« Le compte à rebours démarra ce soir-là. Rosalind avait dit qu'elle serait la prochaine – la prochaine à se marier, c'est- à-dire la prochaine à mourir. Pour les sœurs Chapel, il deviendrait bientôt manifeste qu'il n'y avait pas grande différence. »
La dynastie Chapel, une famille de fabriquant d'armes qui ont permis, depuis plus d'un siècle, de construit l'Amérique.
De la conquête de l'Ouest jusqu'au Vietnam les armes Chapel ont toujours été en première ligne pour « sauver » la démocratie.
Même Hollywood l'a célébré en 1950 dans le western « La Chapel 1870 : l'arme qui a conquis l'Ouest ».
Une histoire familiale et une généalogie lourde à porter pour les six filles Chapel et leur mère, enfermées dans une grande belle maison de la Nouvelle-Angleterre.
Une maison remplie du fantôme des victimes des armes Chapel ? Une maisons aux esprits maléfiques ?
Car sinon comment expliquer la destinée de cinq filles Chapel qui succomberont mystérieusement après avoir connu bibliquement un homme ?
Une malédiction qu'Iris Chapel, la seule rescapée de la famille a mis soixante ans à oublier.
Devenue une peintre célébrée dans le monde entier sous le nom de Sylvia Wren, l'artiste discrète, vivant loin du monde, va devoir affronter son passé.
"Se marier et mourir, comme la triste condition des femmes au siècle dernier, et triste semble un euphémisme dans la grande bourgeoisie bostonienne. « Henry Chapel était un homme ennuyeux qui parlait peu, mais il l'éloignait de sa chambre pour l’emmener à des concerts ou des dîners au restaurant. Lors de leur troisième rendez-vous, il lui expliqua qu'il s'était toujours consacré au travail, mais que ses parents le pressaient de se marier et d'avoir un fils qui pourrait un jour lui succéder à la tête de l'entreprise. Elle ne comprit que plus tard qu'il lui faisait une demande en mariage de façon détournée, qu'il devait se marier, mais n'avait pas envie de se tracasser à chercher une femme. Elle était devant lui, était la sœur de son ami, venait d'une famille respectable et il se disait que c'était suffisant. Il semblait ne rien savoir de son passé et ne prit pat pas la peine de poser des questions.»
Fausse biographie de la célèbre plasticienne Georgia O'Keeffe qui mourut à près de cent ans au Nouveau-Mexique et de Sarah Winchester bru d'Olivier Fisher Winchester, l'inventeur de la mythique winchester 1873 qui, devenue veuve et héritière du fabricant d'armes, passa sa vie à construire une maison pour accueillir les fantômes des victimes des armes Winchester.
Cousine américaine des sœurs Brontë, Sarai Walker nous entraîne dans un conte cruel et féministe, un long poème gothique qui donne la part belle à Eros et Thanatos.
Mais c'est aussi et surtout une belle histoire de sororité entravée par le patriarcat toxique et systémique d'une époque que l'on espère révolue.
Les voleurs d'innocence; Sarai Walker-
Parution aux éditions Gallmeister le 31 août 2023