Les livres sont là, quel que soit l’ordre chronologique de leur écriture. C’est ainsi qu’après avoir lu Pauvre folle, publié en 2023, j’ai lu Eden matin midi et soir, publié en 2009, interprété au théâtre par Anne Steffens dont Chloé Delaume dit que c’est avec cette comédienne qu’elle a créé le personnage de la pièce. Prénom : Adèle. Avec le recul, ce prénom me fait penser à Adélaïde, la femme qui apparaît dans Le coeur synthétique. Ce qui rapproche Adèle, Adélaïde et Clotilde Mélisse, la voyageuse de Pauvre folle, c’est qu’elles ont chacune un chat, sans doute un siamois. Celui d’Adélaïde, elle l’appelle Perdition, le précédent c’était Xanax. Mais celui d’Adèle, c’est Citrouille, le même nom que le chat de Clotilde, quatorze ans plus tard. Ça ne peut pas être tout à fait un hasard. Quelque chose a changé. En 2009, Adèle se suicide : elle a voté la mort. Elle se suicide comme cela arrive toutes les 50 minutes, exactement le temps de la pièce.
Elle a voté la mort après un long débat avec ses nombreuses voix intérieures. Les voix intérieures sont aussi très présentes au moment des décisions de Clotilde, y compris celle qu’on n’attend pas et qui, finalement, emporte la décision. Quelque chose a changé : ce n’est pas la mort de Clotilde mais plutôt d’une histoire, de souvenirs, la fin du monde en d’autres termes.
Et ce n’est pas la solitude qui l’attend : demain, elle appellera ses ami.e.s.