Vie et oeuvre de Marcel Parnaan, de Joan Suris

Publié le 26 septembre 2023 par Francisrichard @francisrichard

S'il se cherchait, il n'a pas mis longtemps à se trouver. Visiblement il se sentait plus à l'aise chez les autres que chez lui-même.

Dit de lui T.S. Gervais, l'un des camarades d'études de Marcel Parnaan.

Tout indique qu'il s'intéressait de plus en plus aux peintres en tant que personnages, et non seulement en tant que créateurs.

Dit de lui Aristide Victor, l'historien de Swiss Wave: les artistes suisses à la conquête du monde.

On ne peut pas effacer toute trace de Marcel Parnaan de l'histoire de l'art. Son empreinte y est indélébile.

Dit de lui Patricia Sampere, journaliste intéressée par l'avant-garde artistique, et qui a omis de le compter parmi les Cinq artistes contemporains suisses qu'il faut connaître.

Pour écrire la Vie et oeuvre de Marcel Parnaan, Joan Suris donne donc la parole à ces trois témoins de cette figure de l'art contemporain, à chaque étape de son existence.

Aux yeux de tous, Marcel, qui raille l'arrogance des artistes qui se croient supérieurs au reste en leur lançant son T'es qui, toi ?, imite d'abord Robert Delaunay, puis Paul Klee, Claude Monet, Vassily Kandinsky, Jackson Pollock, Pablo Picasso, enfin des victimes contemporaines: Lionel Desforges, ré°èto, T.S. Gervais.

En fait Marcel Parnaan, ce génie des performances, n'imite pas, il incarne tour à tour chacun de ces artistes, suscitant l'incompréhension: un par an, au début, pendant cinq ans, et, après une interruption de dix ans, à la suite de l'incendie de son atelier, à un autre rythme, en s'attaquant aux plus célèbres de son temps.

À un moment, T.S. Gervais cite cette phrase tirée de son carnet de notes des Beaux-Arts:

Les bons artistes copient, les grands artistes volent.

Il omet de dire qu'elle est de Pablo Picasso, mais c'est un hommage indirect à Marcel.

En tout cas, l'art a transformé la vie de Marcel: il aura été non seulement sa raison d'être mais le véhicule de son existence, pour reprendre l'expression d'Aristide Victor.

Le dernier mot cependant, me semble-t-il, doit être laissé à Patricia Sampere qui ne doit pas trahir la pensée de son créateur romanesque:

Son commentaire tacite de l'élitisme du monde de l'art est formidable...

Francis Richard

Vie et oeuvre de Marcel Parnaan, Joan Suris, 132 pages, Presses Inverses