"Au commencement il y avait le néant, le néant n’avait pas de nom.
De là se reproduisit l’Un ; il y eut l’Un sans avoir de forme matérielle.
Les êtres en naquirent : c’est ce qu’on appelle sa vertu.
Dans ce qui n’avait pas de forme, il y eut une distribution d’où s’ensuivit un mouvement perpétuel qui a pour nom Destin.
Au cours de ses transformations sont nés les êtres. À son achèvement, l’être créé possède un corps organisé. Ce corps préserve l’âme. L’âme et le corps sont soumis à leurs lois propres. C’est ce qu’on appelle la nature innée.
Qui perfectionne sa nature fait retour à sa vertu originelle.
Qui atteint à sa vertu primitive s’identifie avec l’origine de l’univers et par elle avec le vide.
Le vide est grandeur. Il est pareil à l’oiseau qui chante spontanément et s’identifie avec l’univers.
C’est lorsqu’il s’identifie parfaitement avec l’univers qu’il apparaît ignorant et obscur.
Il atteint à la vertu profonde et s’abîme dans l’harmonie universelle."
Tchouang-Tseu