Bien que sa réalisatrice s’en défende, Sakuran est un film plus visuel que littéraire. Adapté d’un manga, le film est bâti sur une trame des plus classiques, retraçant l’existence d’une jeune femme amenée à devenir une célèbre oiran, sorte de very important geisha. Grandeur et décadence, amours impossibles, tout y passe. Et c’est la force de la mise en scène que de parvenir à nous faire oublier que l’on a déjà vu ça mille fois, dans le monde des courtisanes ou ailleurs. Le film bénéficie également d’une bande originale étrangement cosmopolite et hétéroclite, du rock’n roll au tango en passant par des musiques plus traditionnelles.
À la tête du film, l’actrice-chanteuse-starlette Anna Tsuchiya, vue notamment dans Kamikaze girls, confirme un tempérament explosif et transmet son énergie débordante à l’ensemble du casting. Sans rien montrer ou presque, Sakuran est un grand moment d’érotisme, notamment par les charmes de son interprète principale. Toutefois, on aurait pu espérer que la présence de femmes derrière la caméra et à l’écriture fournisse un regard un peu plus singulier que cela sur la drôle de condition des courtisanes. Il faudra se contenter d’une métaphore animalière – oiran = poissons rouges, qui courent à leur perte s’ils se risquent hors du bocal – pour toute réflexion. Cela constitue les limites d’un film plein de fraîcheur mais manquant d’épaisseur.
7/10