C’est un nouvel avertissement d’une équipe de cardiologues et angiologues du Centre médical Irving de l’Université Columbia. L’équipe décrit le processus par lequel les cellules privées de sommeil ne ne sont plus capables d’éliminer les oxydants et se noient littéralement dedans. Ces travaux, publiés dans les Scientific Reports, confirment, notamment, que des heures de coucher irrégulières et incohérentes augmentent significativement le risque de maladie cardiaque.
Les études épidémiologiques ont déjà révélé une forte association entre un déficit de sommeil chronique, même léger, et le risque accru de maladie cardiaque plus tard dans la vie. La nouvelle recherche identifie et contribue à expliquer l’absence de réponse antioxydante dans les cellules privées de sommeil : un facteur cellulaire, NRF2, piégé dans le cytoplasme, ne peut plus jouer son rôle d’activation de la réponse antioxydante.
Ainsi, une restriction chronique du sommeil retient ce facteur clé dans l’incapacité de rejoindre le noyau cellulaire, et d’accomplir normalement sa fonction.
Ces travaux apportent ainsi de premières preuves directes des effets de légers déficits chroniques de sommeil
sur le développement de la maladie cardiaque, conclut l’auteur principal, le Dr Sanja Jelic, directrice du Centre de médecine du sommeil à Columbia. « Jusque-là, nous n’avions constaté que des associations entre le sommeil et la santé cardiaque à travers des études épidémiologiques, avec les biais liés aux facteurs de confusion possibles. Seules des études contrôlées randomisées peuvent déterminer si ce lien est réel et quels sont les changements induits par l’insuffisance de sommeil qui peuvent entraîner ces conséquences sur la santé cardiaque ».
L’étude actuelle a suivi durant 12 semaines, près de 1.000 femmes et recruté 35 femmes en bonne santé ayant un sommeil « normal » de 7 à 8 heures par nuit. Pendant 6 semaines, les femmes ont dormi selon leur routine de sommeil habituelle ; pendant les 6 semaines suivantes, elles se sont couchées une heure et demie plus tard que d’habitude. Le sommeil de chaque participante a été suivi par tracker de sommeil porté au poignet. L’analyse révèle que :
- après seulement 6 semaines de manque de sommeil ou de sommeil décalé, les cellules endothéliales qui tapissent les vaisseaux sanguins sont inondées d’oxydants nocifs. Et contrairement aux cellules bien reposées, les cellules en manque de sommeil ne parviennent pas à activer les réponses antioxydantes nécessaires à éliminer les molécules destructrices ;
- des cellules enflammées et dysfonctionnelles commencent à tapisser les vaisseaux, ce qui constitue une étape précoce du développement de la maladie cardiovasculaire.
C’est une première explication de cette association entre manque de sommeil et risque de maladie cardiaque. L’équipe va maintenant regarder si la variabilité des habitudes de sommeil dont l’heure du coucher, affecte les cellules vasculaires de la même manière qu’un manque chronique de sommeil, même léger.
Source: Scientific Reports 16 Sept, 2023 DOI: 10.1038/s41598-023-42758-y Mild sleep restriction increases endothelial oxidative stress in female persons
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