-vous les personnels essentiels à l'encadrement des élèves et... " (le micro a été coupé car l'oratrice a dépassé son temps de parole).
C'est Élisabeth Borne elle-même qui a proposé la réponse à la mélenchoniste et a ciblé sur la polémique provoquée par les insoumis la semaine dernière : " Je veux rendre hommage enfin aux victimes des attentats barbares qui ont frappé Israël, des attentats terroristes commis par un groupe terroriste, le Hamas. Un groupe que vous refusez de qualifier comme tel, un groupe que certains parmi vous ont même osé qualifier de " mouvement de résistance" ! Depuis le 7 octobre, les voix de la France insoumise manquent à la condamnation unanime de la barbarie terroriste et à l'unité nationale. Vous avez tenté de justifier vos ambiguïtés, mais la réalité est apparue ce matin au grand jour. La justice est saisie, elle tranchera. En entendant ces propos, je pense aux jeunes tués lors d'une fête techno, aux massacres des kibboutz de Berri et de Kfar Aza, aux femmes, aux hommes, aux personnes âgées et aux enfants enlevés par le Hamas... Pour vous, ce ne sont pas des actes terroristes. Pour moi, vous vous excluez du champ républicain ! ". Et tous les députés sauf ceux de la Nupes se sont levés pour applaudir et approuver longuement la Première Ministre.
L'orateur suivant était un représentant du MoDem, Olivier Falorni, ancien premier secrétaire du PS de la Charente-Maritime, ancien maire de La Rochelle, celui qui avait vaincu Ségolène Royal aux législatives de juin 2012. Lui aussi a attaqué avec fougue l'irresponsabilité des insoumis : " Vendredi dernier, Dominique Bernard est mort d'enseigner, assassiné par la barbarie du terrorisme islamiste. Face aux tragédies et à leur répétition, les mots nous semblent désormais usés et inutiles. Pourtant, je refuse d'y renoncer et je veux, ici, avec vous, dire aux familles des victimes, aux enseignants de France et aux agents de l'éducation nationale, tout notre soutien et toute notre affection. ".

" "
Et de voir un avertissement terrible dans une phrase d'" Albert Camus : " On ne prostitue pas impunément les mots" , écrivait Albert Camus. Cette phrase résonne aujourd'hui comme un avertissement à tous ceux qui hurlent " offense" quand nous parlons de liberté d'expression, à tous ceux qui hurlent " islamophobie" quand nous défendons simplement la laïcité. Elle résonne comme un avertissement à ceux qui trahissent les mots par bêtise, par fanatisme ou par cynisme, à ceux pour qui il est visiblement plus facile de crier " police fasciste" que de dire " Hamas terroriste" . Une fois encore, c'est Mickaëlle Paty qui a su trouver les mots les plus justes, samedi dernier, trois ans après l'assassinat de son frère Samuel. Qu'il s'agisse de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité, de terrorisme ou de décapitation, écoutons Mme Paty lorsqu'elle nous dit qu'après ces mots-là, en France, on ne met pas un 'oui mais', (...) on met un point. ". Olivier Falorni a été ovationné par la plupart des députés (exceptés ceux de la Nupes), notamment quand il s'est indigné des insultes faites à la police (des députés se sont même levés pour l'approuver).

Le Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse Gabriel Attal lui a répondu avec la même condamnation des insoumis : " C'est la barbarie abjecte du terrorisme islamiste qui frappe à nouveau. Ce que les terroristes ont voulu attaquer, au fond, c'est l'école à la française, car notre école est un obstacle ultime à leurs funestes projets. Je le dis, les islamistes veulent tenir éloignés du savoir le plus grand nombre d'enfants, pour imposer leur obscurantisme ; l'école à la française défend la démocratisation du savoir pour tous. Les islamistes veulent soumettre les femmes ; notre école accueille toutes les petites filles de France, avec tous les petits garçons de France, pour leur transmettre le savoir. Les islamistes veulent imposer le règne de la religion à l'école ; nous imposons celui de la République et de la laïcité dans toutes les écoles de France. Oui, nous continuerons à défendre ces valeurs, qui ne sont pas des concepts abstraits. C'est un combat de tous les jours : elles doivent être défendues par chacune et chacun d'entre nous. Comme vous, monsieur Falorni, je veux dénoncer celles et ceux qui manquent dans ce combat, mais je veux aussi relever que, dans les jours et les semaines qui viennent, les Français continueront, comme hier et aujourd'hui, à faire face et à faire bloc derrière les enseignants et derrière leur école. ".
Un peu plus tard à une autre question, Élisabeth Borne a déclaré, à propos des terroristes : " Le Président de la République l'a dit, nous serons impitoyables. (...) 10 000 policiers et gendarmes sont mobilisés. Le Président de la République a décidé d'engager 7 000 militaires dans l'opération Sentinelle. La sécurité aux abords des écoles a été renforcée, notamment grâce au déploiement de personnels de prévention et de sécurité de l'éducation nationale. Cela s'ajoute à des investissements de long terme réalisés aux côtés des collectivités pour la sécurité des écoles. Nous poursuivons notre lutte intraitable contre le terrorisme. Les services de renseignement sont mobilisés ; leur action est déterminante, et je veux les saluer. Nous accélérons notre action pour expulser les étrangers radicalisés. ".
À Olivier Marleix, président du groupe LR, qui regrettait que les juges empêchent l'exécution des ordres d'expulsion, Élisabeth Borne a rappelé aussi que nous étions un État de droit et que la France doit combattre le terrorisme en préservant ses valeurs :
" Être à la hauteur, c'est ne rien céder à la haine, faire bloc, faire vivre l'unité et la cohésion nationales. Être à la hauteur, c'est aussi lutter fermement contre le terrorisme. La menace est forte. L'attentat d'hier, à Bruxelles, nous le rappelle. Nous avons pris des mesures immédiates pour assurer la sécurité des Français (...). Nous serons impitoyables. (...) Il n'y a pas de place en France pour ceux qui attaquent la République. (...) Efficacité, fermeté et cohésion nationale : voilà le sens de la politique que nous menons. Voilà comment nous apporterons des réponses aux défis qui se posent à nous, sans jamais rien céder sur nos valeurs. ".
Gabriel Attal, à une députée écologiste, a également évoqué les progrès dans la sécurisation des établissements scolaires :" " À la suite de chaque attaque terroriste, les gouvernements qui se sont succédé, y compris avant 2017, ont pris des mesures pour renforcer la sécurité des établissements scolaires. Ce qui a probablement permis d'éviter un carnage absolu à Arras, c'est le fait que l'établissement était équipé d'un plan de mise en sûreté. La réaction de l'équipe de direction et des enseignants a été absolument exemplaire et, parce qu'ils disposaient de cette formation, ils ont pu mettre tous les élèves à l'abri. L'enjeu est désormais de garantir que, partout en France, dans tous les établissements scolaires et dans toutes les écoles, les équipes puissent travailler sereinement en sachant qu'elles sont protégées. "."
Sur la fermeté du gouvernement, Gabriel Attal a ajouté, à l'occasion d'une autre question, qu'il serait intraitable sur toutes les incivilités haineuses dans les établissements scolaires : " Je dois le dire aussi : 179 élèves ont fait un autre choix, celui de perturber ce temps de recueillement, de provoquer l'école et d'insulter la mémoire de nos professeurs. La nation et l'école ne sauraient le tolérer. Conformément aux engagements que j'avais pris devant les Français, 179 saisines seront donc transmises dès aujourd'hui au procureur de la République en vue d'engager des poursuites contre ces élèves et autant de procédures disciplinaires seront enclenchées. Pour les cas les plus graves, plusieurs dizaines d'entre eux, qui relèvent de l'apologie du terrorisme, j'ordonne l'exclusion des élèves concernés dans l'attente des résultats desdites procédures disciplinaires. La tolérance et la bienveillance, ça va un moment, mais le pas de vagues, c'est fini ! ".

Même si un tir groupé a eu lieu, de la part de la majorité présidentielle, au début de cette séance de questions au gouvernement, contre l'extrême gauche, la Première Ministre n'a pas non plus épargné Marine Le Pen pour condamner sa récupération politicienne facile de l'attentat d'Arras. La président du groupe RN l'avait interpellée sur un ton polémique : " Pourquoi ne pas expulser tous les étrangers islamistes, qu'ils soient en situation légale ou illégale, car ils sont avant tout des ennemis de la France ? Pourquoi ne pas étendre les expulsions à ceux qui ont commis des crimes et des délits graves à leur sortie de prison ? Islamistes, criminels et délinquants : qu'est-ce qui justifie de garder ces personnes sur notre sol ? ".
Elle lui a donné la réplique : " Madame la présidente Le Pen, depuis 2022, à chaque crise, vous vous êtes illustrée par votre silence. Aujourd'hui, le naturel revient au galop. Alors que la France est en deuil, alors que l'école est touchée, alors qu'un enseignant est mort, vous vous lancez dans des polémiques politiciennes, vous lancez des anathèmes, vous multipliez les mises en cause. Alors que le terrorisme frappe et que la situation internationale est préoccupante, vous refusiez explicitement, ce matin même, l'unité de notre pays. Dans les moments graves, je crois pour ma part en la cohésion nationale et en l'action. Avec mon gouvernement, je suis déterminée. Face aux menaces qui pèsent sur notre pays, nous sommes fermes. Nous sommes fermes dans la lutte contre le terrorisme : depuis 2017, nous avons accordé des moyens inédits aux services de renseignement et à la justice. Ces moyens ont permis de déjouer quarante-trois attentats depuis six ans. Nous avons été fermes dès le 7 octobre et l'attaque terroriste contre Israël en renforçant la sécurité des lieux sensibles et en procédant à l'interpellation de plus de 100 individus en lien direct avec des actes antisémites ou d'apologie du terrorisme. Nous sommes fermes et réactifs pour la sécurité de nos écoles (...). Nous sommes fermes face à l'immigration illégale et aux étrangers radicalisés sur notre territoire. En six ans, madame la présidente Le Pen, plus de 900 étrangers inscrits au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) ont été expulsés. Quand nous pouvons les expulser, nous le faisons. Être fermes, c'est repenser notre arsenal juridique et lever les freins législatifs à l'expulsion des étrangers qui représentent une menace pour notre pays. C'est l'un des objectifs du projet de loi sur l'immigration, proposé par le ministre de l'intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin. Quand certains pensent polémique, je veux pour ma part témoigner mon soutien aux agents de nos services de renseignements, aux enquêteurs, à nos policiers, à nos gendarmes, à nos militaires mobilisés dans la lutte contre le terrorisme. ".
Enfin, à Boris Vallaud, président du groupe PS, Élisabeth Borne a voulu différencier les socialistes des insoumis : " Monsieur le président Vallaud, je sais les responsabilités que votre groupe a su prendre face au terrorisme. Je connais son attachement aux valeurs républicaines, sa volonté de lutter sans cesse contre toutes les haines. Dans un tel contexte, nous avons besoin d'unité, de cohésion nationale. Nous avons besoin d'envoyer un message clair face au terrorisme, qu'il frappe en France, en Belgique ou en Israël. À de nombreuses reprises, j'ai parlé de l'arc républicain et de celles et ceux qui s'en excluent par leurs propos ou leurs actes. Ce matin, nous en avons vu un terrible exemple. Je connais votre sincérité et celle de votre groupe, et, après les déclarations de ce matin, chacun sait, sans équivoque, qui défend la République et ses valeurs, qui ne les partage pas. ".

Lutter contre les extrêmes et la haine fait partie de la lutte contre le terrorisme. Si elle avait prévu de batailler ferme pour la réforme des retraites, il y a peu de chance qu'Élisabeth Borne, en acceptant sa nomination à Matignon il y a un an et demi, imaginât que son problème numéro un serait le terrorisme et l'assassinat de civils français, en France comme en Israël, alors que la France avait déjà connu d'autres crises majeures. S'occuper de la sécurité des Français, c'est nécessairement être responsable et efficace. En ce sens, elle s'est transformée, elle est devenue une véritable femme d'État, peut-être même la première dans l'histoire politique de la France.
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