Pourquoi avons-nous tant de mal à tourner la page des vacances ? Chaque année, cette ritournelle revient en boucle. Non sans une certaine hâte que l’automne pointe le bout de son nez – si possible accompagné d’un bel été indien – dire au revoir à la période estivale reste un rituel douloureux pour beaucoup. Comme si la rentrée sonnait la fin de cette parenthèse enchantée que nous accordons volontiers à notre enfant intérieur. Histoire de souffler avant de revenir en apnée, ainsi qu’aux responsabilités reléguées au placard le temps de quelques semaines.
L’automne, comme le printemps, marque le début d’un nouveau cycle : à la différence que le romantisme des feuilles mortes nous renvoie surtout à l’image crépusculaire des dernières lueurs du jour, contrairement au renouveau préalable à la belle saison. Les fleurs se fanent au lieu d’éclore. Le ciel se voile, les jours reculent à mesure que l’hiver approche. Cette mélancolie ambiante nous rappelle à chaque instant le temps qui passe et la finitude de toute chose. Aussi belle fût-elle. L’automne, c’est la vie qui s’éteint et poursuit son cours, avec ou sans nous. De quoi mettre le moral de certains complètement à plat. Il n’en est rien pour d’autres, qui préfèrent s’adonner à de nouvelles perspectives pour échapper à leur condition humaine. Et ils ont bien raison puisque c’est l’essence même de la rentrée. Le tout en appréciant chaque saison pour ce qu’elle a à nous offrir, sans attendre des jours meilleurs qui ne viendront peut-être pas.
Ce climat marque aussi le temps de l’introspection. Rien à voir avec les bonnes résolutions du jour de l’an où l’hirondelle ne fait pas le printemps. De la contemplation, aussi. Du plaisir de profiter des températures encore clémentes, alors que les feuilles déjà tombées n’auront pas la chance d’apprécier les premiers flocons. Si le printemps chante la renaissance, l’automne célèbre quant à lui ce qui n’est plus… mais aussi ce qui perdurera encore jusqu’au prochain. Et c’est peut-être là tout son pouvoir hypnotique.