Cette histoire d’amour est celle d’une fille et de sa mère. Nella Nobili écrit à sa mère, qui repose au cimetière, « la Maison ». Le chemin de sa parole est tracé par le Mal, la douleur. « Et pourtant je l’aimais, cette petite femme dolente », et possessive. Leur amour est un « amour-blessure », un « amour-fermeture ». Je n’y cherche pas une explication. À quoi bon ? La mère est morte et, quand je lis ce livre, Nella Nobili est morte, elle aussi. Je me mets à l’écoute de ces textes courts, de cette langue puissante qui porte le mal dont elle ne peut se défaire et qui dit à la fois angoisse et désir. Qui évoque les blessures de l’enfance et la violence de l’agonie.
Au milieu de ce livre hanté ainsi par le mal, il y a ce texte qui m’a surpris :
J’aime les oiseaux, ma Mère, ils viennent des grands cimetières nous parler de nos morts, dont ils sont les seuls messagers.
Ils captent avec leur ouïe fine les désirs informulés de leurs moments extrêmes, là où toute parole s’arrête au seuil de leurs lèvres mortes.
Les oiseaux sillonnent le ciel et s’en vont, migrateurs, porter les messages des morts aux vivants.
Il faut les écouter. Il faut leur donner à manger et à boire, il faut les protéger. Il faut ouvrir les fenêtres pour mieux les entendre.
Le langage des oiseaux est parfaitement intelligible à ceux qui ont des blessures au coeur et l’oubli impossible.
À tous ceux, amants, frères, fils, parents, amis, qui sont restés veufs ou orphelins de quelqu’un.
Il faut donner aux oiseaux — du plus modeste moineau à l’hirondelle ivre, aux corbeaux en deuil, et à toutes les autres merveilleuses espèces qui ont des ailes — du pain et de l’eau car ce sont nos morts qui viennent nous visiter.
Il se peut qu’ils aient faim, qu’ils aient soif.
En novembre, aux aubes brumeuses propices aux deuils, les chasseurs assassins se lèvent pour aller tuer nos morts.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble