16 avril 2025

Splendeurs et misères de la vie politique locale


C'est une aventure permanente, la vie d'élue locale. 

Hier, par exemple, je participais à l'inauguration d'un salon dédié aux jeunes et aux moins jeunes, consacré à la prévention : prévention contre les maladies en tout genre, contre les conduites à risque, prévention contre l'inévitable dégénérescences de nos cellules. Un salon dédié à notre chère sécurité sociale, en quelque sorte, vantant les vertus du sport et de la modération pour les apéros. De salut public. 

Hier soir, j'enchaînais avec la remise d'un label pour les petits joueurs de foot de ma ville. Là encore, bel esprit, tolérance, respect, plaisir, convivialité, vivre-ensemble. Les gamins étaient fiers, dans leur survêtement plein de logos des sponsors locaux, les dirigeants de la ville pointaient du doigt la bonne volonté de ville, mais le manque d'investissement du gouvernement pour le sport local. Tellement vrai...Mais tellement beau, aussi, de voir les parents, les bénévoles, les entraîneurs, tous mobilisés pour l'éducation par le sport, éducation populaire s'il en est. 

C'est la noblesse d'un engagement local. Mardi dernier, on avait aussi une réunion publique, je vous en avais parlé...ou encore, jeudi, une inauguration de centre social. 

Et aujourd'hui...Misère...j'ai reçu un mail de Bruno Retailleau. 

Voilà des vicissitudes dont je me passerais bien. 

En tant qu'élue locale, je suis ciblée par sa campagne pour se faire élire président des Républicains. Je ne suis clairement pas la cible, pourtant...

La prose est surprenante : elle parvient, sans que cela ait l'air d'un oxymore, à mettre côte à côte "autorité" et "liberté". Autorité avant liberté, quand même. La lettre pourrait bien sûr être co-signée par un membre du RN. Tout y passe : la pensée unique de la gauche, son politiquement correct et les reniements de la droite pour plaire à ces mous du genou. On parle de fierté d'être Français, de renouer avec le peuple de droite, d'offrir une maison commune à toute la droite. 

Et c'est quand même, et surtout, du blabla sans but et sans idée. 

Je ne sais pas à qui cela s'adresse, mais je me serai bien passée de trouver cela dans ma boîte mail d'élue de gauche dans une ville de gauche...



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10 avril 2025

Saint-Exupéry




Les hasards de la vie politique locale, ce sont des petits moments d’émotion volée. 


Ce matin, il y avait un préfet, un ruban à couper, il y avait les habitants du quartier et les travailleurs du centre social. Il y avait des petits fours et un coup à boire. C’était l’inauguration du Centre Social. 

Les enfants, des maternels, tout petits, tout mignons, ont touché notre coeur, en chantant, en interprétant Le Petit Prince, délicatement, tendrement. C’était un moment de grâce. 

Ce conte, de Saint-Exupéry, est un condensé de fables, de petites leçons métaphoriques et délicates. Qui sont ces personnages étranges, le géomètre, le roi sans sujet, l’allumeur de réverbère ? Je sais qu’en maternelle, on est loin d’accéder au contenu philosophique de ce livre. 

J’ai pensé à Elisabeth Borne qui voulait, l’autre jour, que les maternels pensent déjà à leur orientation professionnelle. Et je me suis dit qu’à cet âge là, il n’y a que la poésie qui devrait avoir le droit de cité dans ces petites têtes. 

Souvent, je le lis avec mes 6e au collège. J’ai parfois la surprise d’entendre des sanglots étouffés quand le Petit Prince demande au serpent de le ramener chez lui. Je les vois s’interroger. 

Quand je relis ce livre aujourd’hui, je lis encore une autre histoire. 

La symbolique est forte, pour un Centre Social dans un quartier prioritaire, de se nommer Saint-Exupéry. À travers l’histoire du Petit prince, on donne aux enfants qui viendront ici, le droit au rêve, à l’imagination et à l’art, à l’épanouissement, à l’amitié. Le droit à la différence, au voyage, à l’altruisme. A l’engagement, aussi. 

C’était un moment de grâce, cette inauguration, au milieu de ce monde tellement éloigné des valeurs portées par ce grand navigateur, ce résistant, cet artiste, cet aventurier de Saint-Ex. Dans un monde où l’on érige les frontières en barrières douanières infranchissables, où l’on veut exclure, ostraciser, où l’on rejette l’autre, qu’on veut exiler l’OQTF à l’autre bout du monde, un peu de paix, un regard naïf posé sur les choses par un enfant venu d’une autre planète, c’est salutaire.

Et puis un centre social, "c'est véritablement utile, puisque c'est joli". Surtout celui là, surtout après cette belle restauration. 
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8 avril 2025

Ma ville


Ma ville sent les hydrocarbures, 

Elle est parcourue chaque jour

Par des milliers de voitures.

Ce soir, nous avions une réunion publique, 

Animée, passionnée. 

Les gens, cette ville qui sent les hydrocarbures, 

Ils l'aiment d'amour. 

Pourtant, ils ont des mots durs : 

Les gens roulent trop vite, partout, il y a des ordures. 

Les gens sont dégueulasses, 

Mais moi, je ramasse. 

Le bruit des motos, les oreilles qu'on nous casse, 


Les dealeurs, au coin des rues, les chiens de la casse...

Mais si tout le monde y met du sien, 

Si l'on se tend la main, 

Si, aux jeunes, on apprend ce qui est bien, 

Alors, tout ira mieux, demain. 

Moi aussi, j'aime ma ville. 

Chaque jour, je la sillonne, 

À pied, 

En voiture, 

Avec mon chien. 

J'aime son architecture 

Diverse, 

Bigarrée,

Inégale. 


J'aime ses trottoirs usés, 

Ses commerces à l'ancienne, 

Ses arbres tordus. 

J'aime surtout les gens qui y vivent, 

Qui disent quand ça ne va pas, 

Qui disent ce en quoi ils croient et pourquoi, 

Pour rien au monde, 

Ils changeraient d'endroit. 

Je viens d'ailleurs, pourtant, moi. 

Mais je comprends qu'on aime cette cité industrieuse, 

Traversée par les usines de briques et par le Doubs. 

Du rouge, du bleu et le vert de l'espoir. 

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7 avril 2025

Ça m'énerve


Il y a de quoi être à fleur de peau, en ce moment, non ? 

Ce qui m'énerve, ce qui m'agace, c'est l'impression de perdre complètement tous mes repères. Déjà quand le RN avait soutenu Israël, déjà quand Bardella était allé sur les lieux du massacre du 7 octobre, déjà quand Trump avait déclaré son amour pour Poutine, déjà quand le président du monde libéral avait complètement niqué le système en augmentant les droits de douanes...Déjà...ça m'agaçait. 

Mais alors là, quand Marine Le Pen se met se prendre pour Martin Luther King devant une foule clairsemée, mais bien blanche, tout de même, ça m'énerve, vraiment, ça m'escagace !

Ce n'est pas tant que le premier parti d'extrême droite de France n'a rien à voir avec le combat pour les droits civiques dans les années soixante, aux États Unis...Ce n'est pas tellement que les droits civiques des Noirs américains sont aujourd'hui remis en cause par la politique fasciste de Trump et que le RN serait plutôt du genre à applaudir des deux mains...Ce n'est pas tellement que Marine Le Pen a plutôt plus de points communs avec le Ku klux klan qu'avec Rosa Parks. 

C'est quand même un peu tout ça. 

Mais...c'est surtout que se référer à une grande figure de la lutte des droits quand on vient de se faire condamner pour avoir piquer dans la caisse, il ne faut pas avoir beaucoup de fierté. 


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3 avril 2025

Marine ou pas, ce n'est pas le débat ?


Un petit billet pour répondre à Nicolas, qui sous mon billet d'avant-hier, disait que le mal était fait auprès des gens, à propos du RN.

Je ne suis pas sûre que les gens aient vraiment envie de prendre pour une victime quelqu'un qui a passé des années à piquer dans la caisse. Des sondages montrent plutôt le contraire. Par contre, une certaine catégorie de la population est attirée par une sorte de "trumpisation" de la société, c'est un fait.

Nous aurons un test, grandeur nature, a priori - si notre président ne juge pas approprié de nous déclarer en état de guerre - pour les élections municipales, dans un an. 

La politique locale ne se soucie pas tellement des affaires internationales. La guerre à Gaza, celle en Ukraine, les relations entre Trump et Poutine, cela n’aura pas beaucoup d’impact sur les résultats. 

Par contre, la politique nationale, la situation de la France, la crise économique que nous traversons, cela en aura. Ce qui aura de l’importance, aussi, ce sont les valeurs portées par le temps. Ce que je veux dire par là, c’est que le monde dans lequel nous vivons influera sur le scrutin. Le monde de CNews, de Pascal Praud et de Trump. Le monde dans lequel les gens regardent les chaînes d’info sur leurs immenses télé 10 heures par jour. Le monde anxiogène où le moindre fait divers prend des proportions folles, juste parce qu’il est répété 10 fois par jour.

C'est l'année prochaine, aux municipales, que nous verrons si la condamnation de Marine Le Pen a un impact ou pas. De l'eau va encore passer sous les ponts. Mais je crois que la politique s'attache assez provisoirement aux personnes, pour finalement en revenir aux idées. Et qu'un Bardella vaut bien une Le Pen. 

Les idées facho avancent inexorablement. Par fainéantise, par manque de conscience politique, par la tendance naturelle de l'homme à s'attacher plus au bruit des motos sous ses fenêtres qu'aux analyses sociologiques pointues. Nous nous attachons bien plus, c'est normal, au pouvoir d'achat en berne, au manque de médecins dans les campagnes, au sentiment d'injustice quand un petit délinquant de quartier sort de prison...C'est humain, mais c'est aussi l'échec des politiques depuis des années. C'est un mal profond. Nous nous soucions assez peu du climat, finalement, parce que les conséquences sont plus lointaines que celles causée par l'imbécile qui terrifie les braves gens dans la rue, là en bas de chez toi. Et nous n'avons que faire des droits de douanes imposés par Trump, même s'ils auront peut-être un impact direct sur le prix du sucre, du café ou du chocolat que nous trouvons de plus en cher quand on fait nos courses. 

Avec une collègue encore plus politisée que moi, ce midi, en terrasse, nous nous étonnions du peu de retentissement de la grève d'aujourd'hui, dans l'éducation nationale. Et elle me disait que pour en avoir parlé en salle des profs, elle constatait que certains collègues avaient du mal à faire le lien entre la politique nationale et notre situation dans l'établissement. C'est un peu pareil pour tout, je crois. Et le succès des politiques populistes vient de là...


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1 avril 2025

L'inéligibilité, c'est pas le bagne...

 


Heureusement que le jugement de Marine Le Pen n'est pas tombé aujourd'hui, on n'y aurait pas cru. 

Pour le reste, il n'y a rien à en dire : c'est une décision de justice. La remettre en cause, voilà ce qui attaquerait les fondements de notre démocratie. Rappelons la base : la démocratie repose essentiellement sur la séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. Dès que l'on concentre les pouvoirs, dès que le politique flirte avec la justice, l'histoire l'a montré à plusieurs reprises, nous entrons dans autre chose que la démocratie : la dictature, l'autoritarisme, le despotisme. C'est un fait. 

Alors oui, Marine Le Pen a été condamnée. 

Et c'est pas le bout du monde : pour les millions d'argent public détournés, deux ans avec un bracelet, ça va. Et l'inéligibilité, ma foi, la vie est vaste, il faudra l'envisager autrement qu'en se présentant aux élections, dans les 5 ans qui viennent. 

Moi, par exemple, en ce moment, je ne sais pas encore si je me représenterai aux élections. Il faut dire que je traverse une crise de confiance, et que je ne suis pas sûre d'en être digne. Je me pose plus de questions que Madame Le Pen, c'est sûr. Mais il est normal de se les poser, je trouve. C'est assez sain, même si je ne suis pas toujours sûre d'être très saine d'esprit. 

Quand on se présente aux élections, je crois qu'il faut le faire avec une haute idée de ce que cela représente. Il faut aussi avoir en permanence en tête que l'on peut ne pas être élu et que c'est normal. Et que l'on peut être inéligible dans certains cas. Ce sont les règles du jeu. 

Je comprends pourtant que Marine peut l'avoir mauvaise : sa mine fait peine à voir, depuis hier, la mâchoire déformée, le visage crispée. Mais l'avenir de son parti et de ses idées, malheureusement ne sont pas plus morts que lorsque son père est mort. Réalisons ensemble qu'elle passe une sale année. 

Ce qui est un peu plus gênant, à mon avis, c'est qu'elle soit reçue dans les médias, qu'on l'a plaigne, qu'on la soutienne. Qu'on lui offre encore des tribunes. Alors qu'elle est bel et bien coupable. Et pas d'une broutille, pas d'un fait anodin, non. On parle de plus de 4 millions d'Euros par an, pendant 11 ans. Quand on fait de la politique, on peut vite perdre le sens des réalités. Mais il s'agit d'argent public. 

Je ne comprends pas grand chose aux chiffres, j'avoue. Mais on a voté le budget hier soir au conseil municipal. 4 millions d'Euros, c'est considérable : pour comparaison, pour une ville de presque 15 000 habitants, on a voté un budget d'investissement d'un peu plus de 4 millions. Avec ça, on va faire des tas de choses : réaménager des quartiers, mettre des jeux pour enfants, refaire des routes, planter des arbres, améliorer nos pistes cyclables, soutenir les maraîchers de la ville, rénover des bâtiments, les isoler, refaire des toits, des chauffages, aider des commerçants à s'installer, soutenir l'économie locale et le BTP, animer notre ville...Et j'en passe et des meilleurs. L'argent public est fait pour ça, pas pour payer des faux assistants parlementaires ou le majordome du papa de la patronne du parti. 

Quel retournement des valeurs, de faire croire aux gens qu'on veut les priver de démocratie, alors que c'est justement le contraire que cette décision de justice vient sanctionner !




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26 mars 2025

Hitler à une bar-mitsva...


Vous avez des souvenirs de vos cours de 3e, en histoire ? Moi oui. Il faut dire que je révise un peu chaque année avec mes élèves qui passent le brevet. Ce qui est fou, c’est qu’on apprend toujours les mêmes choses que quand j’avais 14 ans : la première guerre mondiale, les crises économiques, la montée des extrémismes, les totalitarismes, la deuxième guerre mondiale, les grands équilibres du monde depuis 1945…La guerre froide, l’URSS ennemie jurée des Etats-Unis, le partage du monde entre les gentils démocrates et les méchants partout ailleurs. Ou, si vous avez eu une prof d’histoire un peu communiste sur les bords, le contraire. Je schématise, évidemment, je ne suis même pas prof d’histoire. 

Aujourd’hui, quand je vois Trump être si copain avec Poutine, j’avoue, je ne comprends plus rien. C’est le choc. Quoi ? Les impérialistes buveurs de Coca qui nous lavent le cerveau avec leur musique rock, leurs jeans et leurs films d’Hollywood, copains avec les communistes ? Les communistes, des gens sérieux, les inventeurs géniaux des merveilleux kolkozes, gloire de l’agriculture pour tous et inlassables défenseurs du prolétariat ? (Oui, j’ai eu une prof d’histoire communiste en 3e, j’avoue)...Mais comment comprendre ça, au delà de la caricature ? Oui, bien sûr, Poutine et Trump sont compatibles sur le fond, sur le mascunilisme, l’autoritarisme et les saintes valeurs réac. Aucun doute là-dessus, finalement, ce n’est pas surprenant. 

Mais vous avez regardé les infos, aujourd’hui ? Il y a pire : il y a Bardella en Israël. Cela ne vous donne pas une petite impression de Tintin au Congo à vous ? À minima…Le loup dans la bergerie, l’éléphant dans le magasin de porcelaine, tonton Hitler à une bar-mitsva avec une kalashnikov pour offrir au petit ? 

Sérieusement, comment un tel retournement de situation est-il possible ? Et comment une chatte pourrait y retrouver ses petits ? C’est un retournement des valeurs inédits. J’aimais bien le monde quand il y avait quelques idéologies un peu précises, finalement…

Finalement, on a été largement conditionné par quelques années de macronisme ou l’équivalent, durant lesquelles on nous a inculqué la fin des idéologies…Et maintenant, on n’y comprend plus rien…

 

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