Le recueil poétique « Vingt-sept degrés d’amour » de Chloé Landriot (née en 1980, enseignante de français) était paru en 2017 aux Editions du Citron Gare, dirigées par Patrice Maltaverne.
J’avais entendu parler de ce livre au moment de sa parution mais c’est seulement six ans plus tard, en 2023, que j’ai eu l’idée de l’acheter.
Ce fut une agréable lecture : la poète aborde tour à tour des thèmes universels : l’amitié, le sentiment amoureux, le mariage et la maternité, le vieillissement, la mort, et même l’engagement écologique qui l’anime. Une certaine simplicité et une douce limpidité transparaissent dans ses poèmes. De-ci de-là, un alexandrin, un octosyllabe ou un hexasyllabe peuvent ressurgir inopinément, comme de très lointaines réminiscences de poésie classique, et on sent que le rythme des vers et des strophes est très élaboré, dans une recherche de compromis entre liberté et régularité.
Ces poèmes sont accompagnés de huit dessins de Joëlle Pardanaud et de Chloé Landriot, c’est-à-dire de la poète et de sa mère.
J’ai choisi deux poèmes dans ce recueil
Page 23
Nous portons nos histoires
Engrammées dans la chair
Glissant sur des miroirs factices
Implorant des regards par où nous reconnaître
Et parfois
Dans le brouillard des mots
Ayant risqué nos récits comme au jeu
Nous avons cru à la réponse.
Nous servons des fantômes.
Nous négocions dans notre corps
Avec tout le passé
La place du présent.
Et l’autre,
Que nous cherchons dans ses paroles
Nous ne le trouvons jamais
Car les mots sont la peau seulement
Les mots sont la peau de l’âme –
Je sens ma peau de l’intérieur
Et j’imagine
Ce que tu sens quand je te touche
Voilà ce qu’est parler.
Mais rien ne garantit que nous nous comprenions.
S’il y a quelque part un unisson des cœurs
Il est à notre insu dans le silence seul
Dans le silence où chacun se dépouille
Et dans le vide.
Page 41
Mon amour les mots sont trop légers
Pour dire comme je me sens lestée
Lourde entre tes bras du sable du bonheur
Et j’appelle de mes vœux ce poids toujours plus grand
Qui m’attache à la terre, qui m’attache à la vie
Qui enfonce mes racines aux sources de tes veines.
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