Qui est mort ?
Appelons-le A. Je le connaissais pour le croiser à toutes les manifestations y compris les plus minuscules. « Toujours les mêmes » était notre mot de passe. Il y a peu le journal m’a annoncé son décès et le lieu et l’heure de l’enterrement. Je me suis senti obligé d’y aller. Je n’y ai rencontré aucun des habitués des manifestations, ce qui m’a semblé curieux.
Le lendemain, je croise son sosie, et comme mon ami est enterré, je ne le salue pas. Pourtant quand nous nous sommes rencontrés à nouveau il a eu le bon goût de lâcher une plaisanterie, ce qui nous a permis de rire ensemble, ce qui rétablissait l’échange rompu par le décès de l’autre.
Mais si A n’est pas mort comment savoir avec qui je le confondais ? Faute de photo, je ne saurai peut-être jamais si je le connaissais ; peut-être ne l’ai-je jamais vu ?
Bernard Traimond