L’envol des Wings : Analyse du démantèlement du groupe légendaire de Paul McCartney

Explorez l’épopée des Wings, groupe emblématique du rock des années 70 mené par Paul McCartney. De leurs succès à leur chute, l’article détaille les raisons qui ont mené à leur séparation, notamment les problèmes juridiques, les conflits internes et l’évolution artistique de McCartney.

Malgré ce que peuvent dire leurs détracteurs, Paul McCartney et Wings étaient un groupe brillant. Au cours de leurs dix années d’existence, entre 1971 et 1981, les Wings ont sorti sept albums et ont produit de nombreux moments classiques, de la chanson thème du film Live and Let Die de James Bond à l’épique “Band of the Run”. Cependant, comme de nombreux groupes de premier plan, Wings avait une date de péremption et, après dix ans, c’en était fini d’eux. Sans surprise, de nombreux facteurs familiers sont à l’origine de cette fin, mais l’histoire n’en reste pas moins fascinante.

Le début du dernier chapitre de Wings survient lorsque la famille McCartney arrive au Japon le 16 janvier 1980, pour une tournée prévue de 11 dates dans le pays. Mais les choses ne se passent pas comme prévu pour tous les participants. L’ancien Beatles est arrêté dès son arrivée à l’aéroport de New Tokyo pour avoir dissimulé 219 grammes (7,7 onces) de marijuana dans ses bagages.

Comme on pouvait s’y attendre, ce grave problème juridique a mis la tournée en suspens. Les Wings ont également souffert commercialement au Japon, leur musique étant interdite à la radio et à la télévision dans le pays. Cette situation a également eu de terribles répercussions sur les promoteurs, qui auraient déclaré avoir vendu près de 100 000 billets pour une tournée relativement courte. Cela signifie qu’ils ont enregistré une perte de 100 millions de yens – environ 548 000 livres sterling aujourd’hui – car ils n’ont eu d’autre choix que d’annuler toute la tournée après l’arrestation de McCartney.

À la suite de l’arrestation, Denny Laine, Laurence Juber et Steve Holley, membres du groupe Wings, quittent le pays et retournent en Angleterre le 21 janvier. Seule Linda, l’épouse de McCartney, est restée au Japon. L’ancien Beatle passe dix jours en prison avant d’être libéré sans inculpation le 25 janvier et d’être expulsé.

De retour en Angleterre, McCartney sort son deuxième album solo, McCartney II, un album expérimental qui deviendra un véritable culte. Cette décision est un signe des choses à venir pour McCartney, qui commence à se lasser de Wings. Le Liverpudlien n’est pas le seul à travailler au noir. Denny Laine sort l’album Japanese Tears en décembre 1980 et forme le Denny Laine Band, un groupe éphémère avec Steve Holley.

Au début de l’année 1980, McCartney se lasse de Wings et sa vie personnelle commence à prendre une autre tournure. Les trois enfants de Linda et lui sont désormais en âge d’aller à l’école et ils ont quitté Londres pour s’installer dans la campagne de l’East Sussex afin de donner à Mary, Stella et James une vie aussi normale que possible. Alors que sa famille commence à prendre le dessus, McCartney est de plus en plus mécontent des prestations du groupe lors de la tournée britannique de 1979. De plus, il pense que ses dernières chansons ne conviennent pas au groupe.

Lire  Paul McCartney met le feu à Tel Aviv

Ces nouvelles chansons deviendront finalement le troisième album solo de McCartney, Tug of War (1982), qui a été enregistré entre décembre 1980 et l’année suivante. Comme McCartney doutait de la compatibilité des Wings avec les morceaux, lui et le producteur de l’album, George Martin, ont décidé de ne pas faire appel au groupe pour l’enregistrement. Au lieu de cela, ils ont engagé d’éminents musiciens de studio et d’autres invités célèbres.

En novembre 1980, Laurence Juber et Steve Holley ont été informés qu’ils n’étaient pas nécessaires pour le nouvel album, et à part les sessions de janvier 1981 pour l’album inédit Cold Cuts, aucune activité future des Wings n’était prévue. S’adressant à Day Trippin’ en 2010, Juber a déclaré qu’à ce moment-là, il pouvait voir “l’écriture sur le mur” pour les Wings. Il a donc déménagé à New York et s’est mis à la recherche de nouvelles opportunités de carrière.

Quant à Denny Laine, l’ancien guitariste des Moody Blues et membre fondateur de Wings, il est resté pour les sessions de Tug of War en février 1981. Cependant, la relation entre lui et McCartney est depuis longtemps sur la corde raide. Les affaires et les questions personnelles provoquent des tensions, Laine estimant qu’il n’est pas suffisamment rémunéré pour le rôle qu’il a joué dans le succès de Wings. Il est particulièrement mécontent d’avoir été engagé comme auteur contractuel pour le tube de 1977 “Mull of Kintyre”, qu’il a coécrit avec Paul McCartney et qui a été le plus grand succès commercial du groupe. Il n’a reçu qu’une rémunération forfaitaire pour son travail, si bien que lorsque la chanson est devenue un triomphe, numéro un à Noël 1977 et l’un des singles les plus vendus de tous les temps au Royaume-Uni, il n’a pas reçu sa part des droits d’auteur.

Laine en veut également à McCartney pour l’arrestation au Japon, qui a entraîné une perte de revenus et remis en question les projets de tournées futures, ce qui s’est traduit par des pertes supplémentaires. En outre, le mariage de Laine est perturbé, sa femme et les McCartney ne s’entendant pas, ce qui provoque des conflits supplémentaires au sein de Wings.

En avril 1981, après que le stress soit devenu trop important, Laine décide qu’il en a assez et annonce son départ du groupe. Il invoque l’absence de projets de tournée pour justifier sa décision, mais, comme on peut le constater, plusieurs facteurs l’ont poussé à prendre cette décision. Quoi qu’il en soit, son départ s’est avéré être le clou final pour les Wings, bien qu’un porte-parole de McCartney ait maintenu à l’époque que le groupe était toujours un projet actif. Personne n’est dupe. Après la sortie de Tug of War l’année suivante, McCartney a finalement annoncé que le groupe n’existait plus.