Titre : Le Tour des Géants
Scénariste : Nicolas Debon
Dessinateur : Nicolas Debon
Parution : Juin 2009
J’ai découvert Nicolas Debon avec « L’invention du vide » que j’avais beaucoup apprécié. « L’essai » et m’avait déçu ensuite avant que « Marathon » montre des qualités étonnantes pour narrer le récit d’une course. Je ne savais pas alors que l’auteur s’était déjà lancé dans un défi équivalent avec « Le tour des géants » qui relatait de la première à la dernière étape le Tour de France 1910, près de 100 ans après (l’ouvrage étant publié en 2009). Le tout est d’un format classique de 56 pages et est publié chez Dargaud.
Étape par étape, l’empathie s’installe.
On aurait pu le prévoir, l’ouvrage est précédé d’une préface et de photos d’archives, confirmant que la bande-dessinée peine à s’assumer encore comme médium à part entière… Le livre de Nicolas Debon est largement assez documenté pour qu’on lui fasse confiance.
« Le Tour des Géants » nous fait donc découvrir le déroulé de toutes les étapes de ce Tour de France du début du vingtième siècle. Si, au départ, on peine à se passionner face à ces coureurs inconnus, la dureté des efforts qui leur est demandé nous rattrape vite. Au bout de quelques étapes, nous voulons seulement qu’ils arrivent à bon port, qu’importe qui gagnera. Leur souffrance et le côté quasiment sadique du parcours déclenche au fur et à mesure des pages (et des jours !) l’empathie du lecteur.
Les premières étapes servent avant tout à montrer au lecteur les conditions de l’époque : le matériel, les contrôles, les changements de pneus… Au fur et à mesure, tout cela est intégré et sert la dramaturgie de la course. On se rend compte combien toutes ces contraintes de l’époque jouent sur la victoire finale. Le destin de ces coureurs ne semble pouvoir être que tragique.
Le style de Nicolas Debon se reconnaît immédiatement. Tout en matière, il est adapté à l’ouvrage. Il est cependant un peu rigide parfois et on peine à distinguer les protagonistes (tous moustachus en plus !). Mais peut-être est-ce voulu ? Quoiqu’il en soit, les tons sépias participent à l’ambiance 1910 et on se laisse porter par la narration très particulière, façon discours journalistique. Cela pourrait être lourd, mais c’est intelligemment contrebalancé par quelques scènes dialoguées.
J’étais assez dubitatif sur cet ouvrage en le commençant, mais il a fini par me happer. Avec les étapes qui s’égrènent, la souffrance des sportifs s’amplifie et l’empathie devient forte. Un bel ouvrage sur le dépassement de soi, ce qui est clairement la marque de fabrique (l’obsession ?) de Nicolas Debon. Si vous appréciez le sport au sens large, vous risque d’être happé par ce livre.