18 avril 2025

Est-ce de gauche ?


 

Depuis quelques jours, dans le blog, il me semble que je suis parti pour prodiguer des conseils au PS en vue de la préparation du congrès. Il va bien évidemment falloir travailler sur un programme mais je n’ai malheureusement pas beaucoup de propositions à vendre, des éléments bien à gauche pour le progrès social mais aussi vendeur auprès des électeurs. Ca serait trop facile… En revanche, je crois connaître quelques volets qu’il faut éviter, ce que je pourrais d’ailleurs assez facilement prouver : la gauche ne décolle pas dans les urnes pour des élections à caractère nationale malgré toutes les bonnes idées qu’elle peut présenter… Et qu’elle croit bonnes !

Pour illustrer, je vais commencer par évoquer un de mes sujets de prédilection mais je vous jure que ça ne durera qu’un paragraphe. Il s’agit du port du voile. Je comprends parfaitement les dirigeants politiques qui cherchent à attirer des électeurs issus de l’immigration et les bonnes âmes qui défendent de pauvres femmes opprimées par des interdictions iniques. Mais… On peut se demander si elles ne sont pas plus opprimées par la religion, des traditions, un patriarcat que par des règles établies au bout de 250 ans de démocratie dans notre pays. Défendre ces quelques bougresses n’est certainement pas ce qui pourra faire revenir le cœur du peuple de gauche à l’utilisation de bulletins de vote estampillés « gauche ». La gauche ne peut pas défendre ostensiblement une religion (tout en tapant sur les autres, j’ai quand même un sacré passé de cathophobie !). Ce n’est pas dans son âme ! Peu importent les principes qu’il y a derrière, principes par ailleurs discutables, ce que j’ai largement fait.

 


Changeons de domaine ! Comme souvent, je suis venu en Bretagne pour une dizaine de jours en télétravail. Le coût de mon aller-retour Paris-Rennes est monté, pour cette fois, à 250 euros contre 80 habituellement. Certes, ce sont les vacances scolaires et il y a un week-end de trois jours mais j’ai du mal à comprendre que l’on puisse payer un trajet d’un mercredi 150 euros (je comprends le prix du retour, 100 balles, c’est la fin des vacances en question). A ce montant, je dois ajouter le trajet entre Rennes et le bled (7€) et celui en taxi (222€) jusqu’à Montparnasse (compte tenu de ma santé, je ne peux pas porter dans le métro une valise avec un appareil contre l’apnée du sommeil, un ordinateur portable et une réserve de piqûres d’anticoagulants). Il est clair que quelqu’un de moins aisé que moi aurait renoncé, par sagesse, à ce séjour.

Des gens me conseillent d’autres solutions comme « blablacar » mais peut-on raisonnablement penser que je trouverai un trajet « facile » entre le métro du Kremlin-Bicêtre et le stade de Loudéac (je ne prends pas le métro, disais-je, et je ne fais pas de sport, mais j’habite à côté de ces infrastructures) ?

En fait, la seule autre possibilité sérieuse qui s’offre à moi est de louer une voiture. Cela me coûterait sans doute moins cher (tout en me permettant d’en disposer à la maison). Je ne vous parle pas du choix que ferait quelqu’un qui voyage en famille…

Nous avons ici une double défaillance du service public ! D’une part, il se met à proposer des tarifs délirants aux périodes chargées. D’autre part, il n’est plus capable de prévoir des périodes de forte activité (j’ai cherché d’autres trajets à d’autres dates : les rames sont soit complètes soit également hors de prix). La seule alternative est l’utilisation d’un véhicule personnel ce qui, en outre, n’est pas franchement écolo.

 

Bah ! Comme on dit. Je vois dans la presse qu’une grève est prévue à la SNCF pour la semaine du 8 mai. Les motifs tournent autour de la prime du « personnel naviguant » et des variations de leurs horaires. Je veux bien croire que ce métier ne soit pas facile (mais la direction n’est pas hostile à une négociation sur ces horaires) mais nous avons tout de même des salariés qui sont relativement privilégiés par rapport à d’autre. Ils sont soutenus par des syndicats de gauche, ce qui est bien naturel ! Mais qui va défendre le bon fonctionnement de cette entreprise et la satisfaction des clients ? Oups ! Des usagers (très usagé pour ce qui me concerne).

La SNCF est une société publique dans un secteur concurrentiel. Je ne parle pas spécialement de la concurrence d’autres compagnies ferroviaires mais de celle de la route… On n’a plus personne pour défendre un service public ?

Ces braves gens veulent une prime. Mais c’est le service public qui paie. Il est donc obligé d’augmenter les tarifs… C’est donc l’usager qui met la main à la poche ! Un de ces jours, ils vont nous expliquer que c’est social de faire payer un consommateur…

 


Changeons de domaine. Je voyais dans Facebook un tract contre les dépenses de l’Etat dans l’armement et leurs augmentations annoncées. Le thème : « nous ne financerons pas leur guerre ». Qu’on se rassure : je ne suis pas pour la guerre. Mais je préconise tout de même que l’on puisse se défendre si on est attaqués par des méchants qui ne veulent pas notre bien. Et qu’on puisse défendre les copains du patelin d’à côté… Ca ne me fait pas plaisir que mes impôts partent en fumée, au sens propre du terme.

Vous me direz qu’on pourrait dépendre de la sécurité offerte par des nations étrangères réactionnaires, libérales… et outre Atlantique, dirigées par une espèce de cinglé orange.

Le pognon dépensé va aller dans des industries françaises, aussi pour payer des salariés français. On appelle ça aussi « une politique de la demande ». Ca ne devrait pas faire plaisir à la gauche, tout ça ?

Pensez-vous réellement que les électeurs puissent ne pas penser à tout cela. Je comprends le militantisme mais n’oublions que l’élection est nécessaire pour gagner des élections.

 

Tiens ! Ca nous pousse à la sixième république prônée par certains. Je ne doute pas que nos textes actuels soient un peu tordus mais les gens peuvent-ils croire que les changer apportera les solutions nécessaires pour ne plus être dirigés par des tarés, des cons, des corrompus, des vénaux… ? Surtout si on pense au système pour tirer au sort des incompétents qui devront élaboré une Constitution dont les principes sont aussi au programme ? Et quand on voit les difficultés actuelles pour avoir un gouvernement stable…

 


Deux sujets ont été au cœur de la dernière campagne du côté gauche : l’abrogation de la réforme des retraites et l’augmentation du SMIC.

La deuxième est bien belle mais, outre le fait que l’augmentation sera « dépensée » en inflation et en produits d’importation (la politique de la demande a des limites…), elle n’offre aucune perspective aux personnes concernées : elles resteront parmi les salariés les moins payés ! Et ils savent que s’ils veulent se mettre à leur compte, il paieront plus cher de potentiels salariés…

La première est bien aussi : on est tous contre l’idée de travailler plus, plus vieux et tout ça mais tout le monde a, autour de soi, des retraités dont le niveau de revenu n’est pas assez important pour vivre. Il faut y penser !

Tenez, j’ai un pote qui n’a pas eu d’autre choix que de bosser jusqu’à 65 ans (dans la fonction publique, en plus, un vrai fonctionnaire) pour des raisons que j’ignore (je suppose que ses contrats de travail, quand il a commencé, étaient un peu foireux). Il perd du salaire avec la retraite mais il perd aussi les revenus complémentaires qu’il avait du fait qu’il travaillait de nuit avec des heures supplémentaires. Bilan : il n’a plus les moyens. Regardez bien autour de vous. Par exemple, ma mère qui nous a quittés (pour une autre raison), après des années de salariat (comme fonctionnaire) et touchant la réversion de mon père, touchait à peine assez d’oseille pour payer la maison de retraite…

La question n’est même plus de savoir si ces deux sujets (le SMIC et l’âge de la retraite) sont de gauche mais d’admettre qu’ils ne sont pas porteurs dans un électorat, même de gauche !

 

La seule mesure importante proposée par le PS en matière d’écologie était la rénovation des logements. Il faut aider les propriétaires à installer une pompe à chaleur, à isoler leurs maisons… Très bien, tout ça ! Mais en quoi est-ce de gauche d’aider des propriétaires ? J’ai hérité de la maison de ma mère mais je n’attends pas des aides de l’Etat pour remplacer une chaudière, dans ce qui est maintenant une résidence secondaire. Il faut revenir sur terre ! La plupart des positions des partis de gauche en matière d’écologie sont discutables. Par exemple, ils se réjouissaient de l’arrêt des travaux de l’A69. Que vont penser les électeurs de la dépense publique jugée inutile (par les tribunaux, je ne discute pas, mais aussi par ceux qui se réjouissent pour des raisons bassement politiques) ? Et ceux qui vont voir toute perspective d’amélioration de leur vie s’arrêter en même temps que les travaux ? Ceux qui vont devoir déménager à Toulouse ? Ceux qui ne pourront plus voir leurs petits enfants aussi souvent ? Et les écolos de dans vingt ans qui déplorerons l’étalement urbain inévitable de la métropole tout en hurlant sur la désertification d’autres coins… ?

 

Je ne veux pas lancer un débat sur le thème « est-ce bien de gauche ? » mais pousser les militants du PS à se poser la question, assez précise : « Comment convaincre les électeurs susceptibles de voter pour nous en dépassant l’objectif du socle des 30% qui votent à gauche quoi qu’il arrive ? » Et, au fond, leur faire comprendre qu'il faut cesser le "left washing", mettre les mains dans le cambouis et se battre pour un vrai progrès social et écologique.

Je vais illustrer ce billet avec une photo de François Hollande : quand il promet de la pluie, on peut lui faire confiance et ça fera plaisir aux agriculteurs.

17 avril 2025

PS : il faut aussi revenir aux sujets importants !

 


Dans mon avant-dernier billet, j’évoquais la préparation du congrès du Parti Socialiste et exprimais deux impératifs pour la prochaine présidentielle : rompre avec « le style LFI » et se préparer à ne pas faire de primaire pour la désignation du candidat et à se préparer à en choisir un en dehors du parti.

Il convient aujourd’hui (ou pas) d’approfondir ces points brièvement. Les deux seules primaires qui aient fonctionné, en 2007 et 2012, c’est-à-dire au bout desquelles le candidat du PS a fait un beau score au premier tour, étaient avec des personnalités à forte notoriété (Royal, DSK, Fabius, Aubry, Hollande…) et de tels énergumènes ne sont plus vraiment disponibles. A ce jour, à gauche, il semble qu’il n’y ait que deux candidats aptes à dépasser les 10%, Mélenchon et Glucksmann, et comme on veut se débarrasser du style LFI, il n’en reste plus qu’un ! Et aucun des deux n’est pas au PS, ni même d’autres types que l’on pourrait voir, comme Ruffin (je parlais de Glucksmann mais il faut voir comment tout en chacun évoluera d’ici dix-huit mois).

Je ne vais pas insister sur les raisons qui pourraient conduire à la nécessité de ce débarras pour ne faire de la peine à personne sauf une : il faut être un sacré utopiste pour penser qu’une majorité de français pourrait préférer un type de la gauche radicale dans une élection, surtout si le type en question est Méluche en personne, personnage clivant (pour être poli : diviseur et repoussant seraient plus adaptés) ! C’est un fait. J’ai un profond respect pour les militants. Moi-même j’ai voté Roussel la dernière fois mais je n’ai jamais pensé qu’il pouvait être élu !

 


Aussi, j’observe les contributions en vue du congrès et, comme a l’occasion des précédents, j’ai parfois du mal à comprendre les différences entre les textes et regrette beaucoup que les protagonistes ne se mettent pas d’accord sur les deux principes que j’évoquais, au sein d’un parti dont certains oublient qu’il a tout de même le plus grand nombre d’élu, à gauche, dans tout le pays (même si les scores aux élections d’importance nationale sont décevants).

Il faut lire les contributions au sein du PS. Je suis tombé sur une, l’autre jour, à propos du voile dans le sport (donc un peu en marge des enjeux de la présidentielle, un peu seulement) qui m’a paru plaisante parce qu’aboutissant à la même conclusion que moi : il ne faut pas de loi et ça commence à bien faire tous ces crétins de droite qui jouent avec l’islamophobie et donc, en fait, le racisme pour valoriser leurs conneries. En revanche, le texte est tortueux, alambiqué et visiblement réservé à une certaine élite parmi les militants : des gugusses spécialisés dans la lecture des âneries des chefs.

Le texte est une attaque de la droite et on a la furieuse impression que c’est ce qui leur fait aboutir à la conclusion. Ils ajoutent des arguments comme des études sociologiques et démontrent presque que leur position est dictée par la science. C’est grotesque. C’est même écrit en majuscules : « VOILE DANS LE SPORT ET ENTRISME RELIGIEUX : LES RAISONS DU PORTAGE POLITIQUE D’UNE MESURE SCIENTIFIQUEMENT INFONDÉE ». Je vous laisse tout lire (si vous voulez, hein !) et en viens à la phase en majuscules quelques lignes après : « L’INTERDICTION DU PORT DU VOILE DANS LES COMPÉTITIONS SPORTIVE : UN CHEVAL DE TROIE À DÉFAIRE ».

Ils sont fous, en fait ! Le cheval de Troie à défaire n’est pas une loi mais l’entrisme des islamistes dans tous les cercles de la société. Ils ne pensent qu’à un cheval de Troie que serait une loi qui permettrait d’en faire d’autres. Ou quelque chose comme ça.

 


Comme disait un copain, « il n’y a pas à tortiller du cul pour chier droit ». Je suis contre cette loi car elle ne changera rien (vous connaissez beaucoup de femmes voilées qui revendiquent la pratique d’une activité sportive ?) et qu’il revient aux fédérations sportives de gérer ça. Par contre, elle est stigmatisante, comme on dit, et si des jeunes filles veulent mettre des scaphandres pour faire des courses de natation, ce n’est pas notre problème.

Il y a tout de mêmes beaucoup de tartuffes qui agitent leurs joufflus au sein du parti !

 


Il serait temps que ces grands hommes pensent à l’avenir de la France et du pays, qui passe par leur congrès avec le vote de valeureux militants. On a l’impression que le PS ne veut plus penser à un programme, à un projet de société. Vous avez vu les actualités du début de semaine ! On voit ces grands penseurs de droite, dans la lignée de Bayrou, qui nous expliquent qu’il faut travailler plus (rappelons-nous que c’était le programme de Sarkozy en 2007) mais il n’y a pas personne, à gauche, pour rappeler que c’est une aberration compte tenu des progrès technologiques, comme ceux fulgurants de l’IA qui va permettre de supprimer un paquet de métier !

Les enjeux sont connus, pourtant ! Il faut réindustrialiser la France à coups de pieds dans le cul tout en pensant au partage des revenus rendus nécessaires par les gains de productivité. La réindustrialisation est nécessaire pour réduire nos déficits mais on sait très bien que la nécessité de construire des usines sera surtout poussée par celle de réduire les coûts des entreprises (plein d’urine, un violon ne fait plus de son) ce qui ne se fera pas en multipliant les coûts de main d’œuvre… De joli paradoxes à traiter et je crois qu’un parti digne de ce nom à mieux à faire que de chercher des arguments scientifiques à la con pour lutter contre une loi grotesque et insufflée par la droite.

 


Qui est mieux placé que le PS pour se faire, ce parti qui a fait le partage du travail, les avancées sociales diverses mais aussi, plus récemment, un rééquilibrage des impôts au bénéfice des salariés et a lancé une baisse durable du chômage en privilégiant les entreprises françaises ?

Et pendant ce temps, on semble avoir une bataille de quiche pour la tête d’un parti qui risque bien de disparaitre faute d’idées…

16 avril 2025

Faut-il tolérer les écologistes parisiens ?

 


Deux informations circulent dans la presse à propos de la pollution à Paris. La première est une très forte baisse en vingt ans. L’essentiel est du aux mesures prises quant au trafic, l’amélioration des voitures (mais il n’y a pas que ça : les fortes pluviométries ont permis de « laver l’air »). L’autre concerne des annonces d’un candidat à la mairie de Paris qui souhaite, notamment, transformer le boulevard Périphérique en « véritable boulevard métropolitain ».

Autant la première est une bonne nouvelle, qu’il convient néanmoins de relativiser, autant la seconde me semble une belle connerie ! J’ai toujours été favorable aux mesures de la mairie (de gauche) de Paris quant aux mesures liées à la circulation (mon blog est là pour en attester, je ne suis pas de ceux qui renient un avis quand une mesure qui me déplait s’avère bonne) à quelques exceptions près qui sont d’une part les limitations de vitesse sur le périphérique et la priorité absolue donnée aux moyens de transports « verts » tels que les trottinettes et surtout les vélos.

Ces derniers emmerdent les piétons dans de nombreux cas, notamment quand il faut traverser une piste cyclable (par exemple pour rejoindre un bus) et ils ont le même défaut que tous les autres utilisateurs de la voirie, piétons compris : ils se croient tout permis du moment qu’ils respectent le code de la route. Tant pis si la petite vieille est encore sur les « clous » alors que le « bonhomme » est passé au rouge : elle n’avait qu’à marcher plus vite, au fond ! En plus, ils emmerdent aussi d’autres usagers notamment dans les voies de bus (ils roulent au milieu, empêchant les bus et les taxis de les dépasser mais peuvent les dépasser quand la circulation ralentit).

 


L’autre exception est la limitation de la vitesse sur le périphérique. Militer pour est bien un truc de types qui habitent au centre de Paris et n’utilisent jamais cette artère… D’une part, la pollution apparait quand il y a beaucoup de circulation et limiter la vitesse ne sert alors strictement à rien. Ca nous fait une belle jambe d’être limités à 50 quand on roule à moins de 10… D’autre part, les moteurs sont optimisés pour consommer moins entre 60 et 80. Bref, on va faire consommer plus en voulant faire consommer moins les 1000 voitures aux heures creuses avec des mauvaises recettes sans rien changer aux vrais pollueurs, ceux des heures pleines.

On va détailler un peu tout cela mais soyons bien clair : cette andouille peut bien faire ce qu’elle veut du périph : le temps qu’ell fasse des bêtises, j’aurai quitté la région parisienne pour une retraite bien méritée après 40 ans à supporter les aléas des temps de trajet.

Mais j’ai horreur des types dogmatiques qui font perdre la gauche.

 


Je vais citer un extrait de sa ponte : « Comme la Seine est redevenue un fleuve où l’on se baigne, le Périphérique doit devenir un lieu que l’on traverse à pied, à vélo, en courant. Un espace que l’on s’approprie, au service d’une ville plus ouverte, plus respirable, plus humaine. » Franchement, vous avez souvent vu des gaziers se baigner dans la Seine ? Qui veut traverser le périph à pied sans passer par les ponts ou sur les tunnels ? A chaque porte, les carrefours sont « à niveau » (le périph passe dessous). Un peu de sérieux… Au service de la ville ? De quelle ville ? Un Parisien n’a presque jamais besoin de passer par le périph. Déjà qu’il faut parfois être un peu con pour avoir une voiture à Paris quand on n’a pas des obligations au quotidien (je vois difficilement un plombier porter sa caisse à outil pour aller chez les clients)…

 


Dans le premier article que je citais, un adjoint écolo d’Anne Hidalgo dit : « Pour les enfants qui vivent à proximité de cette autoroute urbaine, les études scientifiques sont claires : c’est +30% de cas d’asthme. Il s’agit d’un véritable scandale sanitaire. Nous irons donc plus loin pour protéger la santé des habitants. En transformant le périphérique et en soutenant le maintien des ZFE supprimées en commission à l’Assemblée nationale mais qui sauvent des vies. » Je n’ai aucun doute sur la dangerosité de la pollution et les impacts sur l’asthme. Transformer le périphérique n’aura qu’un seul impact : augmenter les émissions de saloperies en réduisant la vitesse et en repoussant les bouchons aux entrées de la ville.

Ce sont les ZFE qui constituent un scandale en pénalisant les automobilistes qui ont des vieilles caisses sans s’occuper de leurs besoins et, surtout, des émissions réelles des voitures. En d’autres termes, un type peut avoir une voiture de deux tonnes alors qu’un autre sera privé de circulation si sa caisse de 800 kg est trop vieille.

 


Les écolozozos évoquent souvent les progrès faits autour des transports collectifs. Je passe le fait que ces sujets ne dépendent pas vraiment de la mairie de Paris mais de la région et que j’ai horreurs des gens qui se trompent de sujet à des fins électoralistes. En outre, il faut tout de même rappeler que les vélos pénalisent réellement les bus en squattant les voies réservées. Surtout, il faut revenir dans la réalité. Il faut penser aux galères des usagers.

Prenons un exemple au hasard. Un gros ! Moi. Mon domicile est séparé de mon lieu de travail de 16km à vol d’oiseau et de plus de vingt pour une voiture. Il me faut traverser Paris (ou contourner…). Les 16km ne sont pas faisables en vélo (il faut être fou pour faire une telle distance en ville et très chanceux pour ne pas avoir d’accident au bout de trois semaines). Par les transports en commun, les sites internet affichent de 50 minutes à une heure. Dans la vraie vie, on est souvent près des 1h10 (j’ai fait jusqu’à 2 heures) quand il n’y a pas de grève ou d’incident (mes « deux heures » étaient un jour normal), car il faut aller jusqu’aux stations, attendre les correspondances, parfois laisser passer des rames quand elles sont chargées. En voiture, il faut à peu près une heure aux heures de pointe mais ça descend à 40 minutes si je pars de chez moi à 7h30, par exemple. Quand j’ai mes problèmes de santé, je n’avais pas d’autre choix : le taxi (vive le télétravail, je ne vais que cinq fois par mois au bureau, mais, en télétravail, il faut porter un ordinateur et en prendre soin le long du trajet).

L’andouille qui veut que le périphérique puisse être traversé à pied pourrait au moins revenir sur terre pour le faire. Elle peut surtout penser aux vraies préoccupations des gens.

 


Pour autant, les améliorations faites jusqu’alors sont réelles (je peux « personnellement » en atteste compte tenu mes récents problèmes aux éponges et au palpitant : je n’ai plus ce sentiment d’oppressions que je ressentais parfois). Ce qui me fait mal, ce sont les erreurs des écologistes qui brouillent totalement les pistes et la conscience des électeurs.

Souvent, le fond du dossier importe peu. Je parle souvent du nucléaire, par exemple. Quelle que soit la vérité, on ne gagnera pas d’élections en faisant porter la menace de difficultés de production d’énergie ou d’hausses de tarifs (peu importe si c’est faux – et ça ne l’est pas, à mon avis – les opposants auront beau jeu de semer le doute). Et, comme dans beaucoup de domaines, si on ne gagne pas les élections, c’est la base : on ne peut pas appliquer notre politique.

Pour rigoler, parlons de Sandrine Rousseau. Il y a quelques années, elle avait dit que l’entrecôte au barbecue était un plaisir machiste (ou quelque chose du genre). Il est certain que la production de viande bovine et, par conséquent, sa consommation en masse, est générateur de gaz à effet de serre mais traiter de machistes les braves gens qui font un barbecue avec les voisins n’est pas fin ! Aller rêver en bouffant un steak de tofu…

Les exemples sont très diversifiés. Souvent, on entend parler de nouvelles lois pour l’agriculture. En même temps, on a des politiciens qui bossent sur la simplification des normes. Surtout, des lois strictement françaises (le bon cadre serait l’Europe mais on préfère taper dessus) pénalisent nos paysans (ce qui donne d’ailleurs du grain à moudre à nos médias).

 


Ouvrez Google News, ce matin, et allez à la section de « lutte contre les fakenews ». Il y a un article (de Ouest France, mis en ligne à 8h ce matin) dédié au fait que la France ne génère que 1% des gaz à effet de serre. Finalement, on ne sait pas trop quoi en penser ! On ne va pas arrêter d’acheter des produits fabriqués en Inde parce que ces braves produisent des saloperies à notre place.

Le doute s’installe ! Au fond, même si on arrive à baisser notre production de ces cochonneries, nous n’avons aucun impact sur la production mondiale même si les petits ruisseaux (pas Sandrine) font les grandes rivières.

 


Toujours est-il que la pollution a baissé à Paris, qu’il y a moins de bouchon (je mets moins de temps maintenant pour aller de Bicêtre à la Défense en voiture qu’il y a trente ans mais je le fais moins souvent grâce au télétravail et aux progrès de la SNCF et des services régionaux de transport en commun : je peux prendre le train pour aller en Bretagne et je n’ai pas besoin d’aller en voiture au bureau avant). Il faut 3h15 pour faire Paris Loudéac en transports en commun ce qui devrait réjouir au moins trois milliards de nos compatriotes.

Il n’y a qu’un seul truc que j’ai apprécié chez Ségolène Royal, c’est quand elle s’attaquait à l’écologie punitive… Il faut maintenant insister sur les progrès réalisés et la possibilité d’en faire de nouveaux.

 

Quand un type propose de mettre des carrefours à feu sur le périphérique en pensant que des gens ont envie de le traverser « à niveau », au mieux, il passe pour un fou !

C’est simple, non ?


La première photo de cet article est une vue d'artiste du carrefour au pied de mon bureau (j'observe les travaux par ma fenêtre depuis cinq ans, mon bureau étant au troisième étage du bâtiment rouge, on voit une espèce de terrasse : c'est là où il nous arrive d'en griller une). Je suis tombé dessus par hasard sur Internet. On voit la construction d'un futur boulevard, dans la prolongation du boulevard circulaire de la Défense, aligné avec la nouvelle ligne E du RER.

La deuxième photo est un coin du périphérique que j'emprunte tous les jours. Vous pensez vraiment qu'une limitation de la vitesse permettra de dépasser les 20 km/j ? Vous croyez réellement que des riverains ont envie de traverser par là alors qu'il y a un tunnel à une centaine de mètres ?

On n'a pas franchement besoin d'utopistes cinglés pour imaginer un futur où nous vivrons mieux ! 


N.B. : j'espère ne plus trouver par hasard dans Google Image des photos des coins qui me concernent quand je circule...

07 avril 2025

A gauche, l'enseignement des derniers sondages pour 2027 !

 


Outre les trumperies, l’actualité politique de la semaine dernière a été dominée par « l’affaire Le Pen ». Un sondage pour les présidentielles de 2027 est sort et le premier tour est largement dominé par la dame, voire par le chef de son parti si son inéligibilité est confirmée. L’ensemble des candidats de « la droite dure » recueillant un peu moins de 45%, la probabilité que le prochain président soit issu de ses rangs est très forte. Les médiocres manifestation de la gauche gnangnan n’y feront pas grand-chose… Le signal passé est d’ailleurs très mauvais : la gogoche manifeste contre l’extrême-droite pendant que cette dernière se bat pour son existence…

Toujours est-il que parmi les ineffables insoumis commentateurs des sondages, j’en ai vu un qui dit que ceux de 2017 et 2022 avait largement minimisé les scores de Jean-Luc Mélenchon et que ceux de cette année lui laisse donc une large possibilité de victoire. Laissons à ce garçon la possibilité de se faire du bien, il n’y a pas de mal à ça…

 

Il n’empêche que l’on dit souvent, à raison, que les sondages faits deux ans à l’avance n’ont aucune signification. Effectivement, en 2015, aucun sondeur n’aurait pensé à « tester » Fillon, Hamon et Macron, pourtant finalement les deux premiers candidats des partis qui se partagent le pouvoir depuis si longtemps et celui qui finira par être élu. De même, en 2020, personne n’aurait vraiment songé à Hidalgo et Pécresse. Et pourtant… Elles représentaient les deux grands partis historiques (et ont fini par faire des scores dérisoires). On peut multiplier les exemples : en 2010, personne n’aurait parié sur Hollande (à part lui) comme futur candidat du PS puis comme vainqueur. Et ainsi du suite…

Il y a quand même des exceptions. Par exemple, début 1986, les instituts de sondages avaient trouvé le tiercé dans l’ordre. Ca ressemble tout de même un peu au hasard. J’ai en mémoire, une période agitée pour la gauche qui a perdu, assez largement, les législatives de mars. On ne voyait pas Mitterrand réélu. Mais on a eu, ensuite « la droite la plus bête du monde » qui a fait le travail…

On peut étudier chacun ses scrutins…

 


Alors, quels enseignements tirer des derniers sondages ? Rassurez-vous, je n’en vois pas beaucoup, sauf un, peut-être, histoire de ne pas trop vous avoir fait perdre de temps.

Quels sont les résultats ?

Fabien Roussel est autour de 5 points. Jean-Luc Mélenchon vers 10 ou 11. Pour le PS, on aurait soit Olivier Faure vers 5, soit François Hollande vers 6, soit André Glucksmann (qui n’est pas au PS…) à un peu plus de 10. Marine Tondelier pourrait être autour de 5. Côté Ensemble, on aurait Gabriel Attal vers 18 et Edouard Philippe vers 24. Chez LR, on trouve Laurent Wauquiez à 4 et Bruno Retailleau à 10. Enfin, à la droite de la droite, on trouve Marine Le Pen et Jordan Bardella par loin de 35. Je n’ai pas parlé d’Eric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan qui, à eux deux, flirtent avec les 7.

Mes lecteurs l’auront compris : je ne souhaite pas l’élection de Jean-Luc Mélenchon. Je voterai peut-être pour lui s’il est opposé au second tour à un candidat proche du RN. Ce n’est même pas sûr. Je ne vois plus trop pourquoi qu’irais voter pour un lascar dont les troupes me considèrent souvent comme un facho alors qu’on m’appellerait à voter pour lui, pour éviter les fachos au pouvoir, avec une forme de front républicain.

Il faudrait arrêter de nous prendre pour des cons, franchement. On va dire qu’il peut encore changer…

 

En fait, il y a tant d’incertitudes à gauche que seul le Parti Socialiste m’intéresse un peu mais uniquement parce qu’il y a un congrès dans deux mois… Les grandes manœuvres sont lancées ! Les principaux cadres se livrent à la rédaction de contributions qui devraient fusionner en contributions, présentées au vote des adhérents, parallèlement à la désignation du premier secrétaire. En gros. De toute manière, quand on n’est pas au parti, on n’y comprend pas grand-chose. Même les nuances entre les contributions nous échappent.

Olivier Faure et François Hollande ne sont pas, aujourd’hui, en position de faire un score appréciable (mais tout peu changer). Il nous faudrait donc une motion et un premier secrétaire qui pousseraient à la nomination, comme candidat, d’une personnalité issue du centre gauche. A ce jour, mais seulement à ce jour, on ne voit que Raphaël Glucksmann. Au fond, si 10% des électeurs se disent prêts à voter pour lui maintenant, il est probable qu’ils soient toujours « volontaires » en 2027. A propos de volontaires, on ne sait pas si Glucksmann le sera…

 

Advienne que pourra. Le candidat sera désigné fin 2026, je suppose. Que l’on vote pour des candidatures assez ouvertes. Par contre, je ne sais pas s’il faut organiser des primaires. Celles pour 2007, 2017 et 2022 furent désastreuses. Peut-être, justement, parce que les sympathisants votent en fonction des sondages (je ne suis pas à une contradiction près).

Advienne que pourra, disais-je ! J’en suis à un PS qui pourrait arriver à 10% « naturellement » mais quel est le but ? Le gain de la présidentielle, évidemment ! Mais aussi l’élimination du candidat du RN. Le retour du centre gauche dans les trois premiers pôles politiques de notre pays (donc avant Jean-Luc Mélenchon, aussi pour mettre fin à l’espèce d’hégémonie de LFI sur la gauche).

Quand la victoire semble lointaine, c’est important de rappeler les différents objectifs tant les insoumis n’ont comme but sincère que d’arriver troisièmes en poussant, avec eux, toute la gauche en dehors du camp républicain.

L’enjeu du congrès du PS est donc là : prendre la ferme décision ne plus suivre une formation politique qui a tourné le dos à une partie de nos valeurs même si nous avons une ligner politique, écologique, sociale (et tout ce que vous voulez) pas trop éloignée.

 

Advienne que pourra, crois-je avoir dit. Vu qu’on ne sait pas ce qui pourrait arriver d’ici la désignation d’un candidat. Edouard Philippe sera-t-il en mesure d’être candidat compte tenu des casseroles qu’il a potentiellement aux fesses ? Bruno Retailleau ne finira-t-il pas par lasser les électeurs de droite et par passer pour un Nicolas Sarkozy en puissance ou en impuissance ? L’extrême-droite chutera-t-elle dans les sondages (comme elle l’a fait entre 2015 et 2017 et entre 2020 et 2022) ? DSK sera-t-il enfoncé par la police newyorkaise ? Benoit Hamon sera-t-il toujours incapable de mener une campagne ? Lionel Jospin loupera-t-il son entrée en campagne et les accords avec les cadres de gauche ? Michel Rocard sera-t-il bouffé par François Mitterrand ?

On ne peut donc que rêver à un scénario idéal, qui ne pourra être choisi, à ce jour que par le congrès du PS. Admettre que le choix du candidat est ouvert et ne portera pas que sur un de ces membres ? Espérer que les cocos et les écolos soient sur une ligne proche (halte à LFI !) et donc laisser une vraie ouverture à… cette ouverture ? Tout faire pour que le centre gauche passé à droite en pensant être au centre revienne vers nous ?

 

Roussel+Tondelier+Glucksmann+les centristes de gauche, ça peut nous faire un 20%. C’est peu, au fond, comparé aux scores de Ségolène Royal ou de François Hollande.

 

Je n’ai pas fini des faire des billets de blog politique, moi !

05 avril 2025

Le Pen hisse la barre haut !

 


Il ne se passe bien sûr pas une journée sans que de nouveaux hurluberlus réactionnaires donnent leurs avis au sujet de l’inéligibilité de Marine Le Pen. Avant-hier, je crois, c’est J.D. Vance qui a dit que ce n’était pas de la démocratie. Il faudrait tout de même être raisonnable : nous avons des juges qui appliquent à des élus des lois votées par des élus et ça ne serait pas de la démocratie ? La dame a été condamnée parce qu’elle a détourné de l’argent alors qu’elle a été élue. Qu’est-ce qui ne serait pas de la démocratie ?

Hier soir, vers 22h30, je regardais CNEWS avec une bande de réacs, y compris un élu du RN, qui déblatérait au sujet de cette histoire. A peu près chaque phrase prononcée aurait pu être contredite par n’importe quel type ayant quelque chose entre les oreilles. On aurait dit un sketch…

A se demander si tous ces gens ne sont pas fous !


 

Beaucoup d’observateurs, bien moins à droite, constatent que l’on parle plus de l’inéligibilité que des faits : il y avait visiblement un système organisé pour pomper du pognon (ou, du moins, utiliser des salaires prévus pour des collaborateurs parlementaires pour la rémunération de salariés du parti, dont des membres de la garde rapprochée de la cheffe, le tout pour améliorer son image et la mettre en position d’être élue, ce qui a fonctionné à merveille. C’est tout à fait scandaleux.

L’inéligibilité n’est qu’un détail dans l’histoire du parti, si je puis me permettre.

 


Après, je ne suis pas fou non plus. Je conçois réellement qu’ils soient désappointés et jugent la peine disproportionnée ou qu’ils pensent que la décision des juges puisse être politique.

Par contre, il faudrait tout de même qu’ils prennent un peu de recul. Imaginons qu’un violeur d’enfants soit condamné à 30 ans de prison et qu’il fasse appel. Personne ne sera choqué si, dans l’attente du deuxième jugement, il reste dans les geôles de la République, tout simplement pour l’empêcher de récidiver. Pour Marine Le Pen, qui a commis une infraction évidemment moins grave, c’est pareil : elle a commis un délit permis parce qu’elle était élue. On lui interdit de se faire élire à nouveau pendant quelques temps. Ce n’est tout de même pas dramatique ! Elle n’est pas destituée et conserve son mandat. Il n’y a pas de quoi en chier une pendule d’autant que c’est arrivé à un tas de ses collègues ayant été jugés dans des histoires à peu près similaires.

Personne n’a été choqué, par exemple, quand Cahuzac, Lagarde ou Balkany ont été condamnés à de l’inéligibilité ! Evidemment, ils n’étaient pas en position de devenir présidents de la République mais il y a tout de même un ministre des finances « attrapé » alors qu’il était en fonction, un chef de parti et un personnage emblématique, maire « historique » (plus de trente ans) d’une commune de près de 70 000 habitants. Un de gauche, un centriste, un de droite.

 


Alors tout ça m’énerve et je pense qu’il faut rappeler les faits : Marine Le Pen était la responsable d’un système qui, selon les tribunaux, a piqué dans la caisse. J’espère que cela va énerver aussi une grande partie de la population (il y a au moins 60% des gens qui approuvent la décision).

Dimanche, pourtant, il y a une manifestation de soutien à Marine Le Pen. C’est en fait une manifestation contre les juges, pourrait-on penser. Et depuis quand manifeste-t-on ouvertement contre une décision de justice ?

 

Après, on peut pousser la réflexion, multiplier les arguments. Par exemple, je disais plus haut qu’il y avait cette peine parce qu’il y a un risque de récidive. Ce risque existe-t-il ? C’est vrai que j’en doute fortement… En plus, elle est élue et pourrait donc « piquer dans la caisse » de l’Assemblée au moins autant qu’elle pourrait le faire au parlement européen, où elle n’est d’ailleurs pas candidate.

Mais la loi est la loi et doit s’appliquer à tous, surtout d’ailleurs, aux gens qui ont écumé les plateaux de télévision il y a dix ou vingt ans pour déclarer une personne condamnée ne pouvait pas être élue.

La décision est-elle politique ? Les juges ont peut-être pris du plaisir à prononcer cette sentence mais on ne peut pas leur reprocher d’appliquer la loi, d’autant que la peine devrait être revue à la baisse en cas d’appel et que l’inéligibilité pourrait s’arrêter avant la présidentielle.

 


Généralement, je dis qu’il faut arrêter de parler des affaires pour éviter de faire de la publicité à ceux qui se plaignent du système mais, cette fois, j’ai bien le sentiment qu’il faut faire du bruit et rappeler les faits pour éviter que les doutes s’enracinent d’autant que l’inéligibilité ne devrait pas nuire à Mme Le Pen ou à sa mouvance politique.

Trop, c’est trop.

 

Mais que fait la gauche radicale pendant ce temps ? Ils organisent une manifestation contre l’extrême droite ! Cela ne sert évidemment à rien et renforce l’idée que la décision est politique.

Ils sont bêtes.

Des rassemblements de soutien à l’Etat de droit et à la justice, par contre, ils n’y ont pas pensé ou quoi ?


Et si Nicolas Sarkozy est à nouveau condamné ? Pour une affaire où il est accusé d'avoir reçu du pognon pour une campagne ayant abouti à son élection pour un mandat qui a été une catastrophe. On fera quoi ? On manifestera nus sur la Seine ?


Ce qui ne nous dit pas si le titre de ce billet de blog est honteux ou pas.

03 avril 2025

L'euro numérique contre les distributeurs de billets ?


 

Parfois, dans la presse, on tombe sur des dépêches en rapport avec notre travail ce qui m’est arrivé hier avec ceci : « La fin des distributeurs ? Voici ce qui va les remplacer. D’ici fin 2025, les DAB traditionnels disparaîtront en France, laissant place à des automates modernes. »

On le verra mais l’article prend l’euro numérique comme prétexte à cette évolution et je vais expliquer ce que c’est dans la deuxième moitié de ce billet.

A noter que la dépêche n’est pas anodine : elle a été reprise, hier, par MSN et a donc pu être vu par des milliers ou beaucoup plus de personnes qui consultent les actualités à partir de leurs PC. Dans l’actualité, on parle beaucoup de Marine Le Pen mais je me demande si la montée des « partis populistes » n’est pas surtout due aux âneries véhiculées par la presse pour obtenir des clics !

Disons-le d’emblée : non, les distributeurs de billets (même traditionnels) ne vont pas disparaitre dans les prochaines années. 43% des paiements sont encore effectués en liquide (contre un peu plus de 50% par cartes et mobiles). Il est vrai que ce taux a diminué d’environ 20 points en un peu moins de dix ans mais le monde change, n’est-ce pas ? Le paiement sans contact (et par téléphone) est apparu et s’est développé et le Covid est passé par là, nous empêchant d’échanger nos microbes par billets interposés.

En outre, le pays qui avait le plus promu la disparition des espèces, la Suède, a fait un majestueux retour en arrière.

 


Alors, revenons sur l’article que je citais. Phrase par phrase ou presque…

« La France va bientôt vivre un sacré bouleversement dans le secteur bancaire, en lien avec l’euro numérique. » Je vais donc parler de ce matin plus tard dans mon papier. Toujours est-il que la fin des travaux préparatoires aura lieu en octobre 2025 (et non pas le lancement, contrairement à ce qu’ont prétendu certains journaux, forçant Christine Lagarde à faire un démenti). On n’est pas prêts de voir ça « dans nos poches » et ça ne fera pas un bouleversement dans les banques avant plusieurs dizaines d’années.

« En effet, d’ici fin 2025, les distributeurs automatiques de billets (DAB) classiques vont disparaître. » C’est globalement totalement faux ! Je ne sais pas ce qu’est un DAB classique mais les fonctions offertes par ces valeureuses machines n’ont pas beaucoup changé depuis 50 ans même si les progrès technologiques sont là, comme les écrans tactiles mais aussi des scanners qui permettent de mieux analyser les billets déposés par les clients dans les machines. Et si « on » dépense des sous avec ces scanners (et toutes les couches de logiciels qui vont avec, c’est bien parce qu’on a toujours des gens – essentiellement des commerçants – qui vont déposer des billets dans nos machines. On est donc loin de l’arrêt !

« Cette transformation s’inscrit dans un vaste programme de modernisation initié par plusieurs grandes banques françaises, baptisé « cash services ». » Tout d’abord, il s’agit de quatre banques françaises qui ont créé une filiale pour la gestion de leurs machines. Et quand des banques créent une filiale, ce n’est pas pour moderniser mais pour économiser, je pense. Notamment, l’effet de masse permet de tirer les prix auprès des fournisseurs qu’ils soient ceux des machines mais aussi, et surtout, des sociétés qui interviennent sur les automates pour les maintenir en service, notamment en les approvisionnant en espèces.

« L’idée, c’est de revoir la façon d’accéder à l’argent liquide tout en tenant compte de la révolution numérique et de la raréfaction des agences dans certaines zones. » C’est une belle phrase sans doute pondue par des professionnels de la communication mais il faudrait la remettre dans l’ordre : c’est la disparition des distributeurs dans les petites communes qui obligent à revoir la façon d’accéder aux espèces. Tels que sont écrits ces mots, on a l’impression que « Cash Services » nous propose des services pour remplacer les agences supprimées en oubliant de dire que ce sont ses actionnaires qui les font fermer.

 


A noter que je manie l’ironie pour contrer ce qui est visiblement issu d’un communiqué de presse mais que je ne porte aucun jugement de fond. Par exemple, à l’heure où le nombre de transaction faites par internet au détriment de celles faites au guichet (la fameuse « transformation numérique » mise à toutes les sauces), il est logique que le nombre d’agences baisse poussant ainsi à la suppression de GAB…

Mais continuons. Je sens que je vais finir par être exhaustif pour toutes les affirmations de l’article.

 

« Le plan « cash services » a été pensé pour répondre aux nouvelles attentes des usagers et aux progrès technologiques. » Je me demande bien quelles sont les nouvelles attentes des usagers quand ils ont besoin de fraiche et en quoi les progrès technologiques pourraient changer le fonctionnement visible des machines.

« Les futurs automates ne se contenteront pas de distribuer des espèces : ils pourront aussi accepter des dépôts de chèques et d’espèces (ce qui évitera aux clients de se déplacer en agence). » J’ai commencé à travailler dans le domaine en 1987 et « mes » machines faisaient déjà des dépôts de chèques et d’espèces. Certes, les technologies ont changé avec les scanners dont je parlais mais ce qui évitera aux clients de se déplacer en agence est surtout la disparition des agences…

« En plus, ils permettront de retirer de l’argent dans de nouveaux points de retrait gratuits, sans frais en dehors du réseau bancaire habituel. » Actuellement, il est d’usage de facturer aux clients les retraits qu’ils font dans d’autres banques (souvent avec trois gratuits, par exemple). Là, les clients des quatre banques feront des retraits gratuits dans les GAB de la filiale commune à ces quatre banques. C’est tout. Et n’oublions pas que les retraits étaient totalement gratuits il y a quelques années.

« Ce dispositif représente une vraie avancée pour ceux qui souhaitent plus de souplesse dans leurs opérations bancaires. » Il faut préciser l’avancée pour en minimiser le périmètre. Les clients d’une des quatre banques dont des agences vont fermer pourront retirer des sous si un distributeur de la filiale est présente dans le coin et ils pourront y déposer des espèces (ce qui est tout de même destiné aux commerçants). A part ça, la souplesse… et la VRAIE avancée… je cherche.

 


Allez ! Offrons-nous des paragraphes complémentaires mais en accéléré. Tout d’abord, ils évoquent le nombre de machines sans préciser la cible (le nombre à l’issue des transformation) et surtout sans la comparer à la situation actuelle. Aussi bien (et je n’en sais rien), il sera divisé par plus de deux.

« L’un des grands objectifs du programme « cash services » est de combattre la désertification bancaire, surtout dans les zones rurales. » Il ne s’agit pas combattre la désertification mais de l’accompagner. « Les nouveaux automates seront capables de gérer entre 2 500 et 3 000 retraits mensuels. » Certaines machines font déjà plus de 10 000, voire de 14 000 retraits par mois. « La disparition progressive des anciens DAB est donc accompagnée d’une solution moderne et accessible, adaptée aux réalités démographiques actuelles. » J’ai l’impression de me répéter mais les anciens GAB ne disparaissent pas (ceux qui permettent le dépôt, par contre, sont en croissance) et les réalités démographies n’ont pas grand-chose à voir dans cette histoire : ce sont les réalités économiques qui obligent les banques à fermer des agences, ce qui est permis par le progrès technologique (cela étant, je faisais déjà mes comptes en ligne, en 1984, avec un Minitel).

 

Heureusement, la phrase suivante est parfaitement exacte et vient presque démentir tout le reste : « Plusieurs éléments expliquent ce virage : la montée en puissance du numérique, la nécessité de moderniser les installations bancaires et la volonté de mutualiser les services pour diminuer les coûts tout en préservant un niveau de qualité stable. »

La suite n’est que redite sauf un point : « L’avenir des banques penche nettement vers le numérique, ce qui devrait favoriser la concurrence entre établissements. »

Je me répète à mon tour : je ne porte aucun jugement de valeur sauf sur la communication. Je suis moi-même acteur de ce pataquès et je n’utilise presque plus d’espèces.

Ce qui m’a fait bondir, c’est surtout la phrase de l’introduction qui évoque l’euro numérique.

 


Vulgarisons l’euro numérique !

 

C’est une notion un peu abstraite qui est encore un peu difficile à se mettre dans le crâne. Restons calme !

Actuellement, il y a deux types de monnaie (hors crypo, bien sûr) : les monnaies des banques centrales et celles des banques commerciales. Pour vous et moi, les premières sont les pièces et les billets et les secondes sont sur vos comptes bancaires, gérées par des moyens de paiement (cartes, virements.

L’euro numérique sera une monnaie de banque centrale, donc gérée par la Banque Centrale Européenne (et ses partenaires). Elle sera stockée dans des « wallets » ou « portefeuilles » ou « porte-monnaie » électroniques. Elle sera utilisable soit pour des paiements par internet soit pour des paiement de proximité.

Les paiements et autres opérations ne seront pas gérées par les banques et les opérations ne seront pas traçables, elles seront anonymes.

Nos banques interviendront uniquement quand nous voudrons charger nos wallets avec des euros ou, au contraire, quand nous voudrons les décharger. Respectivement comme des dépôts et des retraits.

 


Fonctionnellement, pour les usagers, les opérations seront comme celles avec des espèces mais, dans la pratique, on ne verra pas de différence par rapport à nos paiements par carte ou par internet. Sauf que les opérations ne passeront pas les comptes bancaires. Vous pourrez dépenser du pognon au bistro sans que le banquier ouvre de grands yeux quand vous demanderez un crédit !

Certains ne croient pas la transparence dont je parlais (traçabilité, anonymat). Ils ont tort. Cela étant, n’ayant pas d’argument précis à exposer, je vais laisser la BDC défendre son bifteck !

 

A quoi ça sert ?

 

Revenons à la création de l’euro, aux années qui ont suivi, à la mise en place du SEPA (le paiement entre pays européen). La BCE nous a fourni des pièces et des billets et les cartes bancaires (utilisables aussi par Internet) ont permis de payer d’un pays à l’autre. Ainsi, les premiers temps ont été consacré au développement d’autres moyens de paiement, jusqu’alors utilisables uniquement dans les pays (on pense évidemment aux chèques mais ce n’est qu’anecdotique). Les banques ont donc développer le système de prélèvement et de virement (on connaissait déjà mais le faire entre pays différents n’a pas été simple).

D’autres évolutions ont été faites, notamment, il y a quelques années le paiement instantané (que l’on confond parfois avec le virement instantané). Plus récemment, on a vu Wero qui remplace, en France, Paylib (tout en permettant d’autre fonctionnalités comme le paiement de proximité ou par internet mais reste encore confidentiel pour ces fonctions).

Mais les cartes bancaires n’ont pas changé ! Et pour payer d’un pays à l’autre, il faut passer par Visa et Mastercard, à savoir des sociétés privées américaines. Les banques ont toujours échoué à trouver entre elles de nouveaux systèmes et la BCE (et autres instances) n’ont pas pu les obliger à le faire dans la mesure où elles offraient déjà le service. Tout cela aurait pu se faire via « EPI (European Payment Initiative) » mais j’en entends parler depuis tellement de temps que je ne sais pas où ils en sont…

En outre, en France, on a le système « CB » qui permet à nos banques de s’affranchir de Visa et Mastercard mais l’équivalent n’est pas disponible dans tous les pays ce qui fait que Visa et Mastercard couvrent 70% des paiements par carte en Europe

 


Il reste notre euro électronique, on a un moyen électronique de faire des paiements « transfrontaliers » sans passer par Visa et Mastercard (ni les banques d’ailleurs, ce qui fait que je ne suis pas persuadé qu’elles encouragent le système, quoi qu’en dise la dépêche dont je parlais au début) voire au sein des pays sans acteur national comme nous.

L’euro numérique est donc un moyen de conserver notre « souveraineté financière » d’une part et notre indépendance par rapport aux banques commerciales, d’autre part, pour accompagner cette baisse annoncée des espèces…

Les banques commerciales en question (même si les françaises sont bien plus ouvertes que les autres) n’avaient qu’à jouer le jeu, bordel !

 

Et la phrase que je critiquais en début de billet (« La France va bientôt vivre un sacré bouleversement dans le secteur bancaire, en lien avec l’euro numérique. ») prend alors tout son sens.

Ca méritait bien quelques explications, non ?


Vous étiez perturbés par l'inéligibilité de Marine Le Pen. C'est peut-être aussi bien, non ? Il ne suffit pas de pester sur les ondes pour donner une orientation à la France...