L’autofiction, selon Chloé Delaume

C’est avec Corpus Simsi, publié en 2003, que j’ai découvert Chloé Delaume. Elle y avait créé un avatar dans un jeu sur internet, les Sims : « incroyable sensation de maîtrise : le pouvoir de vie ou de mort sur notre créature, le contrôle du temps ».

Quelque temps plus tard, lisant Les juins ont tous la même peau, en 2005, j’ai appris d’où Chloé tenait son prénom, et surtout qu’elle avait décidé très tôt, au contact de la littérature et de Boris Vian, de ne pas faire des métaphores mais d’être une métaphore.

Elle poursuit son exploration et son expérience  avec le livre intitulé Dans ma maison sous terre, publié en 2009, où elle affirme que, s’il y a autofiction, ce n’est pas en se mettant complaisamment au centre d’une histoire, c’est en construisant livre après livre cette femme, survenue en 1999 dans le corps d’une femme née en 1973. 

Clotilde Mélisse m'apparaît dans un texte écrit pour le théâtre, Au commencement était l’adverbe, en 2010.Clotilde dit ce qu’est pour elle l’autofiction :« C’est une expérience littéraire. Faire de sa vie un roman, et faire un roman de sa vie. Mêler le réel et la fiction, injecter l’un dans l’autre, vice et versa, touiller, obtenir des instants et des précipités. » (…) « C’est moi que je mets en scène. Ce que je crée de toutes pièces c’est la situation dans laquelle j’évolue.»

En 2012, le titre même de son roman, Une femme avec personne dedans, est à double sens : y a-t-il une personne ou n’y a-t-il personne dans cette femme ?

Clotilde Mélisse est, dans le livre publié en 2020, Le coeur synthétique (Prix Médicis), une amie d’Adélaïde, qui écrira l'histoire de celle-ci.

Elle est enfin le personnage principal du roman qui vient de paraître, Pauvre folle, où elle estime que « pour faire de l’autofiction il faut d’abord aller jusqu’au bout du réel, pour pouvoir s’en remettre ensuite à l’écriture avec ce qu’on y a trouvé ».

(photo © Bénédicte Roscot)