Il n'est jamais trop tard pour lancer de très bonnes séries. C'est ce que s'est dit notre rédacteur cinéma historique Michel, souvent réfractaire comme Thierry Frémaux au bindge watching; mais qui vient de faire une exeption pour rattraper l'intégrale de Breaking Bad, cette série culte qui rend tout le monde incrédule lorsqu'on a avoué n'avoir jamais jeté un oeil dessus..
Diffusée sur la chaîne américaine AMC de 2008 à 2013, Breaking Bad a été saluée par la critique internationale et est aujourd'hui considérée par de nombreux médias spécialisés comme l'une des meilleures séries de tous les temps.
Erreur réparée comme il nous l'explique ci dessous :
Harcelé par mes grands garçons sur mon manque d'intérêt pour les séries américaines autres que "Dexter" (les quatre premières saisons) et " Six feet under" ( THE BEST), j'ai enfin cédé à leur injonction de "binge watcher" "Breaking Bad" une série vieille de plus de dix années. Et je les en remercie.
"Breaking bad" ou le long et douloureux chemin de croix ( soixante-deux épisode de 47 minutes) d'un gentil, honnête et passionné professeur de chimie pour mettre à l'abri du besoin sa famille, une bonne épouse aimante et enceinte, un fils adolescent handicapé, et pouvoir payer les frais médicaux exorbitants de sa futur chimiothérapie qui devrait soigner le cancer du poumon que l'on vient de lui diagnostiquer. La cinquantaine commence vraiment mal pour Walter White.
Soixante-deux épisodes pour écrire la fable du mouton enragé face à une meute de loup.
Moralité, il apprend vite le gaillard. Soixante-deux épisodes pour conter la descente aux enfers d'un américain moyen sans grande ambition qui, touché par une grâce satanique, fera tous les "bons" choix, c'est à dire les pires, pour devenir Heisenberg, parrain omnipotent et sans scrupule contrôlant la fabrication et le trafic de méthamphétamine dans le Sud-Ouest des Etats-Unis.
Walter White, humain terriblement humain sera à la fois victime sympathique, bourreau, manipulé et manipulateur, calculateur et parfaitement détestable.
Au gré des épisodes, Walter White pourra compter sur nombres de personnages satellites et de situations scabreuses pour le faire évoluer, si tant est que l'on puisse parler d'évolution lorsque que l'on court, avec application, du bien vers le mal.
Formidablement interprété jusque dans les plus petits rôles et formidablement écrit par des scénaristes dont le spectateur se demande tout le long de la série si il faut louer leur talent ou bien les enfermer pour avoir eu des idées pareilles. Les bougres réussissent à plonger tous leurs personnages dans des situations banales ou paroxystiques sans cesser d'être réalistes et parviennent même à nous surprendre dans des morceaux de bravoure vus et revus dans d'autres films de mafia.
Cinq saisons à bord un Roller-Coaster télévisuel, soixante-deux épisodes d'émotions fortes portées par des acteurs au sommet de leur art, dans une déconstruction méticuleuse, quasiment scientifique, de l'American way of life.
Moralisme noir, très noir, par-delà le bien et le mal ou les rêveurs américains pataugeant dans le sang.
"Breaking bad" en binge-watching, reconnaissons la très bonne idée de ne durer que cinq saisons, est aussi un excellent moyen de perfectionner son accent yankee et de visiter le Nouveau-Mexique sur son canapé.
NB: J'ai emprunté le t-shirt " Los Pollos hermanos" de mon fils pour écrire cette chronique.