Publié en 2021, cet ouvrage introduit par des prolégomènes et conclu par un épilogue contient quatre chapitres et se présente en coffret. De nombreuses images accompagnent un texte riche et très documenté. Comme je l’ai fait les mois précédents pour La lecture des pierres de Roger Caillois, je vais avancer dans ma lecture et j’en laisserai dans ce blog une fois par mois une trace.
La lumière relève la clairière. Et réciproquement : ainsi recueillie en ce vide, en ce creux, la lumière même se concentre, s’intensifie. Et cette concentration sur soi de la lumière est bien ce qui, pour le peintre, fait de la clairière un objet à la fois si séduisant et si périlleux. Léonard (…) conseillait vivement aux artistes de ne jamais représenter ce moment pourtant magique où la lumière crue, zénithale, de midi filtre au travers du feuillage, ce grand diaphragme vert, moment de trans-lumination et, corrélativement, d’exaltation chlorophyllienne (pas de plus beau vert que ce vert qui absorbe jusqu’à la pâmoison la radiation solaire), mais aussi d’opacité et d’offuscation. Non seulement la forme même du feuillage y est très peu lisible, sujette qu’elle est alors à des effets de transparence et, par contraste ou par revers, d’obscurité redoublée, mais l’éclat de la lumière peut être si vif, si intense, une fois passé par le crible de ce feuillage abrasé, consumé, au travers de ce vitrail décoloré, qu’on ne saurait le fixer sans risquer soi-même de s’y aveugler, de s’enténebrer la vue.
(Gustave Doré - Le Petit Poucet - gravure sur bois)