Ce n’est pas la première analyse a conclure que le stress et l’insomnie sont deux facteurs d’arythmie ou d’irrégularité du rythme cardiaque, cependant cette équipe du Santa Clara Valley Medical Center (Californie) et de l’Université de Washington (Seattle) révèle la force de la corrélation et l’ampleur de prévalence de ces irrégularités du rythme, après la ménopause. De nouvelles données publiées dans le Journal of the American Heart Association (JAHA) qui, en regard de l’augmentation de ce risque de fibrillation auriculaire avec le vieillissement des populations, engage à prendre en compte le stress psychosocial et les troubles du sommeil dans la surveillance cardiovasculaire.
Car selon l’analyse,
environ 1 femme sur 4 peut développer un rythme cardiaque irrégulier après la ménopause,
avec en cause, dans de nombreux cas, les événements stressants de la vie et un mauvais sommeil.
L’étude a suivi plus de 83.000 femmes âgées de 50 à 79 ans ayant renseigné par questionnaire les événements stressants de leur vie, leur sentiment d’optimisme, le soutien social dont elles bénéficiaient, leurs symptômes de troubles du sommeil et d’autres facteurs de mode et de qualité de vie. L’analyse révèle que :
- plus de 25 % des participantes ont développé des rythmes cardiaques irréguliers ou fibrillation auriculaire (FA), la condition pouvant favoriser la formation de caillots sanguins et la survenue d’un AVC, d’une insuffisance cardiaque ou d’autres complications cardiovasculaires ;
- pour chaque point supplémentaire sur une échelle de l’insomnie, le risque de développer une FA s’accroît de 4 % ;
- pour chaque point supplémentaire sur l’échelle des événements stressants de la vie, le risque de développer une FA s’accroît de 2 % ;
- l’incidence d’événements stressants de la vie et l’insomnie sont donc 2 facteurs majeurs de FA- ce qui rappelle la nécessité d’inclure des évaluations du bien-être mental dans les examens de routine de santé.
L’auteur principal de l’étude, le Dr Susan. X. Zhao, cardiologue au Santa Clara Valley Medical Center à San Jose, commente ces résultats : « Je crois fermement qu’en plus de l’âge, des facteurs de risque génétiques et d’autres facteurs de risque liés à la santé cardiaque, les facteurs psychosociaux sont la pièce manquante du puzzle du développement de la fibrillation auriculaire ».
On parle plus souvent de l’axe intestin-cerveau, mais ces scientifiques mettent exergue
l’importance de la connexion entre le cœur et le cerveau,
dans de nombreuses conditions : « La FA est une maladie du système de conduction électrique et est sensible aux changements hormonaux résultant du stress et d’un mauvais sommeil. Ces voies communes sous-tendent probablement l’association entre le stress, l’insomnie et la FA ».
Les événements stressants de la vie, le manque de sommeil et les symptômes dépressifs, l’anxiété ou le sentiment d’être dépassé par les circonstances sont des facteurs souvent interdépendants. Il est donc difficile de savoir si ces facteurs s’accumulent progressivement au fil du temps pour augmenter le risque de FA.
Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour confirmer ces différentes associations, regarder si elles sont interdépendantes et si leur effet est synergique sur le risque de fibrillation auriculaire. Mais, concluent les chercheurs,
il est probable qu’avec une durée de vie de plus en plus longue, les femmes soient confrontées à un risque plus élevé et à de moins bons résultats associés à la fibrillation auriculaire.
Source: Journal of the American Heart Association (JAHA) 30 Aug, 2023 DOI : 10.1161/JAHA.123.030030 Association Between Insomnia, Stress Events, and Other Psychosocial Factors and Incident Atrial Fibrillation in Postmenopausal Women: Insights From the Women’s Health Initiative
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