Le Lévrier Espagnol, ou Galgo, est un chien de chasse d’assez grande taille que l’on reconnaît à son corps mince, sec et souple, tout en élégance. Énergique et actif en extérieur, il se montre calme, discret et affectueux comme animal de compagnie. Le Monde
Dans ce roman, Jean-François Fournier emmène le lecteur à travers l'Europe, en partant de la Catalogne, plus précisément d'un vieux quartier borgne, Raval, barrio de Barcelone.
Dans une ruelle déserte, l'écrivain, qui boit sans soif et qui écrit des romans parce que personne ne lui demande, fait la connaissance d'un galgo blanc, avec lequel il joue à toréer.
Du coup, le galgo, Canela, suit partout Ludwig que tout le monde appelle Ernst et que Juan Don, l'hôtelier, appelle aussi el presidente. Jusqu'à sa chute après une dernière passe.
Canela - qui a la pointe des oreilles canelle - se retrouve à Vienne aux côtés d'un peintre de la non-culture, Rainer, adepte des cuites créatives, de tabac, de sexe et d'impensable.
Dans un bar, Rainer s'accoude auprès d'un musicien qui l'entraîne. À court d'argent, après l'amour dans le plus beau des bordels, il joue au poker avec lui, mise Canela et la perd.
Heinrich Matter, le musicien, saxophoniste originaire de Zurich, part avec Lady Canela pour Prague, où il doit jouer au Reduta et où il fait quelques beuveries et connaissances.
Dans le train de retour pour Zurich, il rencontre Isabelle, une peintre slovaque, à laquelle, un jour, il laisse le chien, lequel lui lèche spontanément la main, balayant sa culpabilité.
Lady Canela n'est pas au bout de ses pérégrinations. Par la suite, elle se retrouvera compagne:
- d'une cantatrice aux sources du Rhône,
- d'un couple de propriétaires de théâtres parisiens à Alicante,
- d'un écrivain dans un chalet d'alpage,
- d'une historienne d'art à Paris,
- de la mère de cette dernière, anti-poils notoire, à Genève,
- d'une hôtesse de l'air,
- d'une autre hôtesse de l'air, qui hérite de la précédente et la perd... à Barcelone: la boucle est bouclée...
Chaque étape européenne de l'existence du galgo - peut-être faudrait-il dire galga - est l'occasion pour l'auteur de dire l'intérêt que cette étape lui inspire dans tous les domaines:
- la musique
- la peinture
- les lettres
- la gastronomie
- les boissons, de préférence alcoolisées...
Aussi ce roman ne raconte-t-il pas seulement des histoires, mais décrit-il quelques dessous de lieux de l'Europe actuelle et est-il l'occasion de réflexions diverses telles que celle-ci:
- Qu'y a-t-il de plus important que l'écriture?
- La lecture, mon cher.
[...]
Tu sais, la lecture est une incroyable petite musique qui ne fait pas seulement résonner des mots, un style, les idées d'un auteur, voire les idées tout court. Elle instille aussi dans ton cerveau un parfum indescriptible, et insaisissable, quelque chose que j'ai mis très longtemps à appeler par son nom, le bonheur.
Le personnage qui est le fil rouge du roman est bien sûr le galgo qui apparaît jusque dans la phrase-titre, laquelle ne devient pourtant compréhensible qu'après avoir lu l'épilogue.
Au cours du récit, le lecteur est frappé par le fait que c'est le galgo qui choisit son maître ou sa maîtresse du moment et qu'il arrive à lui faire croire pourtant que c'est son choix...
Même quand il n'est pas présent physiquement dans une ville-étape comme c'est le cas à Marseille, il est présent dans les esprits: ce galgo est indéniablement un chien magique...
Francis Richard
Un Galgo ne vaut pas une Cartouche, Jean-François Fournier, 168 pages, Olivier Morattel Editeur
Livres précédents chez Xenia:
Le chien (2017)