De 1871 à 1873, ce sont près de 5000 œuvres d’art - bronzes, céramiques, peintures, estampes, objets en bois laqué et sculpté, photographies ou livres illustrés - qui voguent sur les océans jusqu’à Paris.
Les objets d’art chinois et japonais rassemblés exercent immédiatement une fascination considérable sur les artistes et artisans de l’époque, et deviennent des modèles pour toute une génération de créateurs en Europe.
Cernuschi est issu d’une famille juive d’industriels milanais. Avocat, républicain, il a été contraint de s’exiler en France pour des raisons politiques en 1852. Banquier, il entre au conseil d’administration du Crédit mobilier. Expulsé par Napoléon III, il revient à Paris en 1870, participe à la Commune, obtient la nationalité française en janvier 1871, compte parmi les fondateurs de la banque de Paris et des Pays-Bas dont il devient président. Il était l’ami de Gambetta, Zola, Sarah Bernhardt, Edmond de Goncourt …
L’exposition retrace les étapes du voyage et met en lumière les objets qu’il a acquis en cours de route et qu’il va exposer à plusieurs reprises à son retour, dès 1873 au Palais de l’industrie, puis en 1880 et 1883. En particulier les bronzes chinois et japonais qui vont profondément influencer les artistes de son temps.
J’ai beaucoup apprécié les fabuleux bronzes antiques qui datent de plusieurs siècles avant notre ère et révèlent la maîtrise des techniques de fonte des artisans asiatiques.
Les motifs d’entrelacs si caractéristiques de l’art d’extrême orient y sont déjà largement représentés. Les magnifiques sculptures animalières – des brûle-parfums – ont impressionné bien des sculpteurs français, et tout spécialement François Pompon (1855-1933) avec ses formes lisses et épurées. Et aussi Emile Reiber qui s’inspira d’un vase de bronze à deux carpes (époque Edo) dressées pour la maison Christofle.
Céramiques, laques, tsubas (gardes de sabre) et netsukes, peintures – dont le petit livre qui raconte l’histoire de l’averse automnale (époque Edo) qui a été choisi pour illustrer l’affiche de l’exposition.
On appréciera aussi la clarté des cartels, le choix judicieux des objets, le parcours bien balisé de cette exposition relativement restreinte mais qui donne envie d’en savoir plus sur les arts asiatiques.
Je termine en rappelant qu’Henri Cernuschi fit construire en 1875 cet hôtel particulier à l’usage de musée – où il vécut au milieu de ses collections - et dont il fit don à la Ville de Paris à condition qu’il porte son nom.
Retour d’Asie, un collectionneur au temps du japonisme, exposition au musée Cernuschi jusqu’au 4 février – 7 avenue Velasquez – Paris 8ème – jusqu’au 4 février, ouvert à partir de 10h sauf le lundi, 10€.