Le Livre des solutions // De Michel Gondry. Avec Pierre Niney, Blanche Gardin et Frankie Wallach.
Michel Gondry livre avec Le Livre des solutions un film semi-autobiographique où il se raconte dans ses propres névroses et ses problèmes soucis de la vie liés à son imagination débordante (et son incapacité à se concentrer sur un seul et même projet). Le Livre des solutions se veut alors une sorte d'auto-critique et de thérapie pour le réalisateur tantôt incapable d'intégrer le monde tel qu'il est et avec un narcissisme qu'il tente de soigner avec sa petite voix intérieure. J'aime beaucoup ce que le réalisateur a pu faire avec Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) ou encore Soyez sympas, rembobinez (2008) et L'écume des jours (2013) mais Le Livre des solutions m'a un peu laissé un arrière goût amer. La première heure du film est assez efficace (même si elle a ses défauts) et permet de nous offrir un spectacle jovial. Mais une fois passé cette heure, le film s'étiole rapidement et ne délivre plus grand chose de mémorable. On est dans une répétition de folies de Marc, de discussions répétitives et incessantes jusqu'à la conclusion faisant la part belle à ce que Gondry sait faire.
Marc s'enfuit avec toute son équipe dans un petit village des Cévennes pour finir son film chez sa tante Denise. Sur place, sa créativité se manifeste par un million d'idées qui le plongent dans un drôle de chaos. Marc se lance alors dans l'écriture du Livre des Solutions, un guide de conseils pratiques qui pourrait bien être la solution à tous ses problèmes...
Le Livre des solutions ne manque d'imagination. Il y a des séquences dont on peut se souvenir (le camion-tage, Max le renard qui passe réellement au milieu du film) mais le film respire un peu trop l'auto-satisfaction et au bout d'un moment c'est lassant. Pierre Niney est plutôt convaincant dans le rôle de Marc. L'acteur s'est inspiré de Michel Gondry en l'observant sur le plateau ce qui donne quelques scènes assez intéressantes teintées de folie. Blanche Gardin est quant à elle un peu le pilier du film. Elle est en retenue et offre pour une fois une prestation qui permet au film de tenir (un peu comme dans Yannick où elle était là aussi très bonne). Le Livre des solutions s'auto-critique aussi dans sa façon de gérer les techniciens qui travaillent pour lui et qui doivent subir toutes ses lubies dont une : celle pour Super U. Je n'ai pas compris cette obsession pour les magasins Super U mais je pense que Le Livre des solutions ne peut pas tout expliquer non plus.
Même si Le Livre des solutions est terriblement Gondry par son imagination débordante, son bric-à-brac d'idées visuelles qui font sa force, je trouve que le film ne raconte pas assez de choses pour tenir les promesses farfelues de certaines séquences. Dommage aussi que cette métaphore intéressante de la dépression et des névroses se transforme par moment en gros gag. Cela empêche finalement le spectateur d'être ému et le rythme est alors décousu. On attend les séquences surprenantes et l'on finit par être déçu. Le personnage le plus émouvant du film c'est finalement celui de la tante Denise incarnée par Françoise Lebrun (parfaite au passage). Pierre Niney prend beaucoup de place, trop de place en faisant ce qu'il aime faire tout en s'inspirant du réalisateur pour son rôle. L'apologie du créatif toxique est là, de façon douce ce qui évite de trop en tartiner mais je m'attendais à beaucoup mieux de la part du réalisateur.
Note : 5/10. En bref, je suis indulgent car il y a des bons points dans Le Livre des solutions mais rien ne parvient à réellement embarquer le spectateur dans une aventure comme Gondry a pu le faire par le passé.
Sorti le 13 septembre 2023 au cinéma