Jayda G n’est définitivement pas une artiste comme les autres. En effet, même si elle baigne dans des styles aussi vibrants que pop, house, disco, R’n’B et soul mais aussi, dans une moindre mesure, funk voire jazz, elle n’en oublie pas les émotions qui proviennent de chacun de ces styles finalement tellement complémentaires.
Après Significant Changes il y a quatre ans, la revoici avec un nouvel album encore plus personnel et intime – Guy, en hommage à son père William Richard Guy parti trop tôt alors qu’elle n’avait que dix ans. Et elle y a notamment incorporé des extraits sonores enregistrés quelques heures seulement sur onze cassettes vidéo avant la disparition de son père dont la vie vient nourrir les paroles des treize nouvelles chansons.
Tout s’inspire de cet homme, un Afro-américain dont la vie ressemble à celles d’autres personnes, tout en étant absolument unique. De son enfance dans un quartier du Kansas avec le harcèlement de rue et les interactions avec les autorités locales, à son mariage avant de partir pour le Vietnam à 18 ans seulement, son retour pour retrouver sa femme avec un autre, son boulot de nuit en tant que DJ dans une radio de Washington DC, les émeutes raciales de 1968, tout cela avant sa nouvelle vie au Canada où il rencontrera celle qui deviendra sa femme et la mère de Jayda…
On ne peut qu’imaginer autant le bonheur pour la jeune femme de visionner les images de son père tant d’années après, mais aussi et surtout la tristesse forcément accompagnée de larmes pendant tous ces moments tellement intenses, poignants.
Guy ne se veut pas un album cathartique, en tout cas il n’y ressemble pas. Plutôt, un album témoignage, et bien entendu hommage. Car la vie de son père, c’est également sa propre vie, en partie. Aussi Jayda transparaît-elle si naturellement au fil de ces nouvelles compositions dont elle est assurément elle-même au cœur, tant ses émotions à elle sont perceptibles.
Au-delà de l’aspect émotionnel, Guy est un album vivant, vibrant, et comme son prédécesseur il est fait pour les pistes de danse. L’aide à la production et à l’écriture d’un certain Jack Peñate résonne également comme un signe de communion des plus agréables.
(in Heepro Music, le 18/09/2023)
_
Voir aussi :