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Allocution du Président du Sénat le 11 octobre 2023 sur la situation en Israël (texte intégral)

Publié le 11 octobre 2023 par Sylvainrakotoarison

M. le président. Madame la Première Ministre, mesdames, messieurs les ministres, monsieur l'ambassadeur d'Israël, qui êtes présent dans notre tribune d'honneur, mes chers collègues, le 7 octobre dernier au matin, le Hamas a déclenché une opération terroriste de grande ampleur sur le sol israélien, semant la désolation et la mort, créant un climat de terreur qui n'a d'égal que la cruauté dont les terroristes islamistes ont fait preuve à l'égard des victimes. (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mme la Première Ministre et Mmes et MM. les ministres, se lèvent.)

Pour Israël et les démocraties, à n'en pas douter, il y aura un avant et un après le 7 octobre 2023, comme il y eut un avant et un après le 11 septembre 2001, ainsi qu'un avant et un après cette terrible année 2015 dans notre pays, la France.

Rappelons-nous : pour nous, Français, le massacre du Bataclan trouve un écho singulier dans le massacre de jeunes Israéliens que la musique avait réunis.

Rappelons-nous : les rues de Paris parcourues par les terroristes s'apparentent étrangement aux rues et aux routes des villes et de certains kibboutz aujourd'hui plongés dans un deuil profond.

Rappelons-nous : partout des assassinats, des otages et l'odieux chantage qui pèse sur leur vie. Toutefois, en Israël, c'est toute une armée terroriste qui a déferlé, puissante, organisée et soutenue par des pays étrangers, donnant à cette attaque une ampleur inédite.

Les massacres commis dans les kibboutz de Be'eri et de Kfar Aza ont un nom : des crimes contre l'humanité.

Rappelons-nous : en 2015, l'État d'Israël était au premier rang des soutiens apportés à la France. Le président de la Knesset m'avait alors écrit cette lettre : " La France blessée fait saigner le cœur d'Israël ".

Puisse la France aujourd'hui être la plus fervente aux côtés des Israéliens.

En cet instant, il convient de penser aux victimes israéliennes comme à celles d'autres nationalités, notamment à nos compatriotes, à leurs familles, à leurs proches, à ceux qui, aujourd'hui encore, sont portés disparus ou qui, enlevés, ont été violentés et pris en otage.

Nous exigeons la libération immédiate et sans condition de tous les otages. Ceux qui les détiennent seront tenus responsables de leur vie.

J'ai exprimé en votre nom à tous - oui, à tous, mes chers collègues - la solidarité du Sénat, en écrivant au président de l'État d'Israël, M. Herzog, et au président de la Knesset, notre collègue, M. Ohana.

Néanmoins, je souhaiterais que, d'un seul mouvement, nous puissions ensemble manifester notre détermination à nous tenir auprès du peuple d'Israël, peuple meurtri, traumatisé, affaibli peut-être, mais valeureux, portant haut des valeurs qui sont les nôtres, celles de la démocratie parlementaire et de la liberté - en un mot, un peuple inébranlable.

Je vous invite à observer une minute de silence. (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mme la Première ministre et Mmes et MM. les ministres, observent une minute de silence.)
Gérard Larcher, le mercredi 11 octobre 2023 à 15 heures à Paris.

La parole est à Mme la Première Ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première Ministre. Monsieur le président, monsieur l'ambassadeur d'Israël, mesdames, messieurs les sénateurs, alors que des attaques terroristes effroyables ont touché l'État d'Israël, je veux, au nom de mon gouvernement, dire toute ma solidarité et mon soutien au peuple israélien.

Chaque jour, nous découvrons de nouvelles horreurs commises par les terroristes du Hamas. Chaque jour, le bilan s'alourdit. Je veux redire solennellement, et avant toute chose, que rien, jamais, ne peut justifier le terrorisme.

Aujourd'hui, je pense aux victimes et j'exprime la compassion de la France à leurs familles et à leurs proches.

Alors que le bilan vient une nouvelle fois de s'alourdir, je veux avoir un mot particulier pour nos dix ressortissants décédés et pour les dix-huit autres dont nous sommes sans nouvelles.

En ce moment tragique, je sais l'émotion et l'angoisse qui saisissent les Français vivant en Israël et les Franco-Israéliens. Nous sommes avec eux, et nos services diplomatiques mettent tout en œuvre pour les accompagner.

Mesdames, messieurs les sénateurs, le Président de la République l'a dit avec force : nous sommes aux côtés d'Israël, pays allié de la France, qui vit un drame terrible.

M. le président. Madame la Première Ministre, je vous remercie.

Situation en israël (II)

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

M. Roger Karoutchi. " Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde ", disait Albert Camus.

Madame la Première Ministre, nous sommes la France, héritière des philosophes des Lumières, de la Révolution de 1789, de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, du Conseil national de la Résistance, de Léon Blum et du général De Gaulle. Nous sommes le pays de la liberté, de la tolérance et de l'universalité.

M. Bruno Sido. Exact !

M. Roger Karoutchi. Nous avons donc une responsabilité éminente.

Nous ne pouvons pas nous contenter de faire des déclarations de type " Quai d'Orsay " - pardon de le souligner, madame la ministre des affaires étrangères -, qu'elles soient sur fiches ou non. (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

Nous sommes simplement là pour vous dire que l'empathie n'est pas exclusive de l'action politique.

Mme Frédérique Puissat. Tout à fait !

M. Roger Karoutchi. Nous sommes là pour vous dire qu'il faut utiliser les mots " crimes contre l'humanité ", car telle est la réalité. Reprenez cette expression, faites en sorte que l'Europe l'emploie elle aussi. Après ce qui s'est passé, c'est bien le minimum.

La légitime défense de l'État d'Israël est un droit incontestable : quand on voit les milliers de missiles qui ont visé ce pays, quand on sait ce qui s'est passé dans les kibboutz, parler de légitime défense, c'est le minimum.

Enfin, madame la Première Ministre, faites en sorte que ceux qui, dans notre pays, trahissent les valeurs républicaines...

M. Bruno Belin. Très juste !

M. Roger Karoutchi. ... et les valeurs de la Nation en refusant de soutenir l'État d'Israël et en faisant l'apologie du terrorisme soient sévèrement punis. (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC, INDEP et SER.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Karoutchi, vous n'avez pas bien entendu les propos de M. le Président de la République et de Mme la Première Ministre, sans même parler des miens, auxquels, il est vrai, je n'ai jamais imaginé que vous puissiez prêter attention... (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-François Husson. Pas de polémique !

M. Max Brisson. Ce n'est pas au niveau...

Mme Frédérique Puissat. Un peu de hauteur, madame la ministre !

Mme Catherine Colonna, ministre. Mme la Première Ministre vient de rappeler toute l'horreur que nous inspirent les actes barbares commis par le Hamas. Elle vient de dire et de répéter la condamnation absolue, par la France, de ces attentats terroristes, commis par un groupe terroriste et soutenus par d'autres groupes terroristes.

De plus, les prises d'otages abjectes, les assassinats monstrueux et les massacres perpétrés ne laissent aucun doute quant à la nature terroriste du Hamas. Notre condamnation est donc totale et absolue, et cela depuis le premier jour.

Face à l'horreur, nous sommes solidaires du peuple israélien. Nous disons avec force qu'Israël a le droit de se défendre. Nous l'avons dit publiquement, dès le premier jour. Nous le répétons. Et nous le disons à tous nos interlocuteurs, dans la région comme ailleurs.

Dans le même temps - Mme la Première Ministre le soulignait à l'instant -, la responsabilité diplomatique de la France est aussi d'éviter un embrasement régional. L'Autorité palestinienne a un rôle à jouer à cet égard ; nous continuerons de la soutenir. Le Président de la République s'est exprimé sur ce point, très clairement, hier.

La diplomatie française est aussi active pour que la situation ne s'aggrave pas à la frontière avec le Liban - je ne doute pas que vous suivez avec attention ce qui s'y passe -, comme à la frontière avec la Syrie.

Depuis samedi dernier, le Président de la République et moi-même avons multiplié les contacts avec nos homologues dans la région - je pense notamment aux dirigeants israéliens et palestiniens -, en Europe et bien au-delà.

Bien sûr, comme l'a dit Mme la Première Ministre, quand le calme sera revenu, il faudra se demander comment mieux prendre en compte les aspirations du peuple palestinien et comment mieux répondre au droit absolu d'Israël à la sécurité.

La paix doit rester notre impératif, même si, de toute évidence, ce moment n'est pas venu. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Mme Raymonde Poncet Monge applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour la réplique.

M. Roger Karoutchi. Monsieur le président, je préfère ne pas répondre...


Source : www.senat.fr
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20231011-allocution-larcher.html


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