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Nos emprises, de Guillaume Delbos

Publié le 14 mai 2023 par Francisrichard @francisrichard
Nos emprises, de Guillaume Delbos

Je me suis posé beaucoup de questions sans réponses à la suite de cette relation, car ce n'était ni une histoire d'amour avortée, ni de sexe. Plutôt de fascination et de connexion pure.

Sur Instagram, où elle a plusieurs comptes, pendant quelques mois, Victor Delbauché suit Léopoldine, une artiste qui le séduit par ses peintures et ses sculptures.

Elle ne donne pas son nom de famille et ne se montre pas non plus. Elle veut que ses oeuvres soient aimées pour elles-mêmes et non pas pour sa personne.

Après l'avoir suivie, partagé ses travaux, s'être rendu compte qu'ils ont des affinités, notamment musicales, il entre en contact avec elle qui a partagé ses écrits.

Il a dès lors affaire à une femme, lui propose de travailler avec lui et de lui présenter son projet de livre conceptuel. Mais elle n'est pas libre avant six semaines.

Les discussions entre eux se font sur ses différents comptes et deviennent de plus en plus personnelles. Il lui est difficile de ne pas préférer la femme à l'artiste.

Ils veulent en savoir davantage l'un sur l'autre. Leurs échanges se font plus nombreux, truffés de blagues et de confidences, si bien qu'ils ont hâte de se voir IRL1.

Mais le lecteur sait depuis le début que ce souhait ne sera jamais exaucé malgré toute la danse de séduction de ces deux ados de quarante piges qui l'annonçait.

Quoi qu'il en soit, pendant des semaines, dépendants,  ils se livrent à ce jeu, où, lui, laisse libre cours à son carambolage verbal et, elle, à ses approbations ravies.

Ils se livrent à des délires sexuels, mais cette dérive digitale, prend fin, sans crier gare, les cinq cents kilomètres qui les séparent n'étant de loin pas le seul obstacle. 

Le prologue, où Victor lucide précise que leur relation fut une histoire de rires suivis d'incompréhensions, d'incohérences et de mensonges, prend tout son sens:

Je me suis posé des questions. Énormément. Particulièrement sur les connexions que l'on se fait online, celles qui ont pris le pas sur le reste, celles derrière les écrans. Sur les emprises, les obsessions. C'est un peu le récit d'une tristesse trop contemporaine, la nôtre. La vôtre aussi.

Francis Richard

1 - IRL: in real life, dans la vie réelle.

PS

Sur les réseaux sociaux est employé tout un vocabulaire, principalement d'origine anglo-saxonne. Les notes en fin d'ouvrage sont d'une grande utilité pour les béotiens.

Nos emprises, Guillaume Delbos, 264 pages, Les Éditions Romann


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