Titre : VilleVermine, T2 : Le garçon aux bestioles
Scénariste : Julien Lambert
Dessinateur : Julien Lambert
Parution : Avril 2019
Après un premier tome réussi, Julien Lambert se devait de clore son diptyque de « VilleVermine » de façon satisfaisante. Après que toutes les histoires se soient cristallisées en un lieu, nous savions déjà que tout se terminerait sans doute dans un affrontement final. C’est parti pour 80 nouvelles pages de cet univers toujours publié chez Sarbacane.
Un monde désespéré en décrépitude.
À la fin du premier tome, nous retrouvions Jacques orphelin de son pouvoir. Il n’entend plus les objets. À moins que ce ne soit les objets qui ne lui parlent plus ? L’ambiguïté demeure. Il a été charcuté par le savant fou et veut le retrouver et le forcer de lui redonner son pouvoir. Si on ajoute le gosse qui veut libérer les insectes et la jeune femme qui est toujours convoitée par le savant pour ses projets fous, on comprend vite qu’une alliance va se former pour prendre d’assaut la vieille usine.
Si vous n’avez rien compris au résumé ci-dessus, c’est normal. « VilleVermine » a un côté foutraque et original, un univers particulier qui fait toute sa saveur. C’est un monde désespéré, en décrépitude. Tout suinte, pue, rouille. Des bestioles volètent partout. Une fois encore, j’ai ressenti l’influence de « Sin City » avec ce quartier des enfants qui m’a rappelé celui des femmes chez Frank Miller. Le livre se lit avec plaisir, même si l’aspect enquête va être mis de côté pour celui de l’action.
J’ai été un peu inquiet en début de lecture. En ne pouvant plus parler aux objets, Jacques (et le bouquin) perd un peu de sa particularité. Il devient une sorte de surhomme plus classique, cherchant vengeance. Heureusement, les phases sont d’action sont dantesques, l’auteur ne faisant aucune concession à la démesure. Dynamiques, parfaitement mises en scène et en page, elles sont furieusement bien transcrites. De plus, les enjeux de chacun des personnages restent au centre de cette grosse baston finale.
Bien que l’univers de « VilleVermine », son histoire et ses personnages truculents sont de gros atouts du livre, son dessin se taille aussi une belle part dans la liste des points forts. Le style est personnel, une sorte de semi-réalisme expressif. Le trait est faussement simple tant les pages fourmillent de détails. Les décors sont particulièrement impressionnants et décrivent très bien cette ville souillée et vieillie. Du très beau travail.
« Le garçon aux bestioles » clôt ce diptyque dans le feu et l’acide. Plus orienté action que polar, il est tout aussi prenant que le premier tome et termine cette histoire de façon satisfaisante. Un bel ensemble qui, avec plaisir, aura droit à une suite bien méritée.