Solo de guitare pour commencer. Cela sonne Renaissance. Très élégant. Jean de Aguiar est un guitariste classique de formation. Diplômé de l' Ecole normale de musique de Paris Alfred Cortot. Cela s'entend.
La contrebasse ajoute sa pulsation et cela sonne un peu plus Jazz. Puis le vibraphoniste à 4 maillets (2 dans chaque main), selon l'usage moderne. Léo Laurent prend la main. Une ballade tranquille, souple, ondoyante. C'était " Folia de Espana ", composition du XVIe siècle puis " Rio de Oro " (Jean de Aguiar).
" Secreto " ( Federico Monpou). Dialogue contrebasse & guitare. Le vibraphone vient ajouter sa vibration. C'est de la percussion mais plus légère qu'une batterie qui ne collerait pas avec ce genre de musique. Une composition de 1912 pour piano inspirée des musiques populaires de Catalogne (Monpou est né et mort à Barcelone). Jean prend la main en attaquant avec vigueur. Il y a bien un air de danse populaire catalane là-dessous. Solo de vibraphone bien énergique impulsé par les cordes. Ca percute assez. Pas besoin de batterie.
Une composition du guitariste brésilien Baden Powell dont le père était un admirateur du créateur du scoutisme, le lieutenant-général anglais Robert Baden Powell. Solo de guitare en intro. Clair, lumineux comme il se doit pour la musique de Baden Powell. La contrebasse ajoute la pulsation. Le vibraphone joue le rôle de la voix. Ca balance.
Nouveau solo de guitare. Toujours brésilien. " Berimbau " de Baden Powell, paroles de Vinicius de Moraes, chanté en français par Claude Nougaro sous le titre " Bidonville ". Après " Consolacao ".
Intro en solo d'archet sur la contrebasse. Joana Martinez, elle aussi, vient de la musique classique et cela s'entend. Ca grince gravement. Un peu de corne de brume dans l'effet. Elle passe en pizzicato pour un solo plus Jazz mais toujours majestueux. Elle marque le pas. Vibraphone et guitare s'ajoutent doucement. La musique avance d'un pas tranquille et sûr. Ca sonne plus Jazz, plus Blues tout à coup. Final en douceur sur quelques notes de guitare. Pas loin de " Stairway to Heaven " en fait. Composition de Sidney Bechet, assez envoûtante.
Intro en guitare solo. Ca grince, gratte, glisse. Puis la contrebasse se lance sur les " Fables of Faubus " de Charles Mingus. Morceau composé en 1959 contre Orvell Faubus, gouverneur de l'Arkansas, qui envoya la Garde nationale pour empêcher les enfants noirs d'aller dans des écoles blanches. Louis Armstrong convainquit le président Eisenhower d'envoyer l'armée fédérale et les enfants noirs purent aller à l'école avec les blancs. Un adolescent blanc de l'Arkansas, né en 1946, fut marqué à vie par cette scène. William Jefferson dit Bill Clinton, président des Etats Unis d'Amérique de 1993 à 2001, le premier président noir des Etats Unis pour Toni Morrison, prix Nobel de littérature. Charles Mingus dut enregistrer une version sans paroles pour CBS et créa son label indépendant pour enregistrer la version avec paroles. Une musique intense, revendicative, adoucie ici parce que les musiciens et le contexte historique, politique, social sont très différents et par le vibraphone. Dialogue intense entre guitare et contrebasse. Le vibraphone vient ajouter sa bonne onde.
Enchaînement à l'archet. En solo. " Last time when we were young " joué par Kenny Burrell sur un album culte pour les guitaristes de Jazz, " Guitar forms " (Verve, 1965).
Ma composition préférée de Jean de Aguiar, " Terra Umbra ". D'inspiration brésilienne. Basse continue à l'archet pendant que la guitare bondit joyeusement. Puis relâchement en trio. Ca chante, bondit vivement. Petit pont franchi en sautillant. Puis le trio repart vaillamment. Fin sèche, claire et nette. Cf extrait audio au dessus de cet article.
Première intro du vibraphone. Un standard du Jazz dont le titre m'échappe. Le vibraphone mène la danse et ça joue. C'était " Poinciana " dont le pianiste Ahmad Jamal prit possession.
Mon carnet finit ici. Mes notes aussi.
Pour conclure, 2 chansons avec le chanteur Camerounais Spirit Enoumedi qui chanta en français, en anglais (langues officielles du Cameroun) et dans une des nombreuses langues locales du Cameroun. Un air d'Afrique est venu chauffer et parfumer cette musique.
Dans la vidéo ci-dessous, enregistrée lors de ce concert, j'apparais coupé à l'écran, de dos. Peu importe. Le trio de Jean de Aguiar apparaît lui au complet, de face.