Astrales Semaines

Aujourd'hui, il y a une semaine, commençait une des plus longue journée de notre vie. Sur le chemin du retour. Sommes encore sur un certain décalage de notre retour d'Hawaii.

Nous étions partis du 3 août dernier à dimanche, le 20. Avons fait les îles d'Oahu et oui, celle de Maui, qui a brulé la ville de Lahaina au complet.

Les 8 et 9 août, quand la tragédie est survenue, nous étions à Oahu. On ne nous as pas empêché d'aller ensuite à Maui pour trois raisons. La première étant que nous allions être sur l'autre rive, Kihei. La seconde parce que notre avion de retour à la maison partait de l'aéroport de Maui. Si nous devions éviter d'y aller, ça devait venir de la compagnie aérienne qui aurait alors annulé nos vols. La dernière, probablement la plus importante, le tourisme nous voulait. On nous l'a souligné plusieurs fois, dans nos excursions et ailleurs. Il fallait continuer de faire rouler l'économie et tenter de retrouver un semblant de vie normale après l'équivalent d'Hiroshima/Nagasaki pour les gens de Lahaina. 

C'était troublant tout ça pendant 24 heures on a cherché à savoir si on allait toujours à Maui. À se demander aussi si c'était la chose à faire. Avoir du bon temps dans l'horreur.

Mais on a bien fait 10 jours à Oahu et 6 autres à Maui. Avec quelques ajustements nécessaires, les feux fermant des routes, un restaurant prévu, celui du batteur de Fleetwood Mac, ayant brûlé et une excursion annulée/remboursée/remplacée par une autre. On a quand même trouvé de la magie sur place en famille. Nous sommes partis croyant voir beaucoup de poissons et si chanceux, quelques tortues. Au final on aura vu autour de 70 tortues, dont une cinquantaine le même soir, et quelques poissons, beaucoup moins que prévus.

En 2007, nous avions gardé un fameux souvenir de notre passage à Hanauma Bay où il y avait des tonnes de poissons de toutes les couleurs, et avions aperçu une tortue en fin de journée, parmi les poissons. Cette fois, nous sommes retourné à Hanauma Bay pour y trouver un phoque mais aussi sommes allé sur une plage où 4 ou 5 tortues se reposaient sur la plage. D'énormes tortues et quelques bébés. Ce jour-là, nous sommes allé faire la périlleuse route de Hana, une fabuleuse journée. Quand le soleil a commencé à descendre, on est repassé par la même plage, à la suggestion de l'amoureuse. Excellent idée. Elles étaient maintenant 18 à se reposer sur la plage. Et la demie-heure où nous y sommes restés, emerveillés, une trentaine d'autres sont sorties de l'eau pour venir s'échoir sur la plage sous nos yeux. Nous faisant comprendre que la lumière du jour les guidait sous l'eau, eux qui n'ont déjà pas une bonne vision. Faisant du snorkeling, j'ai fait un involontaire face à face avec une de ces tortues, qui s'est vite retournée pour aller se cacher et se faire passer pour une roche. Notre fille, alors qu'on se lançait le mini ballon de football dans le pas creux de la mer, a reçu, dans le derrière des genoux une tortue, ce qui l'a fait tomber à califourchon sur la carapace de celle-ci. On en a bien ri après s'être assurés que tout était ok avec la tortue (et ma fille).

En allant voir des eucalyptus, on a aussi trouvé un trou sur le bord du chemin qui devenait un tracé dans une forêt de bambou, suivant une rivière. Ça débouchait sur un petit coin de paradis terrestre. Fameuse surprise.

Les couchers de soleil, à Hawaii, y sont tout simplement hypnotisants.Si Oahu était très américanisé, touristique, asiatique et surpeuplé, Maui avait des airs des plaines d'Australie ou d'Afrique. Du moins, ce que je m'en imagine, n'y étant jamais allé. Il y avait  beaucoup de quartiers très chics. Y ont des propriétés la descendance de David Bowie, Steven Tyler d'Aerosmith, Oprah Winfrey,  Matthew McConaughey, Jeff Bezos, Woody Harrelson, Owen Wilson, Willie Nelson, Clint Eastwood, Pierce Brosnan et Carlos Santana. 

Pour la première fois (ever ?) je n'ai pas lu une seule ligne d'un livre. J'en avais apporté 3. Un en cours, et deux autres. C'est mon rythme sur 18 jours, quand je ne suis pas en vacances. J'en ai même pris 2 autres dans des boites de livres gratuits, un à Oahu, un à Maui. Non, cette fois-ci j'ai privilégié le balado comme moyen d'évasion, dans l'évasion vacancière. Le balado du 1001 Album Club. Qui va encore durer longtemps. Et qui pousse vers la découverte musicale. De manière amusante.

  J'ai fait de longs moments avec un album précis en l'oreille que j'ai joué et rejoué tellement il me fait toujours planer. Astral Weeks de Van Morrison. Un bijou pour mes oreilles et mon âme. Un album qui est aussi un voyage en apesanteur pour moi, tout le temps. Ironiquement, sur le bateau qui nous amenait à Turttletown pour aller zyeuter d'autres tortues de (pas trop) près, la musique pour s'y rendre était un best of  Van Morisson. Pour le retour, les organisateurs avaient opté pour un best of  Crosby, Stills, Nash & Young et Strange Brew quand l'alcool a été servi. Concept. Du bonheur pur.C'était culpabilisant de refaire le plein intérieur quand tout près, on se vidait de toute vie. C'était même cruel. Injuste. Mais avec le temps, l'âge, on comprend que le monde est comme ça, cruel, injuste et parfois immonde.

Une chose que Van Morrison lui-même n'a pas pleinement compris ni accepté pendant la pandémie se comportant comme le pire des covidiots. Lui et Clapton. Clapton, on le sait idiot depuis longtemps. Mais Van, c'était une surprise pour moi. 

Un Irlandais pète les plombs plus facilement que quiconque. Mais pour chaque dynamite Morrison, il a du flegme Brosnan ou du charme Edgar-Jones.

 La famille Jones a eu des étoiles plein les yeux pendant 18 jours. 

On sort petit à petit du décalage horaire qui nous faisait reculer de 6 heures à Hawaii, mais redirigeait de 3 heures, à Vancouver et nous plongeait dans les errances incompétentes d'Air Canada. Ça va peut-être toutefois nous donner une valise gratuite. Ou 200$.

On a enregistré physiquement et mentalement, de la belle magie mémorable.

On s'est soudé les coeurs. 

On a créé de l'or.

On a ronronné avec ce phoque qui s'est fait bronzer près de nous.

On a transcendé nos craintes d'enfants et nos pêchés d'adultes. 

Dans des semaines astrales. 

Croisées dans nos ADN.

*Toutes les images sont de moi, tirées de notre passage.