En camping-car

d'Ivan Jablonka

Biographie - 190 pages

Editions du Seuil - janvier 2018

Prix France Télévisions Essai - 2018

L'auteur Ivan Jablonka se rappelle son enfance. Avec le recul, il considère la chance qu'il a eu d'être bringuebalé à chaque vacances, en camping-car, souvent avec une ou deux autres familles d'amis, à travers de nombreux pays souvent d'Europe Méditerranéenne, d'Afrique du Nord. A une époque où les spots n'étaient pas encore pris d'assaut, il a goûté à une liberté palpable. Son regard d'enfant percevait cette différence à expérimenter ces aventures, et sentait aussi bien précisément le bonheur de son père pour lequel cette vie sans contrainte était leur devoir.

Ce court livre est un récit très personnel de Jablonka, mais il prend plusieurs dimensions. Au delà du récit biographique, il analyse avec introspection la figure du père - moteur de ces virées en camping-car. Pourquoi il fallait être heureux, c'est-à-dire digne de la vie qui nous a épargné la mort. Et comme une sourde interaction, le petit Ivan se sentait heureux lorsque son père l'était. 

Extrait : 

"Cette socio-histoire de mon enfance dans les années 1980 a tout du récit d'apprentissage : découverte du monde, ouverture à la culture et à la diversité, mûrissement à la faveur de petites épreuves, prise de distance vis-à-vis du milieu d'origine. En ce sens, mes années camping-car sont des années de formation."

Mais aussi bien sûr, un récit d'apprentissage, où l'adulte revoit l'enfant, où l'auteur relit le journal de l'enfant passé, pour ramener les souvenirs idéalisés à des réalités de plus faible envergure.

Extrait :

"Mais je ne voudrais pas enjoliver mon passé. Ma passion, c'était de construire un bateau en écorce, suivre des bancs de sardines sous l'eau, collectionner des coquillages fabriquer un chasse-mouches en feuilles de palmier, cueillir des amandes sauvages, fumer des feuilles d'eucalyptus, faire une partie de mini-golf, acheter des pierres semi-précieuses. Cela donnait lieu à tout un troc avec les parents : une glace contre un musée, une après-midi dans les ruines après une matinée à la plage."

Ivan Jablonka dresse aussi le portrait d'une France des années 1980, avant la plongée dans l'ère numérique et le foisonnement de ses réseaux sociaux.

Ces parenthèses de liberté gardent d'autant plus le goût d'exception qu'elles furent suivies assez brutalement par la période d'assiduité laborieuse de la classe de prépa. C'est alors que les années de formation au grand air et dans les grands musées d'Europe se sont aussi montrées bénéfiques, illustrant en beauté l'histoire de la civilisation gréco-romaine comme tant d'autres choses....

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