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Deux Poèmes de Jacques Allemand

Par Etcetera
Deux Poèmes de Jacques AllemandCouverture aux éditions Milagro

Je reçois rarement des livres en service de presse et j’étais honorée que les éditions Milagro me contactent et m’envoient ce recueil poétique de Jacques Allemand, publié en juin 2023, mystérieusement intitulé « K, après toi« , et dont la superbe image de couverture et la non moins belle illustration sont de Marianne Moisan-Allemand.
Merci, donc, à Milagro de cet envoi !

Note biographique sur le poète

Fils et petit-fils de marins, né en 1950 à Marseille, Jacques Allemand a été longtemps professeur de lettres. Après de longs séjours à l’étranger (Maroc, Côte-d’Ivoire), retour en France près de Valence. Nommé ensuite à Perpignan, il parcourt aujourd’hui l’arc méditerranéen des Pyrénées-Orientales aux Bouches du Rhône et séjourne le plus souvent près de Montpellier.
Une thèse sur la poésie de Jules Supervielle. Des choix de textes poétiques dans des anthologies (Encres vives, Parterre verbal) et dans de nombreuses revues « papier », dont, récemment, Voix d’Encre, Arpa, Décharge, Phoenix, Propos de Campagne, Résonance générale, Mots à Maux, N47, Autre Sud, Contre-allées, À l’index, Traversées, Osiris, Texture et dans les revues numériques Paysages écrits, Incertain regard, Terre à Ciel, FPM, Région Centrale et remue.net.
(Sources : éditeur et web)

Mon Avis

Le moins qu’on puisse dire c’est que ce recueil est énigmatique. Jacques Allemand nous parle d’un dénommé K. J’ai cru comprendre – sans certitude – que ce K est musicien ou chanteur. Il est question aussi de Pessoa, d’une chanson d’Eric Clapton ou de UB40 (« Swing low sweet charriot« ), de spirituals, d’un ravi de la crêche provençale et de multiples autres choses qui m’ont un peu barbée.
Certes, la lettre K en littérature peut nous renvoyer à des tas d’auteurs passionnants, de Kafka à Dino Buzzati… et, certainement, en musique, on trouverait d’autres références bien curieuses et fort sympathiques, comme Mademoiselle K, la chanson « Special K » de Placebo, et certains chanteurs francophones plus ou moins connus qui ont pris ce pseudonyme. Mais bon, quelle importance ?
Davantage qu’à Pessoa, ce livre m’a fait penser à Rimbaud et, plus précisément, au poème « H » des Illuminations, qui se terminait par « Cherchez Hortense » : un texte sous forme de devinette, que le lecteur n’a pas forcément envie de résoudre (car la motivation est mince !)
Je lis de la poésie essentiellement pour ressentir des émotions, pour que ça m’évoque quelque chose de sensible, des souvenirs ou des sentiments. Ici, je dois dire que je suis restée sur ma faim, dans la plupart des K.

**

J’ai choisi de partager ici les textes qui m’ont le plus « parlé » ou, du moins, qui m’ont semblé évocateurs de quelque chose.

*

Choix de Poèmes

Page 11

Après K le déluge, disait sa grand-mère,
d’où ses épaules en pente,
pas même un regard ne pourrait s’y accrocher
mais lui le sent, le déluge
une source entre ses doigts
à égale distance de la joie et de la tristesse,
de sa double nature
aucune ne regrettant l’autre,
ici quelque chose commence,
une énigme insoluble sous son plafond charbonneux
ou plutôt une énigme dont la solution est une autre énigme
et ainsi de suite jusqu’à la dernière
qui lui montre les dents avec la mer derrière
– il précise
« ce n’est pas parce que je suis brûlé
que je vais tout emporter »

*

Page 26

« changer pour changer,
je veux bien,
ma tête s’endort dans les grappes, avec les grappes
c’est censé être bon mais
quelqu’un est arrivé avant moi
s’est couché avant moi où je me couche
s’est balancé avant moi dans mes questions
a fait rouler dans sa bouche ce que je crois
l’a fait briller partout où il passait
aujourd’hui je suis lui et je ne suis pas lui »,
K retiré sous la treille au fond de la terrasse
secoué par le tic de l’abstinent
se distrait en sondant les cœurs environnants
maintenant qu’il se dit dépouillé
spolié et autres mots exagérés


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