La mère a disparu dans la forêt. Ils la cherchent. Sous la lune, Pierre Bachelet à fond sur l'autoradio, ils roulent à tombeau ouvert dans les bois en hurlant son prénom. « Maman ! », crie l'enfant, comme si sa vie en dépendait.
La scène pourrait sombrer dans le ridicule, elle déclenche des émotions en cascade.
Voilà assurément une des scènes fortes de cette année cinéma 2023. Elle fait partie de notre gros coup de cœur pour le nouveau film de Thomas Cailley qui nous avait déjà touchés avec"Les Combattants" en 2014.
Le réalisateur français, après un passage par la série avec Ad Vitam, signe son retour en inventant un futur où les mutations transforment certains humains en animaux.
Cette fable mi-fantastique, mi-dramatique est d'une intensité poétique folle, elle fait l'unanimité critique et public et c'est totalement mérité à tous les niveaux.
Le Règne Animal est un film de genre assumé.
Il y avait évidemment cet environnement fantastique, les mutations, les transformations mais l’aspect intimiste de l’histoire était tout aussi important. Il y a cinq ans, Le Règne animal au moment du début de son projet- le cinéaste a eu beaucoup de mal à le finaliser mais le résultat est largement à la hauteur de cette attente - aurait été perçu comme un film délirant. Aujourd’hui, il semble presque réaliste. Est-ce inquiétant ?
À la fois héritier du cinéma de Spielberg, Shyamalan ou autres Guillermo Del Toro, Thomas Cailley s'approprie un espace qui ne regarde pas les frontières (ni géographiques ni de genre), tout en restant totalement français, dans ces Landes natales qu’il retrouve neuf ans Les Combattants.
Il véhicule en tout cas un message auquel on veut tous croire : les jeunes ont la capacité de s’adapter.
La plus grande réussite du film réside dans le fait de ne pas avoir fait un film survivaliste et manichéen entre deux oppositions mais plutôt sur une union imparfaite entre deux entités distinctes qui pourraient si elles le souhaitent cohabiter.
La France sait très bien faire du cinéma fantastique, et si Just Philippot a échoué à le prouver avec son récent Acide, cette dystopie étrangement réaliste, à laquelle Romain Duris apporte une émotion délicate, teintée de légèreté, le prouve de façon éclatante .
LE RÈGNE ANIMAL est en salles depuis mercredi 4 octobre 2023.