J’aurais tendance à dire (à chacun sa part de taquinerie) que la droite française dans son état actuel (orléano-bonapartiste) est certes forcément répressive - voire même avec une petite pointe de xénophobie que le sieur Hortefeux met fort bien en musique - mais qu’à gauche il existe des gens très informés des besoins de la population en matière de sécurité… même s’ils sont encore (et malheureusement) tétanisés par ces questions au point d’avoir des complexes à les évoquer. En tout cas, les maires de banlieue “socialo-communistes” (pour reprendre cette expression d’un délicieux modernisme) ont une pratique bien plus réaliste que les “gôch’caviar” incapables de se faire élire et que la droite adore au point de la débaucher.
Cela pose d’ailleurs aussi le problème du STIC qui constitue une HONTE dans une démocratie, de la manière dont il est constitué, abondé et consulté. C’est quoi le STIC? C’est le relevé de toutes les personnes qui ont été soumises à une procédure policière, que ce soit comme délinquant, témoin ou victime.
Ce fichier compte jusqu’à 30% d’erreurs (des victimes classées délinquantes dans le cas extrême, puisque les agents qui le renseignent sont fort mal formés à cet outil). Normalement il n’est consultable que par des magistrats et des OPJ, mais dans la pratique chaque flic de base peut fouiner dedans et vendre les renseignements qu’il y trouve… ce qui interdit à certains de trouver un emploi dans la sécurité, souvent pour une erreur de saisie (exemple: le badge qui permet de bosser à Roissy comme bagagiste) A noter que le citoyen n’a pas accès à sa fiche “STIC” et ne peut donc pas la faire corriger… quand il a évidemment accès à son casier judiciaire.
Pour citer a contrario l’exemple d’un pays qui ne brille pourtant guère par l’exemplarité de la justice et de ses polices (l’état brésilien est fédéral), l’équivalent du STIC ne contient que des condamnés ou des mis en cause, lesquels sont effacés dès lors qu’ils sont innocentés. Sa consultation ne se fait que par une voie sécurisée, et un policier (forcément de rang supérieur) qui entrerait dans les données sans motif valable se voit révoqué sans recours (il doit entrer “sa clé” pour consulter et justifier de celle ci)
Dans un autre débat, on m’a cité l’exemple bateau (c’est très à la mode) du STIC qui “interdirait à un pédophile de travailler dans une colonie de vacances” (mais pas de garder ses petits voisins pendant que leurs parents travaillent…) comme s’il n’était pas possible de créer un fichier “jeunesse & sport” alimenté par les casiers judiciaires et par l’énumération des gens MIS EN CAUSE - ces derniers étant évidemment rayés si leur innocence est établie!
Avec le STIC… vous risquez de vous voir interdire un emploi au contact des enfants… sans savoir précisément pourquoi et alors que vous avez DÉNONCÉ un cas de pédo-criminalité, que vous y êtes fichés pour cela!
Ou pour avoir volé des bonbecs à la boulangerie du coin à 10 ans, vous risquez de vous voir interdire un poste dans la police, la gendarmerie ou la justice quinze ans après même si sur le moment vous avez reçu une rouste monumentale pour vous faire passer l’envie de recommencer (ce qui m’est arrivé, pour avoir piqué à cet âge des sardines fumées à la devanture d’une poissonnerie: j’aime pas le sucré…)
Alors pour simplifier: arrêtons de nous casser les roustons avec les fichages à tout va: toute société quelle qu’elle soit a besoin de sa part de “respiration” voire de désordre, sans quoi la vie est impossible.
Une caméra dans une rue, dans la mesure où elle est préventive et dissuasive (ne conservant pas les données au delà du temps nécessaire pour une résolution), qu’elle ne mate pas chez les gens, n’attente nullement aux libertés; un fichage de tous et de toutes, surtout à partir de ce qu’on “est biologiquement”, du plus profond de soi même, c’est à dire de son ADN, c’est proprement insupportable quand bien entendu c’est parfaitement légitime dès lors que l’on parle de criminalité (parce que ne me parlez pas de résolution de délits: une analyse ADN, c’est des centaines d’euros de dépense; alors pour trouver le voleur du scooter des fils Sarkozy ou Royal, on engage les frais; mais pour Dupont ou Duchmolle, même si c’est de leur voiture dont il s’agit, on ne l’envisage même pas et tant pis si la perte de leur caisse les prive de vacances, voire d’emploi)
Et persiste et signe, ça mobilise tant de moyens humains et financiers qu’il n’est pas certain que globalement cela fasse gagner du temps et de l’efficacité.
C’est Poniatovski, je crois, qui a fait supprimer les “fiches d’hôtel et de garnis” et à l’époque, les flics ont hurlé que sans cela “ils ne pourraient plus travailler”: au final, les milliers de flics qu’il a libérés de ce boulot de grouillot gratte papier ont été bien plus efficaces ailleurs
Savez-vous (je parle là aux résidents de la région parisienne) que la finalité du passe navigo qui remplace la carte orange, c’est de permettre de retracer vos déplacements en RER, train, métro, bus dans les moindres détails? On va s’arrêter où, là? Pourquoi pas un bracelet électronique pour tous les citoyens tant qu’on y est?
Pour ceux qui me prendront pour un dangereux laxiste, allez voir “chez moi” dans quelques temps: vous risquez d’être surpris…
Benjamin , il commentait la note “Dangers des fichiers ”