Henri VIII est connu pour sa volonté de couper la tête de tous ceux qui le croisaient, y compris une série d’anciens amis et intimes, voire deux de ses épouses. Vous pourriez donc penser que, pour garder la tête sur les épaules à sa cour, il vous faudrait faire preuve d’intelligence et surveiller votre langage.
Et pourtant, Will Somers, l’imbécile de la cour, a traversé apparemment sans effort les dernières années sanglantes d’Henri et les règnes tout aussi violents de ses successeurs.
Somers mourut paisiblement sous la reine Elizabeth I après une longue et fructueuse carrière à la cour des Tudor. C’est l’histoire de ce survivant que l’historien suédois Peter Andersson a entrepris de raconter dans Fool : à la recherche de l’homme le plus proche d’Henri VIII.
En écrivant un livre sur Somers, Andersson est confronté à deux problèmes assez sérieux. Premièrement, nous ne savons presque rien de Somers. Nous avons une série de mentions spontanées, d’anecdotes éculées et de notes de comptables, dont aucune n’apporte grand-chose.
Deuxièmement, ce que nous savons, c’est que son objectif était de faire rire les gens – mais la comédie Tudor n’a, pour le dire gentiment, pas bien vieilli. La punchline d’un certain nombre de blagues rappelées ici est qu’un homme pisse dans son pantalon. Comme le dit Andersson en s’excusant, « il fallait être là » – mais peut-être êtes-vous heureux de ne pas l’avoir été.
Évoquer un livre de 200 pages à partir du peu qu’il y a sur Somers est un défi de taille, et parfois les performances s’affaissent. Andersson fait appel à de nombreuses connaissances historiques et littéraires pour interpréter le monde de Somers – et même s’il est appris, il est à peu près aussi divertissant qu’un livre de blagues Tudor. Il doit ratisser assez large, en recherchant non seulement des faits solides, dont il existe peu de précieux, mais aussi des « choses qui sonnent vraies », une catégorie d’une ampleur alarmante.
Pourtant, il est sur quelque chose. Le fou de cour était, comme il nous le montre, une catégorie d’êtres étranges. Tout à fait différent du clown, qui cherche à faire rire et qui plaisante, le but du fou est qu’il tombe par erreur dans la comédie. Quiconque souhaite en savoir plus sur cette figure étrangement centrale de la vie des Tudor trouvera le livre d’Andersson intéressant.
L’animal de compagnie du roi
Comme beaucoup d’imbéciles de la cour, Somers avait la réputation d’être colérique, s’en prenant parfois à la mauvaise personne lorsqu’il était tourmenté. Il avait aussi, plus inhabituel, la réputation de s’endormir à des moments inopportuns. Aucune de ces choses ne serait tolérée un seul instant chez un courtisan normal, ce qui est probablement le point important. C’était un anti-courtisan, sa mauvaise conduite était tolérée comme celle d’un animal de compagnie. En effet, il existe une histoire qui raconte qu’il aurait couché avec les épagneuls du roi. Il n’était, nous disent les livres de comptes, qu’une présence intermittente à la cour, car on peut supposer qu’une petite sottise peut faire beaucoup de chemin.
Somers était, nous disent les portraits, imberbe comme un garçon, les cheveux coupés court comme un fou. Malheureusement, il n’aurait pas porté la coiffe en crête de coq avec des cloches que nous imaginons, mais des vêtements coûteux et distinctifs ont été confectionnés pour lui, afin de le distinguer visuellement des humains normaux de la cour.
Somers portait principalement du vert et ses vêtements étaient apparemment recouverts de boutons de soie aux couleurs vives, qui lui étaient achetés par centaines. Comme cela le suggère, il n’était pas là principalement pour ses plaisanteries pleines d’esprit, mais pour être regardé, ridiculisé et moqué.
Et, semble-t-il, des coups de pied et des coups de poing. Ce n’était pas une comédie sophistiquée. L’une des sources les plus récentes rapporte que Somers dit que le roi “m’a donné une telle boîte à l’oreille, qui m’a frappé à travers trois chambres, en bas de quatre escaliers, est tombée sur cinq tonneaux, dans le fond de la cave”. C’est un truc de Looney Tunes.
Comme le dit Napoléon de Ian Holm dans Le film Time Bandits de Terry Gilliam: la comédie, c’est « des petites choses qui s’entrechoquent ». Pas étonnant que celui d’Henri VIII musicien de cour et dramaturge John Heywood Les raisins aigres de ses propres commissions se tarissaient tandis que la cour riait encore de ce genre de choses. Ce serait comme si Shakespeare était limogé et remplacé par une troupe de lutteurs nains.
Personne n’est dupe
Mais ce qui a rendu Somers si mémorable, c’est que les courtisans ne parvenaient jamais à se décider à son sujet. Était-il, demandaient-ils à plusieurs reprises, véritablement un « imbécile naturel » ou était-il un « imbécile artificiel » ? La blague était-elle contre lui ou contre eux ? Même si le livre d’Andersson est parfois lourd, ce puzzle central l’anime et laisse le lecteur en haleine jusqu’au bout.
Prenez le mot d’esprit le plus célèbre de Somers. Un jour que le roi déplorait sa pauvreté, Somers lui dit que c’était parce qu’il employait tant de « fraudeurs, passeurs et trompeurs ». Est-ce que ce jeu sur les mots « auditeurs, géomètres et séquestres » était quelque chose que quelqu’un lui avait appris, comme apprendre à jurer à un perroquet ? Ou était-il plus vif qu’il ne le laissait entendre ?
En fin de compte, Andersson n’y croit pas. Il estime que Somers était vraiment un « imbécile naturel », « disant ce qui lui passait par la tête, tombant de temps en temps par hasard sur une formulation humoristique ou disant involontairement quelque chose qui pourrait être imprégné de comédie ». Je ne suis pas si sûr. Si ceux qui l’ont connu ne pouvaient pas déterminer ce qu’il était, il semble imprudent pour nous de porter un jugement.
La parole de loin la mieux attestée de Somers, pour laquelle nous avons trois témoins indépendants, est qu’il ne respecterait rien de ce qu’il avait dit : nous avertissant, en fait, de ne pas croire un mot de sa parole. Cela vaut la peine de s’en souvenir en lisant ce livre. La blague est-elle contre lui ou contre nous ?
Vous cherchez quelque chose de bien ? Coupez le bruit avec une sélection soigneusement organisée des dernières sorties, événements en direct et expositions, directement dans votre boîte de réception tous les quinze jours, le vendredi. Inscrivez-vous ici.
Cet article est republié à partir de La conversation sous licence Creative Commons. Lis le article original.
La conversation
Alec Ryrie ne travaille, ne consulte, ne détient d’actions ni ne reçoit de financement d’une entreprise ou d’une organisation qui bénéficierait de cet article, et n’a divulgué aucune affiliation pertinente au-delà de sa nomination universitaire.
Abonnez-vous à notre page Facebook: https://www.facebook.com/mycamer.net
Pour recevoir l’actualité sur vos téléphones à partir de l’application Telegram cliquez ici: https://t.me/+KMdLTc0qS6ZkMGI0
Nous ecrire par Whatsapp : Whatsapp +44 7476844931
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble