Entre les pages 78 et 79 de la revue, un bulletin d’abonnement s’était glissé et ce n’est qu’après être passé plusieurs fois, sans en avoir pris immédiatement conscience, de la page 78 à la page 82, que j’ai soudain découvert la deuxième partie d’un tableau de Patricia Cartereau, Pieds-oiseaux (ci-contre). D’une certaine façon, je reproduisais, vis-à-vis des images de l’artiste, l’attitude des personnes visitant la grotte Margot dont j’avais lu une présentation quelques pages plus tôt. Et il y a bien une parenté de gestes entre ceux qui ont réalisé les gravures dans la grotte et ceux de Patricia Cartereau : une tentative de saisir, avec les mains, de poursuivre, avec les pieds, ces voisins, ces proches si différents de nous, par le plumage, par la rapidité du vol, par le chant et sans doute aussi parce qu’ils naissent et transmettent la vie dans des oeufs. Les mains ne peuvent saisir l’hirondelle vivante qui s’échappe, qui passe, déplaçant autour d’elle l’air bleu qu’agitent ses ailes. Que sont nos mains, nos pieds, à côté de ces ailes ? Même marchant ou dansant sur la pointe des pieds, nous n’aurons pas la légèreté des oiseaux. Ils passent vivement comme dans l’eau, dans la Loire, passent les poissons. Si notre hâte ne cherche pas à les écraser, ils nous porteraient presque et nous serions Hermès allant où bon nous semble, et nous serions Icare sans crainte du soleil.