ORAGE SUR OCÉAN
Céder à la passion des mots, prendre la parole et laisser vivre les émotions d'un esprit en ébullition constante.Parler de tout. M'enthousiasmer, m'indigner et prendre le temps de le dire.
vendredi 21 mars 2025
lundi 3 février 2025
Mon fils, tu as 42 ans et tu m’émerveilles encore
Inévitablement, chaque 3 février je revis ce jour de ta naissance. Tu te demandes peut-être « que puis-je ajouter à tout ce que j’ai dit et écrit sur cet anniversaire ». Et pourtant, comment un torrent, les mots affluent pour dire, au-delà de l’amour que je te porte, la force des sentiments que tu inspires.
Du petit garçon soucieux de protéger sa mère, au jeune homme amoureux qui semble n’avoir jamais douté que mon cœur s’ouvrirait à ta femme choisie, du papa de 4 enfants dont je ne me doutait pas vraiment que cela était la meilleure part de toi qui faisait grandir une grand-mère comblée par leur affection, leur gentillesse, leur beauté, leur talent et leur différence, je me souhaite que cela se continue encore très longtemps.
Et toi, mon fils, qui m ‘enchante depuis si longtemps, tu réussis encore à me conforter dans ma fierté d’être ta mère. Cette générosité qui me ravissait quant tu était enfant, cherchant le moyen d’agrandir la maison pour y recueillir tes amis souffrants, tu l’as toujours aussi vive. Ton empathie envers ces personnes dont ton travail te mène à connaître leurs émois, leurs difficultés, démontre ton humanité.
Lors de nos conversations autour de la table, aux repas du dimanche, j’apprends de toi d’être toujours attentive à ce que chaque personne veut être. Tu n’imposes pas tes idées, mais les exprimant sans jugement, tu me confrontes à ouvrir les yeux sur ce que chacun aspire.
Année après année j’ai l’impression de grandir auprès de toi, par toi. Je me souhaite d’être digne de toi.
Merci Ariel. Je t'aime tant.
Ta maman
dimanche 22 septembre 2024
Jérémie Giles : mon ami et mentor décédé le 10 septembre 2024.
Jérémie Giles a franchi l’ultime marche de sa vie. En ce moment, sa famille, ses enfants, petits-enfants, amis, admirateurs sont réunis à Jonquière pour lui dire au-revoir. Je reste solitaire dans un vent d’automne qui dépouille les arbres de ses feuilles comme la violence de cette fin de vie me dépouille des souvenirs d’une longue amitié.
Ma terre se dépeuple. Les années me laisse dans le deuil des gens que j’aime depuis longtemps. Je tente de ne pas me retourner sur le vide que les départs creusent. Profonde est la fosse où chacun y ensevelit tant de souvenirs.
Jerry-mien est de ceux-là. Un être fascinant qui a troublé mes 18 ans, lui, de 21 ans mon aîné. La rencontre a eu lieu en 1966, lors d’une exposition des œuvres de mon père Jean Laforge au Centre d’art Manicouagan.
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Le Centre d'Art Manicouagan |
Je fus séduite par l’ambiance de ce lieu vibrant. J’y entendais l’écho des voix de Gilles Vigneault, inaugurant la première boîte à chansons de Manicouagan, à la pointe Lebel de Hauterive. Celle de Claude Léveillée et de nombreux autres paroliers et poètes.
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Gilles Vigneault et Jérémie |
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Claude Léveillée |
Des murs réfléchissant les multiples couleurs de peintres renommés, dont René Gagnon depuis son ouverture en 1958. J’ai succombé à la magie de ce lieu, porte ouverte sur un avenir qu’il savait, avant moi, que je serais à jamais dédiée à faire connaître nos artistes, à les réunir, à provoquer des rencontres, tout comme lui.
Il aura été mon mentor, plus encore un ami.
Dans le regret de n’avoir pu de donner le baiser d’un aurevoir à jamais, je crois l’entendre me dire ce qu’il me disait dans les moments difficiles de deuils multiples : « Monte dans la montgolfière, vois les choses de haut et laisse-toi emporter loin de ta peine. Sache précieuse amie, que les années, les mois, les semaines, les jours, les heures et les secondes n’affectent en rien la séquence de mes battements de cœur pour cette amitié indéfectible qui nous unis. »
Perdre un ami, c’est comme perdre un frère. Mais au lieu d’être une part du sang, c’est un morceau du cœur qui s’en va. Le deuil n’en est que plus difficile parce que ce n’est pas l’ami que l’on prend dans ses bras, donnant priorité à la famille aux proches présents. Nos bras restent vides de celui qui importe.
Pour compléter et découvrir cet homme, cet artiste.
https://ordredubleuet.com/site/voirelement/actualites/151 (Rappel du 3 juin 2024, où un hommage a été rendu à Jérémie Giles, lors du Gala de l’Ordre du Bleuet)
https://ordredubleuet.com/site/voirelement/actualitesmembres/144 (Reçu membre de l’Ordre du Bleuet en 2013).
https://www.legrandrappel.org/jeremie-giles.html (Le Grand rappel recense les évènements et personnes qui ont contribué à la vie culturelle de Manicouagan)
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Homme aux multiples talents,Jérémie composait paroles et musique qu'il interprétait d'une seule main au piano |
dimanche 28 avril 2024
Jean-Pierre Ferland, l'immortel nous laissant tant de souvenirs majeurs.
Mort ce 27 avril 2024, Jean-Pierre Ferland emporte avec lui un morceau de nos cœurs. Mais ils nous laissent un pan de notre histoire... de nos histoires... en 450 chansons dont nombreuses sont inoubliables.
Parmi mes souvenirs demeure le spectacle qu'il a donné au Palais municipal de La baie, le samedi 2 octobre 2004, accompagné de 204 choristes devant un public de plus de 2000 personnes.
Voici le texte publié dans l'édition du Progrès-Dimanche du 3 octobre :
samedi 3 février 2024
Joyeux anniversaire Ariel Laforge, mon fils bien aimé
Ariel, chaque année, ton anniversaire me fait revivre le parcours de ta vie. Tu es l’enfant tant désiré de ma jeunesse. Je t’imaginais heureux de vivre. J’aspirais à mériter ta confiance. Par toi, j’allais apprendre à être mère.
J’ai souris à tes sourires, j’ai craint tes peurs et tes larmes ont été aussi mes larmes. J’ai accompagné tes pas autant que tu as accompagné les miens. Notre vie était comme un vaisseau sur un océan dont la beauté, dans le calme comme dans les tempêtes, nous a mené vers nos terres. La traversée fut souvent houleuse. J’ai tremblé pour toi et j’ai souffert de te faire trembler aussi, moi, qui souhaitais te protéger contre les vents dévastateurs.
Mais n’est-ce pas cela la vie? Jours de bonheur, jours d’épreuve et n’avoir jamais été seule pour y faire face parce que ta force est devenue la mienne.
L’enfant rêvé est devenu un homme, un amoureux, un père de quatre enfants. Tu as multiplié les amours de ma vie.
Je suis fière d’avoir porté en moi cet être magnifique, si merveilleusement attentif aux autres. Le petit garçon qui voulait que j’agrandisse la maison pour y accueillir les enfants délaissés n’a rien perdu de sa générosité.
Je suis très fière de toi, de ce que tu as choisi d’être. Pour cela et plus encore, en ce jour de ton anniversaire, je veux te dire merci.
Ta maman
dimanche 17 septembre 2023
Lison Hovington partie trop vite, trop loin
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Lison et sa sœur Claire-Hélène qui a pris soin d'elle jusqu’au bout. |
Chère Lison,
Je ne peux pas croire mes mots surgissant du clavier pour dire tout mon chagrin, confrontée que je suis à la mort d’une amie si précieuse.
Lison, tu étais comme un soleil qui enveloppait sans brûler. Un soleil doux permettant une floraison colorée dans les jardins les plus secrets de nos cœurs.
Nous étions toutes deux dans la jeune vingtaine quand, par nos métiers, nous nous sommes rencontrées. Par quelle magie, toi plus jeune que moi de 5 ans, tu es devenue la grande sœur que je n’ai pas eue. Tu as été le témoin de mes élans comme de mes peines, tempérant ma nature fougueuse lorsque tu devinais les dangers que je refusais de voir. Protectrice, là était ta magie. Et nous fûmes plusieurs à bénéficier de ce don généreux.
Les rencontres professionnelles se sont multipliées. Nous nous sommes reconnues dans l’amour de la vie, le plaisir du rire, la quête de vibrer au talent et à la beauté des autres. Nous étions un terreau fertile où s’est épanoui une amitié qui aura duré un demi-siècle.
Il paraît qu’avant de mourir on revoit notre vie. Il y a donc une mort en moi, car défilent dans ma tête tous nos souvenirs. J’ai été témoin de tous tes combats, ceux du cœur, de la maladie. Tu étais arrivée à l’aube d’un nouveau bonheur, celui de vivre auprès d’une tendre présence fraternelle dans un lieu paradisiaque, délivrée des soucis financiers, te préparant à vivre de beaux voyages sur les traces de Paul Gauguin.
Tu n'as pas eu le temps d’imaginer que rodait en toi un ennemi redoutable menaçant ta vie. Tu as subi le choc d’un verdict qui criait à l’urgence d’entreprendre des soins. Une biopsie ratée, suivie d’un mois interminable d’une attente pour le diagnostic fatal. Tu t’es sentie abandonnée par un système déshumanisé.
Le temps est devenu ton objectif majeur. Gagner du temps pour retarder le plus possible ce départ non voulu. Tu as traversé quatre séances de chimiothérapie avec courage, subissant les contre-coups dans l’espoir de conquérir du temps pour vivre. Tu as retrouvé les plaisirs gourmands, franchissant chaque jour comme tu as franchi les marches de cet escalier construit pour toi afin de t’installer dans la cache à l’affût du gibier. Tu as retrouvé ton rire, reconstruit tes rêves de voyages lorsque tu as su que la tumeur était réduite de 40%.
Et voilà que, quelques jours plus tard, la grande faucheuse t’as surprise en prenant un autre chemin pour t’atteindre. Une embolie pulmonaire. Tu as sombré dans l’inconscience, malgré les soins des ambulanciers. Tu t’es envolée en quelques heures vers ton dernier et mystérieux voyage.
Tu t’es envolée comme un oiseaux s’élance hors du nid et c’est nous qui regardons l’immensité de cet espace vide de toi, les ailes brisées.
Tu te plaignais de manquer de livres, avides de tomes de milles pages. Je les regarde ces livres préparés pour ce qui devait être notre prochaine rencontre, muets comme je peux l’être de tant de mots en deuil de toi.
Cette douleur que je ressens dans cet ailleurs où tu es, je la perçois avec l’intensité d’une amitié si forte qui semble t’entendre me dire « vis Christiane, vibre de ce qui nous faisait vibrer, évoque nos souvenirs pour que je survive à travers toi comme à travers mes amours ».
Je le ferai Lison, comme le ferons toutes ces personnes que tu as aimées et qui t’aiment parce que, même dans cette mort qui tue un peu de nous, tu continues à nous faire grandir.
Ton amie
Christiane
Un très beau témoignage de Daniel Giguère à TVA sur la carrière d'animatrice de Lison.
https://www.facebook.com/843930103/posts/10167755206205104/?mibextid=9R9pXO
vendredi 3 février 2023
Joyeux anniversaire Ariel
3 février 2023,
Un dictionnaire ne suffira pas pour trouver tous les mots qui te diront pourquoi mon amour pour toi grandit avec les années. Une encyclopédie peut-être ?
Avant ta naissance, je croyais connaître le sens du mot « aimer ». Oui j’avais et je vivais les différentes nuances de l’amour. Mais ce que j’ai ressenti pour toi n’avait rien d’égal à cela. Cet amour-là m’envahissait comme un torrent dont la force m’emportait dans un univers inconnu, comme un feu me dévorant, comme un bonheur comblant toutes ce à quoi je pouvais aspirer, comme une douleur anticipée de ce que je pourrais souffrir de te perdre, pleurer de tes chagrins. M’abreuver de tes joies, de tes rires, de tes gestes de tendresse et me déchirer à tes peines, à tes larmes, à tes propres blessures.
Voilà 40 ans que je vis cet amour. 40 ans que tu m’enchantes par ce que tu es, pour l’homme que tu es devenu , comme fils, comme amoureux, comme père qui s’est multiplié à la naissance de tes enfants qui sont, pour moi, le prolongement de toi - Un peu de moi - dont je suis aussi très fière.
Tu as donné de l’intensité à ma vie. Par toi, mes yeux ont vu plus grand. Mon cœur s’est encore plus ouvert à une humanité que tu as le don de regarder avec un véritable souci de comprendre. Ta générosité a amplifié la mienne. Je t’ai mis au monde par amour de la vie, mais toi tu as mis au monde une maman qui n’a pour regret que de voir que la vie passe trop vite.
En ce jour de ton anniversaire, je veux te dire MERCI Ariel, merci mon fils.
Que ce jour soit joyeux et le premier jour d’un avenir encore plus heureux
Ta maman
Quelques souvenirs
jeudi 22 juillet 2021
Les Revenants d'Yvon Paré, une œuvre magistrale!
Lorsqu’un auteur met plusieurs décennies à écrire un livre, le lecteur peut bien lui consacrer quelques semaines à le lire. Il m’en a fallu six, alors que je dévore souvent plusieurs centaines de pages en un seul jour. Les Revenants, roman d’Yvon Paré, est sans conteste le roman d’une vie. Un roman qu’il faut absorber lentement pour en savourer toute sa richesse poétique, sa sensualité et cette introspection de l’être.
Faut-il égarer ses souvenirs pour vivre aussi pleinement le présent, pourrait-on se demander ? Richard-Yvon Blanc s’éveille dans une grande maison vide de La Doré, ne sachant plus qui il est. Son esprit est une page blanche où s’écrira chaque instant comme s’il était le premier. Un chat, Monsieur Melville partage son espace qu’emplissent les mots du Jack Kérouac dans le prisme de Victor-Lévis Beaulieu. Conscient de son amnésie, l’homme sans nom choisit de se nommer Presquil, disant de lui : « Je suis un rescapé, un survivant des trous noirs de ma mémoire. »
Sa solitude sera bien vite troublée par l’arrivée de personnages hétéroclites, venus dans l’intention avouée d’aider Richard-Yvon Blanc à retrouver la mémoire, tous l’ayant connu, tous témoins de sa vie antérieure. Le couple Bach et Nokomis installé dans la maison voisine, la sculpteure Flavie et son autobus cracheur d’huile, Félix sauveteur de maison ancestrale, vont patiemment tisser la toile du souvenir, ravivant sciemment la fêlure originelle, 1980 , le référendum sur l’indépendance du Québec alors que sombrait dans le NON le rêve d’un pays. Des mots qui l’agrippaient, brûlant d’un échec insupportable. « Les phrases, une fois libérées, personne n’arrive à leur mettre la main au cou. »
Page après page, Presquil, aborde le rivage de son passé. Les mots dont on l’abreuve reconstruisent les pans du souvenir, déconstruisant le mur de l’oubli qu’il a dressé contre Richard-Yvon.
Une méditation, une introspection, une contemplation, ainsi va ce roman particulier empreint d’une vaste culture littéraire et d’un douleur réelle des humiliations subies, des échecs répétés dans la quête d’un pays avorté. Par la voix de ses personnages, Yvon Paré évoque les années intenses aux musiques de Manège, Harmonium, Beau Dommage, Octobre. Ainsi qu’au martellement des bottes lors des mesures de guerre, en 1970 : « Le Québec frémissait sous les pas des militaires. Nous n’étions que des lâches et des misérables. Ça me tuait d’y penser. Pas même capable de déclencher une grève générale! Nous avions laissé nos poètes croupir en prison. »(P. 162)
Tandis que Presquil s’emplit le regard de la couleurs des fleurs sauvages et du vol des oiseaux : « Les oiseaux volaient si près d’eux parfois qu’ils étaient secoués par le tourbillon de leurs ailes »(P. 45), il respire les odeurs de la faune et de la flore, goûte aux plaisirs des fruits tendres et de la chair.
Se reconstruit un passé morcelé : « Ma tête est pleine de courants d’air et entre ma vie d’avant et celle de maintenant, se faufile cette frontière, un fil, une autoroute, je ne sais pas. […] Je suis un spasme dans un nœud du temps, une déflagration qui me pousse à la frontière de l’imaginaire. […] Ma vie est une énigme. Je suis et ne suis pas. » (p. 204)
Tout simplement magistral!
Christiane Laforge
22 juillet 2021
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Autres analyses sur ce livre :
https://passionchronique.blogspot.com/2021/05/yvon-pare-les-revenants-montreal-pleine.html?
https://www.journaldemontreal.com/2021/06/26/revivre-1980-de-lechec-a-la-poesie?fbclid
https://dominiqueblondeaumapagelitteraire.blogspot.com/2021/05/le-temps-des-hommes-et-des-betes.html?
lundi 1 février 2021
L’Autre, un bel opus signé Arsenault-Langevin
Roger Langevin, parolier et Serge Arsenault, compositeur et interprète ont dépassé le climat pandémique maussade pour nous livrer un album tout en tendresse. Dix chansons qui sont comme une caresse à l’âme. Certains textes de Roger Langevin nous griffent le cœur par le chagrin exprimé. Mais cela est dit avec tant d’amour et d’intensité qu’il donne de la beauté à ce qui pourrait être triste.
La musique de Serge Arsenault danse les mots à différents rythmes, légers parfois, intimistes souvent, avec sobriété, permettant aux mots de s’y épanouir. Les arrangements de Raphaël D’Amours, multi-instrumentiste multiplie les genres avec doigté, comme un marin sachant d’où vient le vent. D’autres collaborateurs, choristes, graphiste et autres ont contribué à la réalisation d’un album de classe, qui nous offre 10 chansons dont aucune ne permet l’indifférence..
Ma tourtelle
Chanson amoureuse
Les notes sont comme des gouttes d’eau perlant sur le visage de l’aimée.
Un rythme folk joyeux comme un sourire malgré la tristesse du souvenir.
Souviens-toi
Chanson d’amour
Comment exprimer la douleur de voir l’être aimé disparaître dans les brumes de l’absence de ses souvenirs ? Roger Langevin évoque, par anticipation, cette rencontre impossible entre l’amour de sa vie désormais perdue dans un univers parallèle où elle attend son amant de toujours pourtant chaque jour à ses côtés. Rien de mélodramatique dans ce beau texte habillé d’une musique sobre et chantée avec émotion par Serge Arsenault, dont les accents fragiles de sa voix donnent l’impression qu’il parle de sa propre histoire, s’appropriant les mots d’un autre comme si ils étaient siens. C’est troublant, émouvant et ne pourra que toucher toute personne confrontée à cette cruelle maladie que l’Alzheimer.
Les clics
Un rythme vif
Comme un coup de vent rafraichissant, après l’intensité des deux premières chansons, survient «Les clics » évoquant cette nouvelle manie que notre société a développée envers l’Internet où plutôt que de consulter nos livres, nous confions nos questions aux moteurs de recherche,. « Tout savoir si tu veux/ est à portée du doigt/ En tous lieux sur la terre/ Peu importe où tu sois ». L’humour au service de faits avérés.
L’autre
Belle intro au piano.
Passe le temps trop vite et il y urgence de vivre. Il faut avoir vécu pour saisir toute la vérité de ce texte. Il y a tellement mieux à vivre que les conflits. « Pourquoi ne pas alors/ Avant l’inévitable/ Se tenir la main/ S’asseoir à la même table?» pour terminer dans cet appel : «Le temps passe/ Il y a la vie qui nous unit/ Le temps passe, le temps presse/ Je ne serai pas l’autre/ Mais ton ami. »
La banquise
Des notes sur lesquels on glisse agréablement
À l’écoute de cette chanson, portée par une musique enlevante, on a l’impression de s’immiscer dans un court métrage. C’est très visuel et poétique.
Le chant d’honneur
Rythme martial
Je n’ai pu m’empêcher de penser à Claude Léveillée, terrassé en plein spectacle par une hémorragie cérébrale en 2004. Mais en Cliquant sur Google (Eh! Oui) plusieurs ténors et comédiens, au Québec et ailleurs, ont succombé à une crise cardiaque devant public. Cette chanson, porte bien son nom « Chant d’honneur ». Y aurait-il des morts plus belles que d’autres, « Mourir d’une crise de cœur/ Sur scène devant public […) une occasion unique», ce chanteur qui survit « Car on entend encore/ Sa voix sur un CD ».
Adieu Mado
Chanson nostalgique
Une musique dépouillée, intime, qui raconte une amitié, évoquant les souvenirs partagés qui survivront à la mort. Reste le visage à jamais figé dans sa jeunesse.
Le mur
Un texte qui va plus loin que ce qu’il dit
Un mur qui nous incite à penser à tous les murs qui séparent les uns des autres. Un chant universel.
« Hier l’indifférence/ Et le chacun pour soi/ Nous isolait l’un l’autre/ Sur la terre où qu’on soit./ C’était un mur de peur/ De haie de mépris/ L’ennemi c’était lui/ On le sait aujourd’hui.
Un chant d’espoir et de foi en l’amour, superbement mis en musique. Un beau chœur composé de Serge Arsenault, Marie-Anne Arsenault et Raphaël d’Amours. Ce dernier a aussi fait les arrangements, la réalisation de cet album.
Définitivement
Une continuité à Souviens-toi
On hésite entre les larmes et la séduction. Ce texte est de toute beauté et trouvera écho auprès de nombreuses personnes devant traverser «Définitivement » ce deuil d’une personne aimée encore vivante. Interprétée avec justesse par Serge Arsenault, c’est une chanson coup de cœur, sobre et si riche à la fois. Cette démence survenue sournoise et, comme le dis le poète
« Tu es là, je te vois/ Pourtant tu es une autre/ Un instant je revois/ L’amour qui fut le nôtre./
Poursuivant «À l’éclair d’un coup d’œil/ À ce rire tout à l’heure/ Venu teinter mon deuil/ D’un éclat de couleurs/. »
La mer si bleue
La mer dévorante
Ne pas se surprendre à ce que la dernière chanson évoque la tempête. La vie est un navire voguant sur l’océan dont les marins épris sont souvent la proie dont elle s’empare. L’amour, la vie, la mort, un même cercle infernal qui unit et sépare les amants.
Surtout ne pas croire que cet album est tissé de tristesse. Il est émouvant, troublant par les émotions qu’il avive, mais dans le ton musical, dans l’interprétation, avec des arrangements musicaux en harmonie avec les mots, le tout accompagné de chœurs subtilement intégrés. On l’écoute séduit, ému et, curieusement, apaisé de nos propres deuils présents et à venir.
Christiane Laforge
1er février 2021
Pour en savoir davantage, voir le lancement virtuel de L’Autre qui a eu lieu de vendredi 15 janvier.
https://www.facebook.com/arsenaultlangevin/videos/1878018312350585
Voir aussi la page Facebook arsenaultlangevin :
https://www.facebook.com/arsenaultlangevin
Roger Langevin sera reçu Membre de l’Ordre du Bleuet, lors du prochain gala honorifique qui devrait avoir lieu à Alma le 5 juin 2021.
samedi 25 avril 2020
Lettre à mon petit-fils Victor Laforge pour son 11e anniversaire
Cher Victor
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Victor Laforge et sa Mamieke |
mercredi 26 février 2020
LE GRAND DÉPART DU CINÉASTE JEAN-LOUIS FRUND
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Roger Langevin |
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Claude Villeneuve |