Genoels Elderen : un nom à retenir.

Par Eric Bernardin

Contrairement à pas mal de domaines belges qui privilégient les cépages hybrides, Genoels-Elderen n'a planté que du Chardonnay et du Pinot noir. Cela permet tout de même de produire 7 cuvées différentes. 

Ludovic a choisi l'option de la visite privée pour nous faire découvrir le domaine. Notre guide du jour parle un français parfait et m'impressionnera par sa grande connaissance de tous les process engagés ici : elle a réponse à toutes les questions, sans la moindre hésitation. Pour nous souhaiter la bienvenue, elle nous sert la Perle noire, la bulle d'entrée de gamme du domaine. C'est un blanc de blancs vinifié en cuve et élevé sur lattes 18 mois. D'emblée, avant même que le domaine nous soit présenté, nous ne pouvons que constater qu'il y a du (beau) niveau : le nez est complexe, sur les fruits et les notes pâtissières, les bulles sont très fines, la matière est pile mûre comme il faut, le tout tendue par une acidité scintillante. Et même si le vin est présenté comme brut, le dosage est très discret. Son prix de 19.80 € peut paraitre cher pour un vin belge, mais il faudrait sûrement dépenser plus en France pour avoir ce niveau. 

Le premier château de Genoels-Elderen a été construit au 13ème siècle, pour Godenoel d'Elderen, mais en 1407 il fut entièrement incendié par les habitants de Tongres. Au XVIIIe siècle, une deuxième version fut détruite par les Français. La construction classique actuelle a été construite en 1859 pour le comte Borchgrave.  Le jardin à la française, avec une allée d'arbres du XVIIIe siècle en forme de cathédrale, s'inspire de ceux de Versailles. 

Là, ce sont les vignes les plus proches du château, destinées aux effervescents. Les premiers rangs sont plantés en pinot noir,  les autres en chardonnay.  Pendant que  nous admirons cette vue et discutons, notre guide nous sert le "petit" chardonnay du domaine, juste vinifié en cuve. En terme de maturité, on est proche des chablis issus des millésimes solaires de ces dernières années. C'est frais, équilibré, mais pas trop vif. Cela se boit très bien. Là encore, il n'y a pas tant que ça d'équivalement qualitatif  en France pour  le prix de 14 €. 

*

Ce bâtiment est la partie émergée du chai. C'est par ici qu'arrivent les raisins vendangés. 

Les raisins blancs sont versés de suite dans ce pressoir pneumatique. Les jus seront débourbés avant d'être transféré en cuves ou en fûts dans la cave souterraine. 

Les nouvelles cuves destinées au vin rouge. 

L'alambic pour distiller les marcs 

Les deux eaux-de vie du domaine

La cave souterraine. Dans les palox métalliques, les bulles en cours d'élevage .

Les barriques contenant l'eau de vie

Eclairage travaillé

Cette salle permet d'accueillir des grands groupes de visiteurs

Toute la gamme du domaine, eaux de vie incluses

Une  coupe de la roche calcaire en sous-sol

Nous avons pu déguster d'autres vins du domaine sur la terrasse. La"cuvée bleue" (17 €) est pour moi le plus réussie des blancs  car 50 % du volume se fait en inox, 50 % en barriques, ce qui donne un boisé discret et élégant, avec  plus de fond que la cuvée précédente.

La "cuvée or" (29 €) est très prometteuse, mais va demander du temps pour digérer son élevage 100 % bois. 

Nous avons aussi goûté le rouge 2018 (il n'y en a pas eu les millésimes suivants, à cause du gel et des maladies). Au nez, on a une cerise un peu trop mûre à mon goût, mais en bouche, c'est fin, élégant, avec une matière fraîche et soyeuse. Un joli pinot même si je l'aurais aimé un peu plus délicat / floral. 

Le soir même, nous avons goûté la bulle "Argent" lorsque nous étions à la Menuiserie. Elle était très bonne, avec des bulles très fines, crémeuses, et une aromatique complexe. 

Quant à la bulle rosée, nous l'avons bue la semaine suivante à Malmédy. Là, j'ai pris des notes :  la robe est rose saumon. Le nez est expressif, mêlant la l'écorce d'orange à  la fleur d'oranger, avec une fine touche fumée. La bouche est élancée, vineuse, élégante,  avec des bulles fines, toniques, et une noble amertume en colonne vertébrale. La finale est plus intense, avec une amertume plus marquée et une astringence crayeuse / citronnée, et une persistance sur l'orange et les épices. Très bien, quoi !

La planche de charcuterie parait à première vue très généreuse. En fait, il n'y a qu'une seule couche de jambon. En dessous, il y a une quantité impressionnante de roquette. 

Le bilan est malgré tout très favorable. Pour l'instant, ce sont les meilleurs vins belges que j'ai peu déguster. Et même s'ils ne sont pas donnés, les prix me paraissent plutôt bien placés lorsqu'on les compare à l'offre française actuelle. Par contre, les prix des dégustations sur place est trop élevé. Il y a plutôt intérêt à acheter les bouteilles au domaine et à les boire ailleurs. 

__________________________________

Wijnkastel Genoels-Elderen

Kasteelstraat 9, 3770 Genoelselderen

Téléphone : 0032 12 39 13 49
E-mail  : info@wijnkasteel.com