Faut-il rappeler l'objet du contentieux ? Les américains, seuls concernés par l'annonce (pour l'instant ?), comme les consommateurs de nombreux autres pays, se voient attribuer une note censée traduire leur qualité d'emprunteur sur la base de leur historique sur des opérations relevant du crédit. Ceux qui n'ont jamais contracté le moindre engagement se trouvent ainsi désavantagés, voire exclus. Heureusement, des solutions exploitant d'autres catégories d'information ont commencé à voir le jour.
Experian, parmi d'autres, a ainsi introduit sa fonction « Boost » en 2019 (après une phase expérimentale à partir de 2018), qui consiste à inviter les volontaires à partager un accès à leurs comptes bancaires (via les mécanismes classiques d'« open banking ») et permettre de la sorte aux algorithmes de qualification de prendre en considération leur comportement général avec l'argent, à travers, par exemple, l'analyse de la régularité des règlements de facture ou du maintien d'un solde positif.
Or il semblerait que cette première avancée soit jugée insuffisante (bien que 14 millions d'individus aient déjà eu recours au dispositif), soit que les personnes non bancarisées représentent la prochaine cible, soit que les intéressés aient des réticences à divulguer leur vie financière, soit que la maturité des établissements en termes d'ouverture de données reste insuffisante (faute de réglementation ?). Face à ces limitations, Experian propose à chacun d'ouvrir un compte courant dédié à la consolidation de son score.
Pour en profiter, l'utilisateur procède simplement à son enregistrement (gratuit, dans la version la plus élémentaire) au sein de l'application grand public d'Experian. Cette étape va, si nécessaire, initialiser son profil de crédit et autoriser, par la suite, la surveillance de son évolution et des événements qui l'affecte (y compris les éventuelles tentatives frauduleuses). Il ne reste plus alors qu'à engager la procédure de souscription du produit, qui, outre le compte de dépôt, ne comprend qu'une carte de débit.
La fonction la plus importante de ce kit résolument basique est le paiement des factures : même si les dépenses courantes peuvent participer aux évaluations, le cœur du moteur de calcul de fiabilité « Boost », qui y est directement intégré, repose essentiellement sur ces mouvements récurrents notamment autour de l'énergie, de la téléphonie, des loyers… Le client est donc libre de n'utiliser ce compte que pour ces contributions à sa note, et de conserver ses habitudes pour le reste de ses activités.
L'originalité de la démarche est de se concentrer exclusivement sur la mise en place et l'amélioration du score de crédit, indépendamment de toute perspective générale sur la gestion de finances personnelles, qui pourrait introduire des confusions. Cette spécialisation se comprend de la part d'Experian… mais elle s'arrête en chemin : la logique voudrait que l'outil s'accompagne d'une dimension pédagogique, qui aide les utilisateurs à non seulement saisir l'enjeu du score de crédit mais également à appréhender ses composantes sous-jacentes et les leviers d'actions dont il dispose.