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Si j’avais ton visage, Frances Cha

Par Maliae
Si j’avais ton visage, Frances Cha

Résumé : Kyuri, une femme d’une éblouissante beauté, occupe enfin l’emploi de ses rêves dans un bar à hôtesses de Séoul, un établissement haut de gamme où elle pousse les hommes à consommer de l’alcool. Bien qu’elle se targue d’une approche froide et lucide de l’existence, elle risque son gagne-pain sur un coup de tête.
Miho, sa colocataire, une talentueuse artiste élevée à l’orphelinat, a décroché une bourse pour étudier à New York. Rentrée en Corée, elle est prise dans une relation fragile avec l’héritier de l’une des plus grandes entreprises du pays.
Au même étage de leur immeuble vit Ara, une coiffeuse qui ne pense qu’à deux choses : l’un des membres d’un groupe star de K-Pop auquel elle voue un culte obsessionnel, et sa meilleure amie qui économise pour s’offrir des opérations de chirurgie plastique et ainsi accéder à une vie meilleure.
À l’étage au-dessous, Wonna, une jeune mariée, essaie de concevoir un enfant qu’elle et son mari n’ont pas les moyens d’entretenir tant le climat économique de la Corée est brutal.
Entremêlées, leurs histoires forment un conte à la fois étrange et universel, dans lequel l’amitié offre un dernier refuge.

Avis : Roman chorale, celui-ci va nous plonger dans la vie de différentes femmes qui vivent toutes dans le même immeuble. D’abord on a Ara, qui souffre d’un handicap, en effet elle est muette. Comme elle est plutôt pauvre, elle ne peut pas se faire refaire le visage et le corps grâce à la chirurgie, donc elle est considérée comme plutôt moche selon les standards coréen. Elle travaille comme coiffeuse et est une grand fan d’une star de K-Pop (presque à l’obsession). Ara semble timide, mais en fait c’est une femme au fort caractère qui ne se laisse pas faire et qui a un passé difficile.
Ensuite il y a Kyuri. Kyuri est une femme très belle (toujours selon les standards coréens), refaites de nombreuses fois, grande connaisseuse de la chirurgie plastique. Elle travaille dans un bar à hôtesse et est plutôt désabusée, elle ne se fait plus d’illusion sur la vie. Elle ne fait plus du tout confiance aux hommes cis, et à raison vu tout ce qu’elle voit.
Il y a Miho, qui revient de ses études à New York, grâce à une bourse elle peut faire des études d’arts et sort avec un mec très riche. Elle semble respirer la joie de vivre, ou en tout cas être mieux lotie que les autres femmes. Mais elle a un côté obsessionnel avec son art, elle ne s’intéresse qu’à un seul sujet pendant longtemps qu’elle va utiliser et utiliser encore dans ses œuvres.
Finalement c’est Wonna qui prend la parole. Cette femme qui s’est mariée avec un homme uniquement parce que la mère de celui-ci était décédée et qu’elle ne voulait pas d’une belle-famille envahissante. Elle et son mari sont plutôt pauvres et malgré ça, ils essayent d’avoir un enfant. Elle a un passé difficile elle aussi, avec une grand-mère violente.
Ce sont ces quatre femmes qui vont prendre la parole au cours du récit, mais il y a d’autres femmes importantes dans l’histoire, comme Sujin, qui veut absolument se faire refaire le visage pour devenir hôtesse (malgré le fait que Kyuri essaye de la décourager). Ou Nami, cette très jeune femme qui a commencé comme hôtesse dans un bar à l’âge de treize ou quatorze ans.

Si chacune fait sa vie, leurs mondes s’entrechoquent. J’ai adoré cette histoire, même si ça ne montre pas les plus beaux côtés de la Corée du Sud. Là bas le culte de la beauté est hyper important, au point que même les enseignants de lycée poussent les filles à avoir recours à la chirurgie. Tant pis pour la souffrance, cela peut les aider à trouver un très bon travail. Les hommes cis, surtout les plus riches sont loin de faire rêver comme dans les dramas. Préférant abandonner leurs femmes/petites amies en allant dans des bars à hôtesse ou en se payant des prostituées. Être une femme dans un pays aussi misogyne doit être un combat, surtout si tu es pauvre. Ca traite des difficultés familiales, de l’abandon également, du regard des gens vis à vis du handicap (bien entendu une fille muette est tellement difficile à marier…). Ca dénonce le système des bars à hôtesse, qui font en sorte d’accumuler les dettes pour garder les filles malgré elles. Et ça parle également de l’accès facile à l’alcool (même pour des mineurs).

Il y a beaucoup de passage qui m’ont fait ouvrir la bouche en grand, j’avais parfois une envie furieuse de m’énerver contre les injustices subies. C’était vraiment dur à lire parfois, mais aussi passionnant et le livre était difficile à lâcher, j’avais envie d’en apprendre plus sur ces femmes, leurs vies, leurs souffrances et comment elles allaient faire pour s’en sortir. Ce qui est bien c’est qu’elles restent soudées, quand bien même elles ne sont pas toujours d’accord l’une avec l’autre. J’ai aimé découvrir la Corée sous un autre angle. C’était super intéressant. J’aurais bien voulu une centaine de pages de plus, afin de continuer à suivre ces femmes. Une très bonne lecture.

Phrases post-itées :
« Mais j’ai grandi sans connaître la différence entre une vie supportable et une vie insupportable, et le temps que je découvre que cette différence existait, c’était trop tard. »

« C’est la nature humaine de base, ce besoin de mépriser quelqu’un pour se sentir meilleur. Pas la peine de s’en formaliser. »

Lecture validée pour le challenge jeu des dix familles :

Famille : Dans la tête
Personnage : Ina (Tant qu’il le faudra)
Consigne : Un livre sorti en 2023 (04/01/2023)
Livre : Si j’avais ton visage, Cha Frances

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