Un article de Henry Bonner
Les dirigeants crient victoire sur les hausses de prix. Sans sourciller, la presse transmet le message.
Selon Les Echos, “Le directeur général de l’Insee, Jean-Luc Tavernier, estime que des gains de pouvoir d’achat sont probables en 2024, l’inflation ralentissant plus vite que les salaires.”
Dans une interview cette semaine avec le journal, il affirme ainsi :
“Le salaire moyen par tête – primes incluses – en 2023 va augmenter comme les prix, soit autour de 5 %. Quand il y a un choc inflationniste, les salaires suivent toujours avec retard la hausse des prix ; ils le font désormais. Pour la suite, il y a fort à parier que l’inflation ralentisse plus vite que les salaires.”
Notez tout de même que le prévisionniste ne donne pas de raisons pour une baisse de la progression des prix à l’avenir. Selon lui, le problème vient non de la création d’argent par les autorités, mais d’imprévus comme les guerres ou le virus. Il explique par exemple :
“Il faudrait des chocs très importants qui, par nature, ne sont pas dans les prévisions pour que les hausses de prix restent au niveau de 5 % qu’on a connus cette année.”
Et il conclut donc : “Nous estimons que le pire est passé, et nous prévoyons d’ailleurs un léger regain de consommation au deuxième semestre.”
Pourtant, la création d’argent continue. Le gouvernement prévoit 270 milliards d’euros d’endettement pour l’année, et 285 milliards en 2024. Le déficit grimpe par rapport à l’année dernière.
De plus, le resserrement des taux a peu d’impact sur les budgets des ménages, pour le moment. En cause : les prêts à taux fixes ont atteint 99,2 % de la part de marché des crédits aux particuliers en 2022. Les prêts à taux variables, qui grimpent avec l’indice de prix, ont chuté à 0,8 % des émissions, alors qu’ils représentaient près de 30 % en 2005 (voir graphique ci-dessous).
Rappel sur la “relance Chirac”
Ce cri de victoire des analystes (et des dirigeants) n’est qu’une répétition des erreurs du passé.
Ainsi, en 1974, au début d’une période d’envolée de l’inflation, le gouvernement tente une politique de réduction des déficits, et un resserrement des conditions d’octroi de crédits. Chirac, premier ministre à ce moment, parle alors d’un “plan d’assainissement” avec des baisses de dépenses.
En revanche, les entreprises et la majorité de l’électorat préfèrent en général la dépense et les soutiens. En 1975, avec l’élection de Giscard d’Estaing, le gouvernement change d’approche et entame la “relance Chirac”. Il crée des aides, dont des subventions pour l’octroi de crédits.
Sans surprise, les mesures ont eu peu d’effet sur l’économie… Mais la valeur du franc chute en conséquence. Le deutsche mark gagne 60 % contre le franc sur la décennie (voir graphique ci-dessous).
Aujourd’hui aussi, les dirigeants crient victoire avant la fin du problème.
Le déficit et l’endettement grimpent, et le resserrement de taux crée en fait un gain de richesse pour beaucoup de gens. Ils paient toujours peu d’intérêts sur les prêts, et gagnent à présent plus d’argent sur les dépôts ! En raison de la quantité d’excès dans le système, la fin de la hausse des prix requiert sans doute une destruction de l’argent et des actifs – avec des faillites, des licenciement, et un déclin de l’activité.
Comme au cours des années 70, les dirigeants annoncent la fin du problème, et changent peu aux politiques de dépenses.
Mais il semble clair que les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’inflation devrait continuer. En préparation de ces hausses de prix, mon équipe recommande une poignée d’actions de l’industrie du pétrole. Lors des attentats en octobre 2019, les revenus quotidiens de ces types de sociétés – qui n’ont rien à voir avec la vente d’armes ou des opérations militaires – ont grimpé de 10 fois en quelques jours !
Ces entreprises gagneront aussi plus d’argent avec les hausses des coûts, et un blocage de l’industrie au prétexte du climat par l’ONU.
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