Encore un focus sur des romans qui sortent lors de cette rentrée littéraire de 2023 !
Mais cette fois ci on vous parle de livres lus en grand format et qui sortent au format poche !
Découvrez La rentrée des poches à travers trois de notre coup de coeur
1. Samourai; Fabrice caro -Folio" Je grimpe d'un cran dans la déprime en constatant qu'elle est plus belle que jamais, et les filles deviennent-elles plus belles parce qu'elles nous quittent ou avions nous fini de voir qu'elles étaient belles et c'est la raison pour laquelle elles finissaient par nous quitter ?"
Alan, le personnage principal du roman, s'est fait larguer par Lisa. Avant de le quitter pour un universitaire spécialiste de Ronsard, elle lui a conseillé d'écrire un roman sérieux.
Au bord d'une piscine qu'il " garde " pour ses voisins, Alan explore les pistes d'un roman sérieux.
Origine familial ou enquête reprenant un faits divers (à la Philippe Jaenada ? c'est ce que je me suis demandée mais je ne sais pas si l'auteur avait cette référence en tête), plus notre auteur veut être sérieux et plus il est drôle.
Fabrice Caro est né en 1973, nous avons donc pas mal de références communes, ce qui avait provoqué déjà quelques éclats de rire dans Le discours.
Il met en scène invariablement des anti-héros et j'ai plus d'appétence pour les anti-héros que pour les femmes fortes qui survivent à tout (un peu un modèle dominant de notre époque).
Grâce à ses dialogues imaginaires avec Claire Chazal, sa scène aux toilettes (décidément il est très doué aux toilettes)), son cinéma intérieur et permanent face au quotidien pourtant au départ le plus banal, Samouraï m'a beaucoup fait rire !
Non seulement Fabrice Caro a le don pour décortiquer ses semblables et les travers de son époque mais quand il m'entraine dans ses scénarios à partir du quotidien le plus banal, c'est drôle et j'en redemande !
Le Fabcaro romancier- plus sensible, plus pudique, (un peu ) moins absurde- est définitivement différent du Fabcaro auteur de BD mais on adore les deux... son dernier roman en date #samourai sur un romancier qui tente en vain d'écrire un roman sérieux est un régal du genre..
J'ai retrouvé la petite musique si particulière à Fab Caro : un balancement constant entre dérision et tendresse, entre capacité à décortiquer avec mordant les travers de notre époque et une douceur qui évite tout cynisme.
Et puis on le dit à chaque fois et on l'a encore dit encore il y a deux jours avant son nouveau roman paru en grand format, mais c'est une évidence, Fabrice Caro a un sens incroyable de la formule !
Non seulement Fabrice Caro a le don pour décortiquer ses semblables et les travers de son époque mais quand il m'entraine dans ses scénarios à partir du quotidien le plus banal, c'est drôle et j'en redemande !
2. Canoés, Maylis de Kerangal (Folio)🛶J'ai longtemps pensé que les nouvelles c'était pas trop mon truc : à peine installé dans l'histoire, l'auteur nous en éjecte.
🛶Mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et les contre-exemples se sont multipliés ces derniers temps. Dernier en date : ce très beau recueil de Maylis de Kerangal.
🛶Le mot "canoë" revient dans plusieurs nouvelles mais c'est un peu une fausse piste car les intrigues ne se passent pas dans l'eau.
Ces nouvelles ont toutes un même fil conducteur : toutes parlent de voix.
"De jour ça avait de la gueule, c'est vrai [...]. Les travellings panoramiques de western, ceux que l'on regardait le mardi soir en éteignant la lumière du salon pour faire comme au cinéma mais les bandeaux qui ajustaient le format du film sur l'écran de la télé avaient disparu et soudain j'étais dans l'image."
La voix qu'on n'a plus, une fois la bouche grande ouverte sur le fauteuil du dentiste (vous aussi, il vous pose des questions, quand vous êtes dans l'incapacité de sortir autre chose que des sons étouffés ?), celle qu'il faut rendre plus grave pour rentrer dans un certain moule (à la radio), celle qui change, celle qui reste même quand la personne n'est plus là, celle qui devient cri dans un rite de passage. 🛶Si j'ai une préférence pour
Un oiseau léger (l'histoire d'un homme qui ne veut pas effacer du répondeur la voix de sa femme morte cinq ans plus tôt), Mustang (qui se déroule dans le Colorado) et Bivouac (où je me suis retrouvée sur le fauteuil du dentiste), j'ai été touchée de bout en bout par l'écriture de l'écrivaine et par sa capacité à retranscrire toutes les sensations.
" Parce qu'en ce bas monde, on a grand besoin de l'amour de toutes les personnes qui en éprouvent pour nous, tu ne crois pas ? "
Octobre 1966. William Lavery, dix-neuf ans, vient de recevoir son diplôme.
Il va rejoindre, comme son père et son grand-père avant lui, l'entreprise de pompes funèbres familiale.
Mais alors que la soirée de remise des diplômes bat son plein, un télégramme annonce une terrible nouvelle : un glissement de terrain dans la petite ville minière d'Aberfan a enseveli une école.
William se porte immédiatement volontaire pour prêter main-forte aux autres embaumeurs. Sa vie sera irrémédiablement bouleversée par cette tragédie qui jette une lumière aveuglante sur les secrets enfouis de son passé. Pourquoi William a-t-il arrêté de chanter, lui qui est doué d'une voix exceptionnelle ? Pourquoi ne parle-t-il plus à sa mère, ni à son meilleur ami ? Le jeune homme, à l'aube de sa vie d'adulte, apprendra que la compassion peut avoir des conséquences surprenantes et que porter secours aux autres est peut-être une autre manière de guérir soi-même.
Un roman puissant et plein d'espoir sur le pardon et la fragilité du bonheur d'une romancière qui a mis beaucoup d'elle même dans ce récit et dont le père était responsable d'un crématorium ....