À quoi la vie peut-elle donc conduire ? Quel est son sens ? À travers une galerie de personnages hauts en couleurs, et une vingtaine de nouvelles, Sylvain Tesson propose des fragments de réponse. Dans une langue caustique, il observe quelques figures d'anonymes : ceux qui se laissent balloter par une existence urbaine et confortable, ceux qui s'accrochent dans les filets de l'abondance ou de la médiocrité et essaient de se sauver en s'inscrivant de temps en temps à des marathons urbains " où vingt mille hamsters sortent de la cage en tenue fluo " ou en sacrifiant une fois par semaine au rite du jogging : " névrose d'une société qui n'avance pas " dans le but à peine voilé de " se taper le soir des andouillettes spongieuses en toute bonne conscience ".
Dans cette " cage " où passent les meilleures années, règnent l'égoïsme, l'hypocrisie, et une certaine forme d'hystérie qui masque l'angoisse et l'ennui et fait préférer le plaisir immédiat aux valeurs spirituelles. Il oppose alors à ces êtres caricaturaux, à ces " biches aux figures de hyènes ", à ces matrones qui étouffent leur mari à coups de petits plats et tentent de cacher leur adultère derrière des sourires factices, des figures dostoïevskiennes : prostituée slave au bagage flaubertien et " dont la chair est un tapis de prières ", amant qui échappe au mari en filant par les gouttières, sniper fanatisé, apnéiste assoiffé des profondeurs, alpinistes à la tête brûlée ... Ou employés du téléphérique qui, pour éviter un pantagruélique repas de Noël concocté par Bobonne, simulent une panne de leur cabine suspendue entre deux montagnes et débouchent tranquillement leur bouteille de champagne, à la santé de la grande Nature et de Zarathoustra.