Innermost (Saison 1, épisodes 1 et 2) : Tel Aviv n'est pas un rêve

J'aime beaucoup les séries israéliennes se contentant de raconter la vie des gens. Innermost ne fait pas défaut à ce que l'on peut voir régulièrement du genre mais apporte une vision différente malgré tout. Notamment car le scénario est assez malin pour mélanger des intrigues et des personnages de façon soignée. La vraie force de Innermost c'est de craquer l'histoire de ces gens et de développer tout un récit sur la violence de la société à Tel Aviv. Yaron Shani (Ajami, Chained) démontre avec perfection ici qu'il maîtrise ses sujets et offre à des acteurs non professionnel l'occasion d'être mis sur le devant de la scène. Je ne m'attendais pas à être autant happé par le récit mais chaque destin et important et surtout apporte une vision différente des choses. La société israélienne est ici mise à mal mais les dialogues sont forts. Certaines discussions sont plus intéressantes que d'autres (notamment la question du policier sur le point de devenir père et qui est témoin d'un crime horrible avec un enfant ou le fils musicien qui refuse de faire son service militaire car il n'y voit aucun intérêt étant donné qu'il ne compte pas aller se battre).

Trois histoires s'entrecroisent. Sur le point de devenir père, un policier dévoué et expérimenté voit sa réputation mise en danger. Une jeune écrivaine prometteuse tente quant à elle de surmonter un choc très récent. Enfin, un musicien en herbe s'oppose à la volonté de ses parents en choisissant de suivre sa passion plutôt que d'accomplir son devoir.

Innermost appelle donc à raconter la vie des israéliens et le danger qui entoure parfois ce que l'on ne voit pas en dehors de leur pays. Disons que Tel Aviv est vendue comme une oasis, un lieu de fête et de tolérance mais la vie est ici dépeinte de façon beaucoup moins joyeuse. Cela donne forcément du corps au récit et aux personnages. Le service militaire est un sujet assez fort qui est très important dans la société israélienne et qui est ici dénoncé. Je comprends tout à fait les différents points de vue des personnages et en les accouplant, Innermost parvient à éviter de créer quelque chose d'idyllique et redondant. Cela me fait penser à certaines fictions israéliennes qui dénoncent parfois la vie à Israel. Je me souviens d'un film qui racontait le combat d'une femme pour divorcer (et le divorce dans ce pays doit être validé, la femme n'ayant pas le droit de le demander elle seule). Innermost est donc une série choc qui frappe par son réalisme et sa proximité avec les personnages. On suit ces destins avec plaisir et en même temps on ne peut que se questionner sur l'état actuel du pays et de ses lois.

Note : 7/10. En bref, ma curiosité me donne déjà envie de voir ce que Innermost peut bien réserver sur l'intégralité de la saison.

Diffusée en avant première lors du Festival Séries Mania 2023