Je ne dirai pas que ce n’est pas un bon film. Tous les ingrédients nécessaires y sont : des séquences bien construites, des acteurs que l’on aime voir jouer, et qui s’accordent ensemble pour célébrer la belle famille de l’Education nationale. Les clivages entre profs et élèves sont pointés. Les difficultés pédagogiques ou personnelles des personnages servent à construire des scènes plutôt plaisantes.
Alors qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? D’abord, l’entente entre les enseignants est si parfaite qu’elle ne peut pas refléter une réalité. Ensuite, si les séquences abordent de vrais problèmes, leur résolution est factice ou non aboutie. Trop de choses restent en suspens, à l’instar de ces séries (addictives au demeurant) dont chaque épisode s’achève sur une fin ouverte.Que deviendra le jeune garçon expulsé de l’établissement bien qu’il ait fait des excuses à son professeur, lequel les a acceptées ? A quelle nouvelle péripétie devra faire face cette charmante prof de SVT de la part de son fils indiscipliné ? Et d’ailleurs, pourquoi est-il devenu aussi insupportable ? Les aurons-nous dans un prochain opus ? Le prof de maths parviendrait-il à reconquérir sa compagne ? Ce chef d’établissement si bienveillant aura-t-il une promotion ou se heurtera-t-il à un « vrai » gros souci, de harcèlement par exemple ? Benjamin (Vincent Lacoste) se réconciliera-t-il avec son père (Bouli Lanners, qu’on aurait aimé voir dans une seconde scène) ? Et que s’est-il passé pour installer leur mésentente ? On pourrait même observer que curieusement tous ces enseignants ont des problèmes familiaux à régler. Quant à l’autorité François Cluzet en fait une démonstration caricaturale. Je me suis demandé ce que Thomas Lilti avait voulu démontrer ou dénoncer … alors qu’être enseignant, comme l’écrit William Lafleur dans un essai qui vient de sortir chez Flammarion, c’est L'ex plus beau métier du monde.Personne ne doute que le métier d’enseignant soit sérieux. A tel point qu’une crise de recrutement s’intensifie. Ce n’est pas le seul domaine. La situation est encore plus dramatique dans l’éducation des jeunes enfants puisque nombre de municipalités sont contraints à fermer des crèches faute de personnel qualifié alors même qu’ils ont annoncé une augmentation du nombre de berceaux disponibles.J’ai revu récemment Diabolo Menthe dans lequel Diane Kurys dresse un panorama de l’enseignement en 1963 (même si le film est sorti plus de dix ans plus tard). Je conseille cette plongée en arrière. Le milieu enseignant y est très finement observé et les personnages évoluent au cours d’une année scolaire, ce qu’on ne perçoit pas dans Un métier sérieux qui, bien que se déroulant sur le temps scolaire, semble davantage une succession de diapositives qu’un vrai film. Le réalisateur nous avait habitué à mieux dans ses longs-métrages sur le monde médical, notamment Hippocrate.Il n’empêche que les musiques des génériques sont remarquablement choisies. D’abord le très nostalgique A wonderful world de Sam Cooke sur des images d’archives qui progressivement nous amènent à aujourd’hui. Arrêtons-nous sur les paroles qui ne sont que références à l’enseignement chantées par un garçon qui ne connait pas grand chose à rien en matière d’histoire, de biologie, de sciences mais qui croit que l’amour peut changer le monde. Et puis le dernier morceau, toujours nostalgique et même désuet, Il est revenu le temps du muguet de Francis Lemarque. Un métier sérieux de Thomas LiltiAvec Vincent Lacoste, François Cluzet, Adèle Exarchopoulos, Louise Bourgoin, William Lebghil, Lucie Zhang, Bouli LannersEn salles depuis le 13 septembre 2023Magazine Culture
Je suis allée voir Un métier sérieux et très franchement je me suis ennuyée entre les génériques de début et de fin, excellents au demeurant, tant sur la forme que sur la bande musicale.