Située au cœur de Paris, sur les rives de la Seine, inscrites au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO, la Conciergerie est un des plus anciens vestiges du Palais de la Cité, résidence et siège de pouvoir des rois de France au Moyen Âge.Un concierge, nommé par le roi pour assurer la justice dans le palais, transforme une partie du Parlement de Paris en prison vers la fin du XIV°, transformation à l’origine de l’appellation "Conciergerie". A partir de là elle sera l’une des prisons les plus importantes de Paris, devenant un haut lieu de détention pendant la Révolution française avec l’installation du Tribunal révolutionnaire en mars 1793 dans la Grand’ Chambre du Parlement de Paris, rebaptisée salle de la Liberté.
La première photo montre le bureau du greffier dont le livre dans lequel il enregistrait entrées et sorties est posé sur la table.Les prisonniers célèbres de cette période sont le comte de Montgomery (1574), Ravaillac (1610), la marquise de Brinvilliers (1676), le légendaire brigand Cartouche (1721), le régicide Damiens (1757) et la comtesse de la Motte (1786), Marie-Antoinette (août 1793).
Elle y est gardée « à vue » par deux gendarmes, jour et nuit, postés dans sa cellule, derrière un paravent qui ne lui confère pas d’intimité ni la moindre tranquillité. Les hommes vivent leur vie sans retenue, bavardant entre eux, jouant aux cartes et fumant. C’est à peu près la même situation que connue Olympe de Gouges et qui est racontée dans le spectacle auquel je fais référence plus haut.Le procès s’ouvre le 14 octobre. Outre les reproches liés à la trahison et la dilapidation des fonds de la Nation, l’ex-reine est accusée d’inceste sur son fils, le jeune "Louis XVII". Indignée, elle en "appelle à toutes les mères" et à leur compassion. Le 16 octobre, à quatre heures du matin, après 20 heures de débats ininterrompus, le verdict de mort tombe, suivi de l’exécution à 12h15 place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) d’une femme devenue vieillards à seulement 37 ans.
De sinistre réputation, la Conciergerie est souvent perçue comme le nouvel "enfer des vivants", comme on appelait la Bastille avant sa démolition : une antichambre menant inévitablement à la mort, particulièrement pendant la Grande Terreur (avril à juillet 1794). Les suspects, transférés depuis d’autres prisons n’y sont incarcérés que pendant quelques jours en attente de leur comparution devant le Tribunal révolutionnaire.Parmi eux, les Girondins (députés de la convention mis en accusation par les Montagnards), Antoine Lavoisier (père de la chimie moderne), André Chénier (poète), ou encore Danton, lui-même à l’origine du tribunal révolutionnaire.
De nombreuses femmes sont également jugées pour leurs idées comme notamment Olympes de Gouges (auteure de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, guillotinée en novembre 93), Charlotte Corday (meurtrière de Marat) et Manon Roland (femme politique devenue égérie des Girondins).
Enfin, Robespierre, passe ses dernières heures dans la prison et est exécuté le lendemain, sans procès.
Au pire moment de la répression, au printemps 1794, jusqu’à six cents hommes et femmes s’entassent dans des cellules sales et surpeuplées, étroites et obscures. La salle dite "des noms" comporte les patronymes des prisonniers les plus connus et ses murs font froid dans le dos.
Après la Révolution, la Conciergerie demeure une prison, plusieurs fois réaménagée pour des raisons de sécurité, mais aussi pour améliorer un peu les conditions d’incarcération. Les détenus célèbres et ceux considérés comme des menaces particulièrement dangereuses pour l’ordre public s’y succèdent : du chef chouan Cadoudal en 1804 à l’anarchiste Ravachol en 1892, en passant par le maréchal Ney, condamné pour son ralliement à Napoléon Bonaparte en 1815, et même le neveu de ce dernier, Louis Napoléon, futur Napoléon III.