L'amour avec un con




Moi aussi j’ai fait l’amour avec un con et c’était naze.

A priori il n’avait pas l’air si con à parler en citations. A me sortir des machins que je comprenais rien parce que trop de monde, trop de bruit.

D’ailleurs je l’avais même jamais vu jusque là. Truc translucide rendu soudainement visible au travers du fond d'un verre. Et des verres il m’en a servi, plein, trop, le trop plein de mon réservoir éthylique n’étant plus très opérationnel.

Je l’ai embrassé hier parce que j’avais vraiment rien d’autre à faire. Je m’ennuyais à les regarder danser, j’avais envie de râler et de faire la gueule.

Et il n’arrêtait pas de parler alors l’embrasser ça me semblait bien pour le faire taire.

Déjà légèrement nauséeuse, le mouvement insistant de sa langue dans ma bouche, genre je vais chercher tes amygdales, me semblait désagréable. Et ses mains qui cherchaient mes seins planqués sous un t-shirt n’étaient ni douces, ni décidées. Ni très propres, je crois.

Finalement je m’ennuyais toujours autant, mais bailler la bouche grande ouverte c’est pas pratique.

« Tu habites juste à côté ? » Ok, allons-y avant que tu me désapes complètement devant tout le monde et que je retrouve ces chouettes souvenirs sur Facebook demain.

Un appart’ de con. Avec des livres que ça fait bien d’afficher, des CD tout bien classés  et des DVD de films d’auteurs que je suis sûre que jamais il les a regardé. Sentiment bizarre d’être entre un showroom d’Ikea et les rayons de la FNAC. Et en plus t'as même pas de BD.

On va p’tet passer à autre chose là, parce que je m’en fous que tu m’expliques le pourquoi du comment de l’existentialisme. En plus t’es saoul et ça veut rien dire ce que tu racontes. Et voilà, je dois de nouveau l’embrasser pour apprécier le silence.

Ton lit me semble en effet approprié pour baiser. Il a l’air de vouloir faire durer les préprépréliminaires de je te tripote au-dessus de tes fringues et parfois en dessous. C’est pas que j’ai un train à prendre ou que je suis particulièrement excitée, mais être nus c’est bien aussi. Donc me voilà à poil, le regardant probablement avec un air un peu atterré, se débattre avec une ceinture. J’aurais pu l’aider mais pas envie.

La bonne nouvelle était son érection, j’en demandais pas beaucoup plus à cette heure avancée de la nuit.  Nous voilà à recommencer à s’ébattre maladroitement, et là, comme ça m’arrive parfois quand je ne suis pas super concentré sur ce que je fais, voilà que je mets à nous voir de l'extérieur, genre je contemple une très mauvaise scène porno, quoique là c’était plus deux ados qui découvre la sexualité. Je retiens un fou rire nerveux.

La fellation m’apparait comme une solution pas mauvaise pour se recentrer, parce que quitte à être là, autant qu’on essaye d’en profiter. Surtout lui d’ailleurs pour le coup. Il a l’air d’apprécier, moi je suis pas contre, seulement maintenant ça serait bien que moi aussi je prenne un peu de plaisir.

La langue j’ai vite compris que non, mais au vu de son utilisation précédente dans ma bouche, je me rassure en disant que j’y perdrais pas grand-chose. Les doigts, oui, c’est pas mal. Mais un c’est peu. Et non, le clitoris c’est au-dessus. Bon j’ai compris, elles sont où les capotes ?

Ce fut  rapide. Pas mauvais, pas génial non plus, basique. Je passe au-dessus, tu passes au dessus, clairement pas de l’échange mais plutôt les deux qui font tout pour tirer le plus de plaisir du corps en face sans ne s’occuper de rien d’autre. Les règles de la baise à l’arrache, je m’y ferais p’tet un jour.

Dormir. Dormir et partir vite. Mais le plaisir d’un café  pris au comptoir après avoir filé en douce, toute décoiffée, les yeux dans le vague en songeant à mon lit qui m’attend rattrape un peu de faire l’amour avec un con.

La lose #1

La lose on l’a ou on ne l’a pas. Question de style. J’ai noté qu’en plus de la lose quotidienne (vas-y que je me trompe encore de sens sur la ligne de métro, que je me brûle avec le café, que je marche sur le chat…) il y a un dessein plus grand réservé à certains privilégiés dont je fais partie : le cercle vicieux de la lose.

Le cercle vicieux de la lose c’est un truc assez puissant, beaucoup d’appelés peu d’élus, mais une fois qu’on l’est, c’est ad vitam eternam. Vous voilà prévenus, faites gaffe, déconnez pas avec ça.

Le cercle vicieux de la lose n’est pas élitiste, il s’applique à des domaines très très variés. Le cercle vicieux de la lose est fourbe. Il s’introduit insidieusement dans votre vie bien décidé à la pourrir méthodiquement, vous laissant dans un désarroi aussi profond qu’inutile. Le cercle vicieux de la lose c’est mon Cthulhu à moi.

Prenons un exemple simple : le courrier. Oui cette petite chose inoffensive qui arrive tous les jours dans la boîte en bas de chez vous. Bah moi, déjà, il n’arrive pas. Ou alors dispersé dans toutes les boîtes alentours tandis que la mienne reste irrémédiablement vide. J’ai bien pensé au départ à une erreur de ma part, genre je  ne sais ne pas écrire mon nom correctement. Mais non. « Madame Bitchipst, XX rue Bidule, 75XXX Paris » est bien orthographié et affiché en grand. D‘ailleurs malgré deux déménagements, et donc trois boîtes successives, celles-ci ne se remplissent toujours pas, c’est dire si je ne suis pas de mauvaise volonté.

Oui, alors on va me dire que c’est pas grave. Et qui est-ce qui, après une journée de travail éreintante, entame sa tournée quotidienne de voisins désagréables, flanqués d’un caniche hargneux qui n’a toujours pas compris que non, ma jambe n’est pas un sex toy canin, ou d’enfants qui hurlent à la mort comme si c’était le croque mitaine qui venait de sonner chez eux ? Hé ouais, c’est moi.

Mais encore ce n’est pas le pire. J’ai développé un symptôme bien plus grave : la coliphobie. En temps normal, recevoir son dernier livre/t-shirt/ machin en kit, c’est cool. Moi, ça m’angoisse dès que je valide la commande.

Je sais que c’est parti pour un acharnement sur la touche F5 sur le site Colissimo qui me répondra que mon colis en en cours d’envoi et qu’au premier moment d’inattention, il sera arrivé à Trifouigny-les-Oies.

Il s’en suivra divers échanges téléphoniques avec Trifouigny-les-Oies, d’âpres moment de négociation, avec des interlocuteurs variés à qui je répondrais inlassablement que non,  Bitchipst  y a qu'un T, oui un T comme Thérèse, et que non, ça va pas être possible de se déplacer entre 15H30 et 16H le mardi pour signer le formulaire B4587, pour finalement qu'on m’assure que mon colis arrivera bien d’ici quelques semaines. En sachant que la notion de temps est extensible dans le domaine du colis.

Parcourue d’un frisson d’horreur, je prends conscience que je vais devoir encore affronter le pire : la gardienne. La gardienne qui réceptionnera le colis (non sérieusement vous ne pensiez quand même pas qu'il pourrait être livré directement chez moi ?), le gardera jalousement tel un Gollum face à l’anneau pour finalement m’autoriser à le récupérer, quelques jours plus tard, ouvert et re-scotché, bien sûr.

Et là avec son plus grand sourire, immanquablement, elle me dira :

« Ha mais c’est la petite du 4ème, elle a encore perdu ses affaires ! Halala, un jour c’est sa tête qu’elle va perdre ! »

Connasse.

Cybersex #1

Ma découverte du net et du sexe, enfin des deux ensembles, est passé par le cybersex.

" Gnéééé c'est quoi ça ? " a hurlé en réponse ma copine E.* la première fois que j'ai raconté ça.

" Bah tu baises virtuellement avec un mec, ou une fille, on se raconte des trucs pour se chauffer et euh voilà, tu te masturbes en même temps. " 

E. a beau ne pas être tellement concernée par les rencontres sur le net, elle a quand même posé directement LA question primordiale : " Mais comment tu fais pour gérer à la fois la masturbation et le clavier ? "

Oui c'est le souci, on ne peut pas dire que ce soit le plus pratique. J'ai d'abord essayé de lui mimer ça sur une terrasse bondée en plein milieu de l'après-midi mais, au vu des regards lancés, je me suis dit que ce n'était peut-être pas très approprié. J'ai donc essayé d'expliquer avec des mots : " Bon ben au départ t'écris surtout, histoire d'être excitée. T'essayes de trouver des situations qui sortent de l'ordinaire, des trucs que tu ne ferais pas dans la vie de tout les jours, encore moins avec un inconnu. Et puis après, bah... t'alternes ! Enfin, t'écris moins surtout... "

Ça avait l'air de l'intriguer quand même. " Mais t'utilises une caméra ? " 

Une caméra. Hum non. Moi le truc que j'aime justement c'est de pas savoir qui est de l'autre côté. Ça peut être le mec le plus moche du monde avec un QI d'huître, je ne veux pas savoir. Le mystère c'est 70% de l'excitation.

E. : " Imagine il est belge, roux, borgne et obèse... "
Moi : " Oui bon me casse pas mon trip, je ne veux pas savoir j'ai dit ! "
E. : " Bon alors tu le connais pas, mais comment ça se passe ? Vous discutez de vos fantasmes ? Vous faites comment pour savoir qui fait quoi ?  Qui veut quoi ? "

Au départ, c'est vrai que c'est un peu compliqué. Le premier plan cul virtuel que j'ai rencontré était dans un trip maso. Déjà que dans la vraie vie je me trouve ridicule à hurler des ordres mais devant un écran ce n’était même pas envisageable. Donc n'écoutant que mon courage, j'ai mis fin à la conversation en fermant la fenêtre et j'ai bloqué le monsieur. Hé c'est aussi pour ça que c'est cool internet !

Le deuxième c'était plus sympa. On avait discuté un peu avant, de conneries diverses, comme quand on passe par l'étape du verre obligatoire dans la vie réelle avant de se retrouver à faire des galipettes, histoire de dire qu'on est quand même civilisés.

Puis la conversation avait dévié, on s'est raconté nos fantasmes, le but étant d'exciter l'autre au maximum. On peut parfois se lâcher plus qu'avec un inconnu en chair et en os. Il y a moins de barrières, il n'y a pas celle du corps déjà, de savoir ce qui est faisable ou non sans avoir fait 15 ans de gym avant. On se permet plus de trucs dans les termes aussi. Au début, on est un peu timides, forcément, et puis après les mots plus crus viennent tout seul.

E. : " Genre quoi ? "
Moi : " J'ai remarqué qu'au départ tu emploies souvent le mot générique " sexe ". Ça passe pour un mec ou une fille et ce n’est pas aussi niais que " foufoune " ou aussi formel que " vagin " par exemple. Et puis après, " bite", "chatte ", " gland ", ce genre de trucs.
E. : " Ouais je vois. Et en quoi c'est mieux niveau plaisir que la masturbation de base ? Parce que dans l'acte en lui même ça ne change rien. "

Ce n'est pas forcément mieux, c'est différent. Ça reste du plaisir solitaire, il n'y a pas d'autre corps, pas de peau, pas d'odeur, pas de voix. Mais malgré tout l'échange existe puisque l'idée est de partager son intimité, ses fantasmes plus ou moins avouables avec un total inconnu, de jouer sur l'imagination de l'un et de l'autre, de découvrir ce qu'on est capable non pas de faire mais de dire, enfin d'écrire et de jouer là-dessus. 

E. : " Et qu'est ce qui te bloque totalement dans ce genre de situation ? "
Moi : " L'orthographe."
E. : " L'orthographe ?!!! "
Moi : " Bah ouais, c'est la base, le premier truc que tu calcules. Tu t'imagines raconter que t'as envie d'être prise sauvagement sur le bureau et lire : " Oué t tro bonne j'vai te bésé ms d'abor tu me susse" c'est complètement rédhibitoire, genre chute du désir en dessous de zéro, blocage instantané. "

Oui bon alors ok ça contredit ma théorie sur le QI un peu ce truc. Non que l'intelligence soit obligatoirement liée à la manière d'écrire, mais celui ou celle qui a toujours eu en dessous de 15 en dictée au collège a peu de chance de me retrouver en train de me tripoter derrière un écran.


* Ma copine E. sera d'une grande utilité puisque, vivant encore à l'ère du fax et du minitel, je dois assez souvent lui expliquer la vie en 2.0 et lui traduire des trucs qui me semblent évidents.

Hello world

Nous avons connu le pain et les jeux pour attirer les foules. Nous avons aujourd'hui le net et le cul. Et le cul sur le net pour un gain de temps non négligeable. Ou parce qu'on se fait chier tout seul. Rien de nouveau sous le soleil.

Si, nous, les filles. Enfin les filles c'est relatif au vu de la règle 37 mais on va dire que si quand même. Filles numériques, sexuées, virtuelles, geek, branchées.

D'où Bitchipst.