Une série judiciaire française cela ne peut que me faire plaisir. J'adore le genre alors 66-5 était toute désignée pour être l'une de mes séries de la rentrée. Anne Landois (La Promesse, Engrenages) nous plonge dans le quotidien d'une jeune avocate, Roxane, qui a réussi à sortir de sa cité et à devenir une avocate spécialisée des affaires dans un prestigieux cabinet parisien. Son mari, associé du cabinet, est accusé de viol et sa vie part alors à vaut l'eau. Les deux premiers épisodes sont là pour faire état de ce qui se passe dans la vie de Roxane après cette accusation. Elle est mise à l'écart dans le cabinet afin que cela n'ait pas de répercussion sur ce dernier et son mari est placé en détention. Il y a des scènes fortes et marquantes autour de l'héroïne et de sa vie personnelle mais c'est finalement sa vie à Bobigny dans la cité qui s'avère être l'élément le plus intéressant dans la série.
Jeune avocate d'affaires dans un prestigieux cabinet parisien, Roxane voit sa vie bouleversée quand son mari, associé du cabinet, est accusé de viol. Ramenée malgré elle dans la cité de son enfance, elle va tenter de se reconstruire en tant qu'avocate pénaliste au tribunal de Bobigny.
66-5 parle de réussite et de la façon dont une femme qui a vécu dans une cité peut sortir de celle-ci et devenir une femme de pouvoir parmi les élites. Mais 66-5 n'est pas là pour faire l'apologie du cabinet parisien et de son prestige. Bien au contraire, 66-5 va montrer à quel point ils sont capables de laisser tomber les gens dans leurs propres intérêts. Ces deux premiers épisodes sont aussi là pour introduire les dangers à venir dans la saison (notamment à cause d'une affaire dans laquelle elle se retrouve impliquée). Alice Isaaz (Notre-Dame la part du feu, Le prix du Passage) s'avère convaincante dans le rôle de l'avocate Roxane. Elle est touchante et par son jeu elle parvient rapidement à nous attacher à son histoire. L'atmosphère est assez sombre et bien que 66-5 n'échappe pas aux clichés sur la banlieue elle parvient surtout à en contourner certains. C'est appréciable de voir que la banlieue n'est pas présentée comme une zone de non droit.
La série nous présente la cité de Bobigny comme un endroit où l'on peut vivre. 66-5 nous montre comment Roxane tente de se reconstruire et surtout de retourner vers ses origines qui ont laissé des cicatrices. La mise en scène a un style particulier à la fois un peu rude et plus chaleureux. Le mélange est savoureux et permet de soutenir le côté à la fois familial de 66-5 mais aussi son côté plus sombre et plus social. 66-5 n'hésite pas à égratigner le système judiciaire (et le racisme en France). La cité n'est pas un endroit horrible dans 66-5 mais un lieu où cohabite des cultures différentes. C'est une bonne chose d'avoir cette histoire même si l'affaire de drogue vient forcément aborder des clichés sur les trafics et la violence. 66-5 parle aussi de sujets modernes sur les relations : la place des femmes dans un monde professionnel souvent très masculin, la place de la femme dans un couple (et la scène avec la juge qui lit un texto qui aurait été écrit par son mari est glaçante).
Avec ces deux premiers épisodes, 66-5 reste une série passionnante où les épisodes s'enchaînent facilement. Dommage que la série n'aborde pas forcément tout ce qu'elle veut ici directement et en frontal. C'est pour le moment un peu effleuré mais je ne me fais aucun doute sur le fait que la série saura devenir plus épaisse et plus percutante dans les prochains épisodes avec la montée en tension.
Note : 6.5/10. En bref, une série judiciaire française qui change. Bien qu'elle n'échappe pas à certains clichés sur la banlieue, elle tente d'en contourner certains et d'offrir quelque chose de différent. L'héroïne est déjà attachante ce qui est une force pour une telle série.
Disponible sur myCanal